Les fouilles archéologiques menées sur le site de Questembert (56) – Avenue de la Gare ont été réalisées sous la responsabilité de Yann Dufay-Garel dans le cadre d’un projet de lotissement porté par SARL AM’INVEST. Les investigations archéologiques, menées sur 7 300 m², ont permis de mettre au jour un établissement enclos du second âge du Fer (La Tène) et quelques vestiges des Époques moderne et contemporaine.
Le contexte archéologique préalable
La fouille du site de l’avenue de la Gare à Questembert devait permettre d’étudier une occupation rurale datant du début du second âge du Fer. Cette recherche s’inscrivait dans des problématiques archéologiques récentes concernant les habitats de cette période dans le nord-ouest de la France. L’occupation du site était significative pour la partie orientale du Morbihan et venait combler un vide archéologique concernant les établissements enclos de cette époque. En effet, le IVe s. av. n. è. a marqué à la fois l’abandon des établissements des VIe et Ve s. av. n. è., mais également l’émergence de nouveaux établissements enclos aux formes variées, reflétant des spécificités de production et de statut. Cette fouille devait donc permettre d’enrichir les connaissances sur le territoire au début du second âge du Fer, en complétant d’autres études menées récemment dans la région.


Les finalités scientifiques
La visée scientifique de la fouille menée à Questembert était de caractériser les rythmes d’occupation afin de distinguer les structures antiques et protohistoriques, d’observer l’occupation du territoire sur le long terme via une approche planimétrique, mais également de mettre en perspective les résultats avec d’autres sites locaux et régionaux. L’objectif principal était donc de préciser la nature, la fonction et l’organisation des différentes structures tout en insistant sur les relations spatiales des différents ensembles. La fouille s’est donc concentrée sur l’enclos attribué à La Tène ancienne (-400 à -250), cherchant à déterminer sa fonction et son organisation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une attention particulière a été portée à la recherche des éléments mobiliers afin d’établir la chronologie de l’enclos, tout en analysant les formes de bâtiments et les activités domestiques et artisanales associées. Enfin, un des objectifs clés a été de déterminer le phasage des vestiges, en étudiant la stratification et les relations entre les structures, tout en intégrant un programme de datation absolue par le biais d’analyses au radiocarbone.
Un enclos ovale
Après une première occupation gauloise ouverte, matérialisée par un court tronçon de fossé et au moins deux bâtiments sur poteaux, un petit établissement enclos est fondé probablement dans le courant du IVe siècle av. n. è. Celui-ci est délimité par un fossé de clôture formant un plan ovale de 1 500 m² environ, presque intégralement compris dans l’emprise de fouille. L’excavation, de faible gabarit, mesure près de 1 m de large pour une profondeur conservée de 0,50 m environ. Il est comblé par une quantité importante de blocs de granite probablement issus de l’effondrement d’un talus parementé adjacent (Fig. 3). Une entrée a été identifiée en limite nord de l’emprise, sous la forme d’une interruption du fossé protégée par un imposant porche d’accès édifié sur six poteaux porteurs (Fig. 4).


Des bâtiments sur poteaux et tranchées de fondation
À l’intérieur de l’enclos, au moins cinq bâtiments édifiés en matériaux périssables ont été identifiés. Dans la moitié sud, trois petits bâtiments sur poteaux plantés matérialisent probablement un espace dédié au stockage et aux activités agricoles de l’exploitation. Au nord, de part et d’autre de l’entrée, deux grandes constructions oblongues d’environ 70 m² pourraient correspondre à des bâtiments d’habitation (Fig. 5). L’emplacement des parois extérieures peut être partiellement restitué grâce aux tranchées de fondation conservées.

Les témoins d’activités agricoles et domestiques
Dans la moitié sud de l’enclos, deux structures de combustion ont été mises au jour : un foyer rectangulaire à pierres chauffées et un four muni d’une fosse d’accès (Fig. 6).
Les activités domestiques et agricoles sont également représentées par le mobilier, conservé toutefois en faible quantité. Outre la céramique culinaire, on dénombre de nombreuses meules va-et-vient – mais également une meule rotative – rejetées dans le fossé d’enclos ou remployées dans le parement du talus.

Un réseau parcellaire d’époques moderne et contemporaine
Après l’abandon de l’établissement gaulois, qui ne semble pas avoir perduré sur une longue période, le site de l’avenue de la Gare ne connaît pas de nouvelles occupations jusqu’à la mise en place d’un réseau parcellaire non daté mais dont on peut supposer qu’il remonte au plus tôt à la fin du Moyen Âge ou à l’Époque moderne.
Les recherches en laboratoire
Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.
Les problématiques à venir porteront donc classiquement sur la chronologie et la structuration des occupations gauloises, sur la nature des activités pratiquées et sur leur statut. Une mise en contexte avec les autres enclos fouillés dans la région de Questembert, et plus largement dans le Morbihan, devra également être effectuée.