ROUEN (76) – Palais de Justice, ascenseur tribunal judiciaire

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Rouen (76) – Palais de Justice ascenseur tribunal judiciaire – Projet Ad’AP ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Hélène Pollin, dans le cadre du projet d’aménagement porté par le Ministère de la Justice – PFI Grand-Ouest Département Immobilier. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité, du Moyen Âge et de l’Époque moderne.

Les objectifs de la fouille

La prescription de la fouille préventive était motivée par l’installation d’un ascenseur au sein du tribunal judiciaire et devait permettre d’apporter des informations sur les occupations anciennes de ce secteur, en lien avec les sources documentaires disponibles. Malgré une emprise de fouille très réduite, l’opération a ainsi permis d’effectuer un bon nombre d’observations archéologiques.

Fig.1 : Vue de la coupe est de la fosse. Au fond, la fondation massive antérieure surmontée d’un dallage moderne. Crédit : Éveha, 2025.

Un possible bâtiment antique ?

En premier lieu, le fond de fouille a mis en évidence, à 1,10 m sous le niveau actuel, une fondation massive qui, bien qu’elle n’ait été perçue que partiellement, interroge par sa mise en œuvre et sa localisation. En dehors des axes des états antérieurs du Palais (Palais du Neuf Marché), elle se compose d’assises de blocs calcaires (local) de très grand module liés par d’épais joints de mortier de chaux gris, extrêmement dur, composé d’un granulat d’une grande finesse et de grosses inclusions de chaux parfois centimétriques. D’après ces premières observations macroscopiques, ce liant ressemble davantage à un béton romain qu’aux mortiers observés aux périodes médiévales ou modernes, sans aucune certitude pour le moment.


Fig. 2 : Vu en plan de la fosse d’ascenseur avant arasement de la fondation maçonnée. Crédit : Éveha, 2025.

Des vestiges de la Conciergerie ?

Ce massif était surmonté par un lambeau de dallage de carreaux de terre cuite carrés accolé contre l’arase d’un petit mur de briques. L’ensemble pourrait correspondre à la « Conciergerie », accolée à la façade ouest du Palais du Neuf Marché, représentée sur le plan Gomboust de 1655. Aucun niveau médiéval ou moderne ayant livré du mobilier homogène n’est associé à ces structures. En effet, les tranchées de fondations du bâtiment actuel datant du 19e siècle, ainsi que de probables réfections liées aux rénovations du Palais après-guerre ont percé à la fois le dallage et la maçonnerie antérieure, nivelant ces niveaux de divers remblais brassant céramiques antiques et contemporaines, probablement issus de remaniements des niveaux antiques dans le secteur.


Fig. 3 : Vue de l’aile du Tribunal judiciaire du Palais de Justice de Rouen. Crédit : Éveha, 2025.

Les recherches à venir

La post-fouille visera principalement à clarifier cette séquence stratigraphique complexe afin de mieux comprendre les structures construites antérieures au bâtiment actuel.
Une analyse sur un fragment de mortier du massif le plus ancien cherchera à mieux préciser son origine. L’ensemble de ces données sera associé à une étude des plans anciens et actuels disponibles sur le secteur, notamment ceux du Palais. L’étude cherchera à terme à identifier les structures en les rapportant à l’une ou l’autre des phases d’évolution connues de ce secteur de la ville particulièrement dense archéologiquement, potentiellement sur le tracé du castrum antique.