VALENCE (26) – Place de la Liberté et rues adjacentes

L’opération archéologique de « la place de la Liberté et des rues adjacentes » à Valence (26), dirigée par Dimitri Simon, s’est déroulée dans le cadre d’un projet de réaménagement du centre-ville porté par la Ville de Valence. La zone d’intervention se divise en 11 sondages d’une superficie de 13 à 68 m². Au total, une emprise de 265 m², avec une stratigraphie pouvant ponctuellement dépasser les 3 m d’épaisseur, a pu être étudiée. Elle offre une fenêtre d’observation inédite sur l’évolution de ce secteur central de l’agglomération, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.


Fig. 1 : Sondage archéologique localisé dans la rue Émile Augier à Valence (26), vu depuis l’est en direction de la place de la Liberté. Crédit : Éveha 2024.

La période antique

Les vestiges de la ville antique ont été atteints dans trois sondages, à une profondeur minimum de 2 m sous le niveau de la rue actuelle. Ils sont relativement mal conservés en raison du démontage des bâtiments dès l’Antiquité tardive (285-476 ap. J.-C.) et des nombreuses perturbations ultérieures (fosses, murs modernes profondément fondés, tranchées de réseaux, etc.). Il s’agit d’aménagements bâtis (murs, poteaux, sols) dont certains se rattachent manifestement à des infrastructures publiques, étant donné leur caractère monumental (supports de grands piliers, possible caniveau) (Fig. 2). Ces vestiges nous renseignent sur la structuration de ce secteur, situé aux abords de l’emplacement présumé du forum antique, et sur les différentes techniques de construction mises en œuvre durant la période. On observe notamment le recours à une architecture de terre sur fondations en pierre, en particulier en début d’occupation. Cela n’est pas sans évoquer l’architecture domestique valentinoise des époques moderne (16e-18e siècle) et contemporaine (18e-21e siècle). L’occupation et l’aménagement du secteur commencent durant la seconde moitié du 1er siècle av. J.-C. et se poursuivent durant le Haut-Empire (27 av. J.-C.-285 ap. J.-C.) avant de connaître une rupture durant l’Antiquité tardive (285-476 ap. J.-C.), matérialisée par l’abandon et le démontage des infrastructures.


Fig. 2 : Mise en évidence des vestiges d’époque romaine de la rue Émile Augier à Valence (26) : maçonneries, niveaux de sol, fosses, trous de poteau. Crédit : Éveha 2024.

Le Moyen Âge

Les contextes de la fin de l’Antiquité sont scellés par une épaisse couche de « terre organique », en lien avec l’abandon et/ou la mise en culture des espaces anciennement bâtis. Signes clairs d’une profonde mutation de la ville et de la gestion de l’espace urbain, ces terres demeurent complexes à interpréter en raison des nombreux bouleversements visibles dans la stratigraphie, liés aux constructions plus récentes. D’après les indices en présence, l’occupation médiévale et son organisation deviennent plus nettes à partir des 13e-14e siècles. Les vestiges se présentent sous la forme de couches dépotoirs, de lambeaux de sols et de fondations de murs en galets. La fin du Moyen Âge (14e -15e siècle) est marquée par de nouvelles constructions maçonnées en lien avec de grands bâtiments dont la nature précise reste à établir.

La période moderne

Les découvertes d’Époque moderne (16e-18e siècle) se rattachent en premier lieu au couvent Sainte-Marie des Visitandines, localisé au niveau de la place de la Liberté et de la mairie (Fig. 3). L’installation de cet ordre religieux est datée de 1621, d’après les archives. Les vestiges correspondent à des caves voûtées, des murs et des sols. L’étude de ces contextes et la confrontation des données archéologiques à disposition aux archives permettront de préciser l’évolution du couvent et de ses abords entre le 17e siècle et sa destruction à la fin du 19e siècle. D’autres structures, en lien avec de l’habitat, ont également été mises en évidence dans les sondages implantés aux abords de la place de la Liberté (place Juiverie, rues Émile Augier et Madier de Montjau).


Fig. 3 : Maçonneries de la fin du Moyen Âge et de l’Époque moderne sous la place de la Liberté à Valence (26). Crédit : Éveha 2024.

La période contemporaine

Les investigations mettent en lumière les différentes étapes d’aménagement de la place de la Liberté au cours des 19e et 20e siècle. Ces travaux ont conduit à l’arasement des constructions précédentes, dont l’ancien couvent qui est remplacé par l’actuelle mairie, inaugurée en 1894. Du côté de la rue Madier de Montjau, on observe la destruction des façades et le comblement des caves des bâtiments modernes, afin d’agrandir la rue qui adopte progressivement son aspect actuel durant la première moitié du 20e siècle.