Les fouilles archéologiques menées sur le site de Prasville (28) – Le Gas Jacquet ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Mélanie Jouet dans le cadre du projet d’aménagement d’extension de la carrière porté par SMBP.
Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges d’un établissement rural antique connu grâce à des prospections aériennes.
De rares indices protohistoriques
Lors de la fouille, des traces de fréquentation antérieures à l’époque antique ont été détectées sous la forme d’une fosse isolée dans la partie sud du site. Quelques fragments céramiques de facture protohistorique évoquent l’existence de sites anciens démantelés et érodés.
Un établissement rural antique
Trois bâtiments principaux, alignés nord-ouest–sud-est et associés à des aménagements de type galerie, ou porche, sont délimités au sud par des fossés palissadés. Ces derniers indiquent plusieurs phases d’occupation, s’échelonnant du Ier au IIIe s. ap. J.-C (Fig. 2).



Fig. 3 : Plan masse du site du lieu-dit «Le Gas Jacquet ». Crédit : Éveha 2025.
Le bâtiment 1 (150 m²) possède des fondations profondes (1 m) en blocs et pierres calcaires bruts (Fig. 3). Il se divise en deux pièces : l’une, au nord, accueille une vaste excavation ovale sur toute sa surface interne (20 m²), dont les parois s’interrompent au contact des fondations. Dans l’état d’avancement des recherches, son identification est incertaine. La pièce principale, au sud, a conservé un lambeau de sol composé d’éclats calcaires liés par un peu de limon. Son entrée latérale donnait sur une galerie de circulation.

Fig. 4 : Bâtiment 1. Prise de vue par drone. Crédit : Éveha 2024.
Ce bâtiment se trouve à l’emplacement de deux solins parallèles dont le plan s’apparente aux greniers de dimensions modestes, généralement attribués aux périodes précoces.
Il s’agit de constructions à plateforme surélevée sur des poteaux plantés et stabilisés au moyen de matériaux durs déposés dans des petites tranchées de fondation parallèles (Fig. 5).

Fig. 5 : Solin contre le mur oriental du bâtiment 1. Prise de vue par drone. Crédit : Éveha, 2024.
Le bâtiment 2 (153 m²) présente des fondations comparables et un porche d’entrée flanqué de pavillons d’angles (Fig. 6). Dans un deuxième état de la construction, l’extension de 70 m² à l’est semble avoir modifié sa fonction initiale.

Fig. 6 : Bâtiment 2 après fouille mécanisée du radier (deuxième état). Prise de vue par drone. Crédit : Éveha, 2024.
À l’est, le bâtiment 3 (200 m²) offre des fondations moins profondes (50 cm) et un espace interne occupé par des limons de plateau.
Dans un troisième état du site, une construction de plan rectangulaire et aux fondations moins profondes vient s’adjoindre contre les angles externes des bâtiments 1 et 2 (Fig. 7). Elle correspond à un porche d’entrée depuis le sud du site donnant accès à une galerie de circulation.

Fig. 7 : Porche d’entrée contre les murs externes des bâtiments 1 et 2. Prise de vue par drone. Crédit : Éveha, 2024.
Au sud du bâti, les premiers états d’occupation sont signalés par deux fossés palissadés en surface desquels apparaissent des éléments de calage de poteau. Dans un second temps, cet ensemble est recouvert par un apport de remblai dans lequel s’insère le porche d’entrée sud, entraînant ainsi l’implantation déportée d’un troisième fossé palissadé qui s’interrompt à son niveau.
Les recherches en laboratoire
Le mobilier collecté inclut de nombreux fragments de terres cuites architecturales et d’objets métalliques (clous, clef, clochette). En quantités plus modestes, les vestiges céramique et faunique écartent une fonction domestique. Des prélèvements (carpologie, phosphates, phytolithes) ont été réalisés pour contribuer plus globalement à enrichir nos connaissances sur l’environnement, les pratiques agricoles et les habitudes alimentaires des occupants de ce site.