Les fouilles archéologiques menées sur le site de Lencloitre (86) – Église Notre-Dame, place du Doyen Petit ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Paul Butaud, dans le cadre du projet d’aménagement porté par la Mairie de Lencloître. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Moyen Âge et des époques moderne et contemporaine.
Problématiques scientifiques du cahier des charges
Les travaux au sein de l’église Notre-Dame portaient sur la restauration et la mise en valeur de la travée occidentale de la nef et du chevet ainsi que le rétablissement de la stabilité de l’édifice par des travaux de reprise en sous-œuvre et des consolidations des maçonneries.
Dans ce cadre, un suivi archéologique des travaux était donc nécessaire pour étudier les vestiges présents en sous-sol mais également en élévation : par la fouille et l’étude de bâti, l’opération archéologique avait ainsi pour but d’apporter des éléments de compréhension sur la construction, l’histoire, l’occupation et l’évolution architecturale de l’église.

Présentation des résultats
L’opération archéologique réalisée au contact de l’église Notre-Dame de Lencloître a été réalisée en 3 tranches d’intervention portant sur un programme de travaux pluriannuel de remise en stabilité du monument. Réalisée en 2021, la Tranche 1 a permis l’observation du sous-sol entre le sud et le nord de la première travée occidentale de la nef. La seconde tranche (Tranche 2) concernait quant à elle les abords orientaux du transept et du chevet, mais aussi l’étude d’une estrade en pierre située dans le chœur. Enfin, l’ultime phase d’intervention (Tranche 3), à venir, portera sur les reprises en sous-œuvre de l’angle formé entre la nef et le bras nord du transept, notamment à l’endroit d’une ancienne tour d’escalier qui permettait autrefois l’accès au clocher.


L’implantation primitive
La chronologie d’évolution du site est relativement bien cernée, puisque l’établissement religieux est implanté au 12e siècle sur une terrasse sableuse a priori vierge de toute occupation antérieure. L’édifice étonne par la faible profondeur de ses fondations, lesquelles sont constituées d’amas de pierres de grison, l’une des roches localement représentées. De part et d’autre du chevet, deux excroissances des fondations permettent d’envisager la présence de contreforts non restitués à l’occasion des travaux de restauration entrepris à la fin des années 1990. À la jonction du bras nord du transept et de la nef, un imposant massif de fondation signale quant à lui une ancienne tour d’escalier qui permettait d’accéder au clocher.
L’occupation funéraire
L’occupation funéraire prend place dans un second temps tout autour de l’église avec des faciès bien distincts selon leur localisation. Au nord, certaines tombes sont architecturées de coffrages en pierre, tandis que ce type d’inhumation n’a pas été rencontré par ailleurs. La zone est également la seule où ont été découvertes des céramiques associées aux corps. Les individus fouillés au sud de la nef, à l’endroit du cloître, présentent pour leur part la particularité d’être profondément enterrés. La découverte d’épingles de linceuls et plusieurs fragments de chapelets associés aux corps témoignent de pratiques particulières pour cet ensemble d’une quinzaine de sépultures. Il est certainement question ici de sépultures de religieux ou religieuses. Aucun trait particulier n’est en revanche à mettre en lumière pour le reste des inhumations étudiées.



Un bâtiment sur sous-sol
Au nord du chevet, un bâtiment sur sous-sol perturbe l’occupation cimétériale dans un temps où celle-ci paraît péricliter. Non représentée sur le cadastre du 19e siècle, cette construction est elle-même hors d’usage au moment de la construction de contreforts bâtis contre le chevet, à partir de 1870. Les vestiges en fondation de ces derniers ont par ailleurs livré un important lot d’éléments lapidaires en remploi composant un retable du 17e ou 18e siècle démonté en simultané des travaux de stabilisation du monument. Mise au jour par le retrait d’un plancher dans le chœur de l’église, le soubassement de ce retable et l’estrade en pierre qui la devance ont fait l’objet d’un relevé photogrammétrique précis destiné à restituer la volumétrie du monument et à replacer les blocs dans son architecture. La collection nouvellement récoltée complète celle découverte et mise de côté à l’occasion de travaux de la fin des années 1990, mais dont les éléments restent malheureusement introuvables à ce jour.

En complément des vestiges précédemment décrits, quelques maçonneries signalent le morcellement ou la réorganisation de l’établissement religieux et de ses abords dans des occupations récentes des lieux. Dans l’angle du bras nord du transept et de la nef notamment, la découverte des fondations renvoie au souvenir d’un bâtiment démoli à la fin des années 1990, lequel était autrefois employé comme sacristie.
Conclusion préliminaire et problématiques scientifiques de la post-fouille
En somme, les terrassements réalisés autour de l’église Notre-Dame de Lencloître ont donné un bel aperçu du sous-sol, traversant l’intégralité des niveaux archéologiques du secteur sur environ 72 m linéaires. Les travaux ont permis de mettre au jour 63 sépultures, dont 8 correspondent à des individus complets ou conservés aux trois-quarts et 16 autres qui n’ont pas été fouillées. En complément des sépultures et des diverses maçonneries dégagées, la découverte des fragments d’un retable offre une dimension tout à fait inattendue à cette opération.
Le travail de post-fouille est déjà pour partie engagé. Il est en premier lieu orienté sur la modélisation des vestiges dans leur environnement à partir des données topographiques et photogrammétriques acquises lors de la phase de terrain. En parallèle, les différents enregistrements de terrain sont mis au propre et retranscrits, en mettant l’accent sur la compréhension des relations stratigraphiques qui unissent les faits entre eux (antériorité/postériorité).
Dès la fin de l’opération, une part importante du processus de post-fouille sera consacrée aux problématiques anthropologiques dont l’objectif sera de caractériser tant les individus que les populations inhumées. Pour ce faire, l’anthropologue déterminera a minima l’âge de décès, le sexe et les éventuelles pathologies les plus caractéristiques des défunts. Au terme de l’étude, des analyses radiommétriques (14C AMS) viendront affiner la chronologie d’évolution de l’occupation funéraire.
Un autre volet du travail de post-fouille sera consacré à l’étude des éléments de lapidaire découverts en remploi dans les anciens contreforts. La modélisation en volumétrie du soubassement du retable et l’analyse des tracés d’épure relevés sur les blocs encore en place permettront éventuellement de remettre à leur place dans le monument les différents éléments du corpus.



