Les fouilles archéologiques menées sur le site d’Agen (47) – Place Armand-Fallières, dans le centre historique de la ville, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Théo Martin dans le cadre du projet d’aménagement porté par Agen Chaleur Urbaine – Groupe Idex. Elles ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité jusqu’aux époques moderne et contemporaine.
Les problématiques scientifiques
Ce suivi de travaux avait pour objectif de documenter les aménagements sur la partie nord-est de la place Armand-Fallières en testant la puissance stratigraphique de cette zone en bordure du fossé médiéval datant du XIVe siècle. L’un des buts était de documenter l’espace entre l’établissement thermal découvert lors de la construction de la CPAM et le théâtre d’Agen, afin de comprendre l’agencement et l’évolution de ce quartier monumental de la ville.
Cette opération devait permettre d’alimenter les données issues d’opérations précédentes et venir enrichir un SIG, pour entamer par exemple le débat sur l’occupation à Agen depuis l’âge du Fer jusqu’à nos jours.
Présentation des résultats
Le suivi de travaux de la phase 1 de l’installation du réseau de chaleur urbain a montré un remblaiement massif de la zone au NE de la place Armand-Fallières. Les tranchées 1 et 2 étaient formées de 1,80 m de remblai contemporain et moderne avant d’atteindre le haut de la démolition antique. Le fossé et le rempart de la phase de fortification du XIVe siècle n’ont pas pu être atteints lors du creusement de la seconde tranchée au sein de la médiathèque, puisque la cote de fond de fouille n’excédait pas les 1 m de profondeur.
En revanche, la troisième tranchée a confirmé la séquence stratigraphique observée dans les deux autres tranchées et a dévoilé des vestiges anciens situés entre 1,80 et 2 m de profondeur. Le tracé des travaux a mis en évidence l’un des murs du théâtre qui a fait l’objet de deux campagnes de sauvetage à la fin du siècle dernier.

Fig. 1 : Vue générale du mur du théâtre et de la zone d’habitat. Crédit : Éveha 2024
Avec l’autorisation du Service régional de l’archéologie, il a été possible d’effectuer un sondage au pied du théâtre, permettant la découverte d’une maçonnerie venant s’appuyer contre le mur de l’édifice. La poursuite du sondage a dévoilé la présence d’un sol orné d’un pavement en mosaïque à motifs géométriques et floraux dont les limites sud et ouest n’ont pu être atteintes. Cette mosaïque est datée de la fin du IIe/ début du IIIe siècle de notre ère, par l’analyse stylistique menée par Jeanne Leroy et l’étude céramologique de Charlotte Sacilotto.

Ces vestiges témoignent de l‘implantation d’un bâtiment lié à de l’habitat, qui s’installe à un moment où le théâtre semble être abandonné, mais ses murs encore en élévation. Cet habitat est détruit au nord par le creusement du fossé médiéval, observé dans un second sondage.

La post-fouille
La stratigraphie et le mobilier archéologique recueilli devraient permettre de proposer une chronologie précise de cette installation postérieure à l’abandon du théâtre au IIe siècle de notre ère. Ils devraient permettre également de comprendre l’implantation de l’habitat périurbain au cours du Bas-Empire et de l’Antiquité tardive et la contraction progressive du noyau urbain vers le nord de la ville.