CHOISY-AU-BAC (60) – 13-15 rue du Général-Leclerc

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Choisy-au-Bac (60) au 13-15 rue du Général Leclerc ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Audrey Jezuita et de Anissa Mouaddib, dans le cadre du projet d’aménagement d’un lotissement porté par Clésence. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité, du Moyen Âge et des époques moderne et contemporaine.

La prescription archéologique avait été motivée par la découverte d’une nécropole mérovingienne à l’occasion d’un diagnostic conduit en 2021 par l’Inrap. À cette problématique initiale de recherche, les fouilles ont permis d’ajouter les découvertes de vestiges fossoyés, d’une voirie et de structures excavées gallo-romaines et de nombreuses structures modernes et contemporaines. La fouille archéologique a permis de sonder une surface de 2 020 m² d’une nécropole mérovingienne densément occupée, dont les limites n’ont pas été perçues.

En l’état actuel de la documentation et de son interprétation, le nombre de sépultures connues s’élève à 488, dont 336 sépultures, 116 sarcophages et 36 réductions. Une organisation en rangées plus ou moins régulières suivant un axe nord-ouest–sud-est se dessine sur l’ensemble de l’emprise de fouille. On peut noter toutefois quelques variations dans les orientations des sépultures, l’existence d’espaces vides et la présence de plusieurs concentrations de tombes. Une des caractéristiques de la nécropole de Choisy-au-Bac est la présence d’un grand nombre de sarcophages alignés ou regroupés en petits noyaux de 3 à 4 sarcophages.


Fig. 1 : Nettoyage d’un alignement de sarcophages en vue d’une photogrammétrie. Crédit : Éveha, 2025.

Les fosses sépulcrales sont de forme quadrangulaire ou oblongue. Les individus sont placés dans des contenants en bois du type cercueil cloué ou non ainsi que des coffrages en bois calés par des blocs calcaires dans la majorité des cas. Une grande diversité de sarcophage est à noter : sarcophage rectangulaire, trapézoïdal, monobloc, bipartite, tripartite. Un seul exemplaire est composé de blocs de remploi dont la provenance reste à définir. Les sarcophages se présentent tous sans finitions apparentes de type lissage des parois externes afin de les préparer à recevoir un décor. Sur 116 sarcophages, seuls un graffito (ou inscription) et un décor géométrique ont été mis au jour.

Fig. 2 : Vue zénithale de la sépulture 464. Crédit : Éveha, 2025.
Fig. 3 : Vue zénithale des sarcophages 555, 556, 557, 628 avant fouille. Crédit : Éveha, 2025.

Les individus sont inhumés sur le dos, majoritairement les bras allongés le long du corps. Les observations taphonomiques ont permis de révéler la présence de vêtements dans la plupart des tombes et plus rarement la présence de chaussures, de voiles et de linceuls. Les indices ostéologiques ne montrent aucune sélection dans la population inhumée, on retrouve ainsi des hommes, des femmes et des enfants. Aucun regroupement par âge et par sexe n’a été discerné. En terme de gestion de l’espace funéraire, des réutilisations des sarcophages ont été perçues par le biais de la présence de réduction de corps à l’intérieur ou à l’extérieur des cuves.

Fig. 4 : Vue depuis le nord-est des sarcophages 401 et 402. Crédit : Éveha, 2025.

Le mobilier découvert lors de la fouille se localise aussi bien dans les sépultures que dans les sarcophages. Celui-ci se compose d’éléments de parure, d’éléments vestimentaires, des contenants en céramique et de la tabletterie. Les premières observations typologiques orientent vers une datation globale située entre la fin du 5e siècle et le milieu du 8e siècle. Des datations radiocarbone sur les ossements viendront affiner la chronologie de la nécropole notamment pour pallier le manque d’éléments datants dans de nombreuses tombes qui ont été pillées. En effet, de très nombreuses traces de pillage ont été observées aussi bien dans les sarcophages que dans les sépultures. Elles se matérialisent par des déplacements ou des perforations du couvercle et des perturbations des individus au niveau des sarcophages, tandis qu’on observe des tranchées rectilignes ou des trous au niveau des sépultures en fosse perturbant les squelettes en connexion.

Fig. 5 : Vue zénithale du sarcophage pillé 421. Crédit : Éveha, 2025.
Fig. 6 : Dépôt céramique dans le sarcophage 225. Crédit : Éveha, 2025.

Les autres vestiges découverts lors de la fouille concernent les périodes gallo-romaine, moderne et contemporaine et sont matérialisés par des vestiges en creux. Les structures gallo-romaines (cave, celliers, fossés, voie) ont été recouvertes par un remblai de nivellement avant l’installation de la nécropole. Les vestiges modernes et contemporains viennent perturber de nombreux faits funéraires, rendant leurs fouilles et leurs interprétations plus complexes.

La fouille de Choisy-au-Bac a permis de mettre au jour un petit secteur d’une plus vaste nécropole dont l’étendue n’est actuellement pas connue. Par ailleurs, le choix de l’implantation de l’espace funéraire n’a pas pu être déterminé lors de l’opération archéologique. Une étude des archives locales pourrait étayer les hypothèses actuellement proposées concernant le choix d’implantation de la nécropole, avec la possible présence d’un palais royal mérovingien (palatium regio) ou d’une église primitive antérieure à la fondation de l’Abbaye Saint-Étienne localisée à 50 m à l’est de la parcelle fouillée.
Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.