SENS (89) – Extension du réseau de chauffage urbain

Les fouilles archéologiques menées sur l’extension du réseau de chauffage à Sens (89) ont été réalisées sous la responsabilité d’Élodie Legret. Cette surveillance de travaux de 1800 mètres linéaires s’inscrit dans le cadre du projet d’aménagement porté par la communauté d’agglomération du Grand Sénonais. Les recherches archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité à l’époque contemporaine.

Les objectifs de la fouille

Malgré des fenêtres très restreintes et la présence de nombreux réseaux souterrains, l’enjeu de cette fouille était de documenter ponctuellement des vestiges archéologiques dans cette zone urbaine. Cela devait passer par l’enregistrement des vestiges et des couches archéologiques les plus significatives. Couplées à des recherches historiographiques et archivistiques, ces données nous permettent de compléter nos connaissances sur l’évolution du paysage urbain à travers les époques.

Des témoins d’occupations antiques

Les zones touchées par les travaux telles que la place Drapès et la rue de la République ont permis de mettre en évidence des traces de la présence romaine au travers de niveaux de sol et de circulation gallo-romains.


Fig. 1 : Niveaux gallo-romains, rue de la République. Crédits : Éveha 2024

C’est sous l’actuelle rue Beaurepaire qu’a été découvert pour la première fois le cardo maximus* sous la forme d’une voie pavée à l’aide de blocs calcaire très lisse ainsi que deux ornières laissées par le passage régulier des chariots.

*voie d’axe nord-sud la plus importante d’une ville romaine


Fig. 2 : Portion conservée du cardo maximus, rue Beaurepaire. Crédits : Éveha 2024

Au débouché de la rue de la République a également été découvert une portion du mur du castrum (enceinte tardo-antique) en partie détruit par les aménagements d’assainissement réalisés dans les années 40. Cette découverte fait écho à celles similaires l’année précédente, cependant cette section a permis d’observer le revêtement interne enduit.


Fig. 3 : Vestige du castrum tardo-antique de Sens, rue de la République. Crédits : Éveha 2024

Des vestiges médiévaux très perturbés par des siècles d’aménagement

Deux vestiges de murs datés du Moyen Âge sont apparus au carrefour de la rue Beaurepaire et du boulevard Maupéou. D’après leur localisation, ils pourraient correspondre aux vestiges de la porte médiévale Saint-Didier.


Fig. 4 : Potentiels vestiges de la porte médiévale Saint-Didier (XIIIe siècle), rue Beaurepaire. Crédits : Éveha 2024

Lors de la traversée du boulevard de Mail, à proximité de l’école du Jeu de Paume, cinq sépultures ont été découvertes à 1 mètre de profondeur. Les défunts étaient accompagnés de vestiges céramique et métallique. Ces sépultures pourraient être contemporaines de celles découvertes lors du précédent suivi de travaux réalisé non loin en 2023, et datées du XI siècle.


Fig. 5 : Sépulture découverte sous le boulevard du Mail. Crédits : Éveha 2024

Des aménagements urbains de l’époque moderne et contemporaine

La découverte d’une grande dalle de béton parementée fait référence à des aménagements présents sur des plans de 1623. Cette découverte atteste la présence de souterrains modernes mis en place lors des Guerres de Religion.


Fig. 6 : Couverture du souterrain du XVIIe siècle, boulevard Maupéou, Crédits : Éveha 2024

Dans le secteur des Promenades, à l’emplacement de l’ancien fossé médiéval du XIV siècle, des remblais ont été découverts sous près de 2,80 m, déposés successivement au cours des siècles passés. Au niveau du théâtre, d’autres couches de remblais ont été découvertes. Des terres ont été rapportées afin de niveler le terrain suite au déplacement du cimetière de l’Hôtel-Dieu puis l’installation du théâtre au XIX siècle.


Fig. 7 : Remblais terminaux et anciens niveaux des Promenades, boulevard du Mail. Crédits : Éveha 2024

Qu’en est-il de la suite ?

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances sur Sens, son occupation et son développement urbanistique. Elles viendront de façon significative compléter la carte archéologique de la ville et aideront à préciser les problématiques de recherches des secteurs surveillés dans le cadre de futures fouilles archéologiques.

Aujourd’hui, ces opérations de suivi de travaux sont nécessaires et tendent à se multiplier grâce à la restructuration des centres-villes. C’est donc pour nous l’occasion de mettre en place de vraies méthodologies d’intervention propre à ce genre d’exercice.