DAX (40) – 3 Boulevard Saint-Pierre

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Dax (40)  –  3 Boulevard Saint-Pierre ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Brahim M’Barek, dans le cadre du projet d’aménagement porté par SAS JR Immobilier. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de la période gallo-romaine au Moyen Âge.


Fig. 1 : Vue générale du site en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2024.

Fig. 2 : Localisation du site dans son contexte archéologique. Crédit : Éveha, 2024.

Les vestiges antiques

La  première occupation du site remonte au Haut-Empire romain et pourrait correspondre à des éléments bâtis en lien avec les développements urbains précoces de la cité romaine. Ces éléments se composent d’alignements grossiers de trous de poteau servant de substruction à des élévations non conservées. Ces éléments n’avaient pas été identifiés dans les vestiges de la domus découverte sur la parcelle voisine. Cet édifice est ensuite transformé par l‘élévation d’un ou plusieurs édifices comportant des fondations, des sols, des élévations et des canalisations maçonnées.


Fig.3 : Plan des structures de la première phase. Crédit : Éveha, 2024.

Si le plan d’ensemble de cette phase reste peu lisible, on constate cependant, dès les premiers états, que l’orientation des murs coïncide avec celle observée dans la parcelle voisine, laquelle est rapprochée de l’orientation générale de la trame urbaine de la cité.

Toutefois, très peu d’éléments de cette phase nous sont parvenus in situ. En effet, l’ensemble de l’architecture a fait l’objet d’une campagne de démantèlement peut être associée à une campagne de récupération des matériaux. À ce démantèlement des architectures, est associée la mise en place de plusieurs couches importantes de remblais composées de débris de matériaux de construction, sans qu’il soit possible de préciser l’origine de ces derniers .

Ces couches de remblais font par la suite l’objet d’une troncature plus importante à mesure qu’on s’éloigne de l’enceinte. Ceci a pu permettre la création d’un éventuel glacis défensif en avant de l’enceinte . Si la date de sa construction reste incertaine, des indices incitent à l’associer à la construction de l’enceinte entre la fin du 3e siècle ap. J.-C. et le 4e siècle ap. J.-C. ou à la suivre de peu dans le temps.


Fig.4 : Plan des structures de la seconde phase. Crédit : Éveha, 2024.

La nécropole tardo-antique et médiévale


Fig.5 : Plan de la nécropole. Crédit : Éveha, 2024.

C’est en effet sur ces parcelles nouvellement dégagées qu’on observe la mise en place des premiers niveaux de terre noire dans lesquels sont très vite implantées les premières tombes à inhumations. Cette nécropole, dont on a pu mettre en évidence 32 sépultures dans la partie est de la parcelle prescrite, devait également s’étendre vers l’ouest, vers le rempart. Malheureusement, les aménagements modernes en bordure de la voie ont bien plus impacté là les couches archéologiques au point de faire disparaître toute trace post-antique. Deux analyses C14 ont été pratiquées en cours de chantier pour mieux cerner les datations de cette nécropole jusqu’alors inconnue. Les résultats de ces analyses fournissent des datations comprises entre le 4e et 5e siècle ap. J.-C. Les tombes retenues ici font partie des plus occidentales et sans doute des plus anciennes de l’ensemble funéraire.

Fig. 6 : Exemples de sépultures. Crédit : Éveha, 2025.

Dans la partie orientale de la prescription, là où les couches sont mieux conservées, une pièce de monnaie de Louis le Pieux (778-840 apr. J.-C .) a été découverte entre deux des tombes les plus hautes en termes de stratigraphie. Cela témoignerait, dans l’attente de plus amples analyses, d’une utilisation de la nécropole sur, au moins, cinq siècles.

Fig.7 : Avers et revers d’une monnaie de Louis Le Pieux. Crédit : Éveha, 2025.

Le nom actuel du faubourg où est située cette prescription est tiré de celui d’une église hors les murs, l’église Saint-Pierre. De cette église on sait peu de chose, si ce n’est qu’elle devait se trouver assez près des remparts pour que sa localisation soit jugée problématique par le Comte de Foix alors en charge de préparer la ville à soutenir un siège par les Anglais en 1295. L’église fut alors démantelée et les cimetières sans doute localisés autour ne durent plus être utilisés.

Si, en l’état, il est impossible de lier la nécropole découverte au 3 boulevard Saint-Pierre avec les vestiges d’un lieu de culte, le plan montre toutefois clairement que la disposition des tombes semble dictée par un élément, situé hors de la prescription, au sud-est. Est-ce l’église, un élément associé à cette dernière ? Les observations faites sur les tombes restantes permettront de préciser la fin d’utilisation de la nécropole dans notre prescription et de comparer cette dernière avec la date de 1295.

Dans la partie est de la prescription, les couches supérieures sont aussi composées de terre noire. Cela corrobore l’observation des illustrations existantes de la Dax post-médiévale et moderne où les abords nord-est de la cité sont présentés comme des terrains dépourvus de construction. Les photos aériennes disponibles pour la première moitié du 20e siècle ap. J.-C. montrent d’ailleurs que la croissance urbaine ne s’est faite ici qu’après les années 50. Ce n’est donc que récemment que les parties supérieures de la stratigraphie ont été lourdement bouleversées.

En sortie de terrain, cette opération permet donc d’envisager de mettre en lumière l’ensemble du passé du faubourg oriental de Dax, depuis les premières phases suivant la fondation de la cité, aux transformations liées à la transition avec le Moyen Âge et la contraction de la cité derrière ses remparts, de la réaffectation d’espace défensif en zone funéraire, puis en espace agricole, jusqu’aux aménagements modernes et contemporains.