PONS (17) – Avenue Gabriel-Moreau

Le suivi de travaux mené sur le site de Pons (17) – Avenue Gabriel Moreau a été réalisé par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Anne-Zahra Chemsseddoha dans le cadre du projet d’aménagement porté par Eau 17. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de la Protohistoire à l’époque contemporaine.

Les objectifs de la fouille

Cette opération visait à identifier des éléments d’occupation de l’oppidum gaulois de Pons. Elle prolonge ainsi un diagnostic réalisé en 2024, qui avait mis en évidence une occupation de La Tène finale et du Haut-Empire. Les observations archéologiques devaient ainsi chercher à établir une cartographie des structures susceptibles d’être caractérisées (voirie, habitats, éléments structurants urbains), afin de compléter la compréhension de l’agglomération gauloise et affiner la datation de la période d’occupation de cette agglomération.

Les premiers résultats

Le suivi de travaux d’environ 135 m linéaire au total (environ 160 m²) s’est déroulé avenue Gabriel Moreau jusqu’au carrefour formé par les avenues de l’Assomption, Gabriel Perrier et la rue des Jacobins. Malgré la présence de nombreux réseaux récents, des niveaux archéologiques bien conservés ont pu être observés de manière continue dans l’axe principal et plus ponctuellement dans les tranchées de branchement et à l’issue du carrefour, côté rue des Jacobins. L’intervention s’inscrit dans un secteur particulièrement dense en vestiges archéologiques, correspondant à l’espace présumé du « centre urbain » de l’oppidum gaulois fondé sur l’éperon dominant la confluence entre la Soute et la Seugne.

Fig. 1 : Plan général. Crédit : Éveha 2025.

Les vestiges protohistoriques

Les tranchées, d’une largeur moyenne de 1,20 m et d’une profondeur maximale de 1,90 m, ont révélé trois structures en creux linéaires et deux niveaux d’occupation liés à l’occupation protohistorique. L’intervention la plus notable, dans une zone peu perturbée par les réseaux contemporains, s’est déroulée avenue Gabriel Moreau. Un premier possible fossé de dimensions modestes y est recoupé par une large structure fossoyée linéaire creusée dans le calcaire et orientée nord-sud, et mesurant près de 8 m de largeur. Son comblement stratifié alterne lits de blocs calcaires, limons argileux et niveaux limoneux bruns plus charbonneux. Le fond, atteint à 1,90 m sous la voirie actuelle, a livré un mobilier abondant : amphores, céramiques, objets en fer et en alliage cuivreux, fragments de bracelets en lignite, ossements de faune et au moins un os humain isolé.

Une seconde structure similaire a été mise au jour à l’ouest du carrefour, rue des Jacobins. Leurs caractéristiques communes interrogent, il n’est pas exclu qu’il s’agisse là d’un seul et même ensemble. L’interprétation, entre fossé majeur ou ancien chemin creux, sera précisée en post-fouille, notamment grâce à l’analyse des données locales et régionales.

On notera, par ailleurs, la découverte de plusieurs lambeaux de niveaux d’occupation au nord de cette structure et sous les voiries anciennes mises au jour rue des Jacobins.


Fig. 2 : Coupe montrant les comblements supérieurs du fossé ou chemin creux protohistorique, Avenue Gabriel Moreau. Crédit : Éveha 2025.

Fig. 3 : Vue de détail des niveaux de blocs dégagés en plan, Avenue Gabriel Moreau. Crédit : Éveha 2025.

Des vestiges antiques ?

Au nord de l’aménagement protohistorique, deux importants amas d’ossements de faune ont été observés. S’étendant au total sur près de 7,50 m de longueur, ils sont constitués majoritairement de scapulas et de côtes – certaines portant des traces de découpes – mêlées à de nombreux coquillages concassés. Leur disposition sur un remblai argilo-limoneux pauvre en mobilier, ainsi que la présence de blocs calcaires en surface, suggèrent une réutilisation de ces rejets dans un possible système de drainage, peut-être lié à un espace de circulation.


Fig. 4 : Amas d’ossements de faune, avenue Gabriel Moreau. Crédit : Éveha 2025.

Des voiries médiévales ou modernes

Les vestiges les plus récents, à l’exception des réseaux et de la voirie actuelle, ont été mis au jour dans le carrefour, notamment rue des Jacobins. Le suivi y a révélé trois niveaux de chaussées anciennes pouvant remonter au Moyen Âge ou à l’Époque moderne, composés de béton de chaux, mêlé à des rognons de silex et de très rares fragments de terre cuite. Ce tracé se superpose à celui figurant sur le cadastre de 1813, dans le secteur du Champ de Foire et semble correspondre à un axe structurant du bourg médiéval et moderne. D’autres niveaux similaires ont été observés plus à l’ouest, dont un dallage en calcaire lié au mortier de chaux, traversé par une ornière.


Fig. 5 : Niveaux de voiries anciennes recouvrant les comblement d’un tronçon de structure en creux d’époque gauloise, rue des Jacobins. Crédit : Éveha 2025.

Fig. 6 : Dernier niveau conservé de voirie ancienne, rue des Jacobins. Crédit : Éveha 2025.

Fig. 7 : Vue de la tranchée occupée par de nombreux réseaux, au niveau du carrefour et vers l’avenue Gabriel Moreau. Crédit : Éveha 2025.

Les perspectives de recherche

Les séquences stratigraphiques observées dans les différents tronçons confirment l’hypothèse d’une occupation protohistorique dense dans ce secteur de l’oppidum et d’une continuité d’occupation jusqu’à la période moderne. Si les limites des tranchées inhérentes à cet exercice nous montrent une image encore parcellaire de l’occupation de ce secteur, il va sans dire que les résultats permettent d’apporter un complément d’informations non négligeable.

La post-fouille viendra affiner ces résultats et enrichir les connaissances sur l’occupation de l’oppidum gaulois de Pons, à travers l’analyse approfondie des structures mises au jour et du mobilier associé, afin de mieux cerner leur fonction et leur organisation au sein de l’agglomération. La datation des différentes phases d’occupation permettra d’affiner la chronologie du site, en la remplaçant dans son contexte local grâce à la comparaison avec les données issues des interventions archéologiques antérieures. Enfin, l’étude des anciennes voiries apportera un éclairage sur l’évolution urbaine de l’agglomération aux époques postérieures.