LUBERSAC (19) – Chapouloux

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Lubersac (19) au lieu-dit Chapouloux ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Nicolas Peyne, dans le cadre d’un projet d’aménagement porté par le Conseil Départemental de la Corrèze.
Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de la Protohistoire.

Cadre de l’intervention

Les objectifs du cahier des charges de l’opération se divisaient en trois axes.
Le premier axe concernait la taphonomie du site : il s’agissait de vérifier le caractère anthropique et l’état de préservation des occupations par une étude géomorphologique, incluant l’analyse des processus d’érosion et de la paléotopographie ancienne dans une perspective évolutive. Les matières premières potentielles devaient être identifiées.
À travers la répartition des différents types de mobilier, était étudiée avec précision l’organisation des vestiges et des activités.

Le second axe correspondait à un objectif de datation, par la collecte de tous les éléments mobiliers et l’identification de la période pour certaines structures souffrant d’un déficit ou d’une absence d’éléments diagnostics, en particulier en rive droite du vallon.

Le troisième axe ciblait l’étude de la zone humide par un ensemble d’analyses paléo-environnementales, séquencées sur la totalité de l’enregistrement sédimentaire à des fins de reconstitution des contextes paléo-environnementaux successifs. Il était nécessaire d’identifier les aménagements anthropiques et l’impact de l’homme sur l’environnement.

L’occupation protohistorique

La période du Bronze final – début du premier âge du Fer comprend deux structures assez caractéristiques de la Protohistoire. Il s’agit d’une fosse polylobée et d’une fosse en Y. Ces données sont complétées par l’étude d’un vallon ayant fonctionné sur une longue durée.

Fig. 2 : Vue de l’ensemble polylobé en fin de fouille. Crédit : Éveha, 2024.

Le groupe de structures anthropiques découvert au diagnostic comprend plusieurs creusements imbriqués les uns dans les autres. Certaines de ces structures correspondent à des fosses. Une structure, comblée par de nombreuses pierres, est légèrement piriforme, ce qui peut faire penser à un silo. Cette information pourrait avoir un intérêt particulier quant à la taphonomie de cette occupation car seule la partie inférieure est conservée. Ces pierres sont issues du démontage d’une structure de combustion, d’autant que ces blocs sont associés à des parois de four et à d’autres éléments de terres à bâtir rubéfiées. Aussi, l’une de ces fosses contenait une scorie de fer et peut possiblement être considérée comme une forge.

Fig. 2 : Vue de l’organisation des pierres au fond de la fosse 2070. Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 3 : Détail de fragments de céramique dans l’ensemble polylobé. Crédit : Éveha, 2024.

Une fosse en Y a été découverte dans le bord occidental du vallon. En surface, elle avait une forme ovale. Son profil ne laisse aucun doute quant à sa nature. Son fond, atteint à
1,65 m de profondeur sous le niveau de décapage, formait un fin rectangle particulièrement allongé. Des prélèvements ont été réalisés à sa base et à son sommet, car ces ensembles peuvent se combler sur plusieurs centaines d’années. Ce type de structure reste peu connu sur le territoire régional, mais une amélioration notable de sa reconnaissance se fait ressentir ces dernières années. Bien que la question reste encore maintenant en suspens quant à leur fonction, elles sont régulièrement interprétées comme des fosses de piégeage pour la chasse.

Fig. 4 : Vue du profil de la fosse en Y. Crédit : Éveha, 2024.

Deux nouvelles informations essentielles concernant le vallon sont apparues lors de la fouille : son tracé est moins rectiligne qu’attendu, avec un méandre assez marqué, et son profil laisse apparaître de multiples niveaux diversifiés parfaitement lisibles, dont deux niveaux de tourbe parfaitement séparés par un horizon argileux.

Fig. 5 : Photographie aérienne des deux transects d’étude du vallon (fouille en pyramide inversée). Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 6 : Vue des transects du vallon en cours d’étude. Crédit : Éveha, 2024.

La post-fouille

L’étude post-fouille comprendra une analyse fine de la céramique afin de percevoir les différentes périodes de l’occupation humaine. Le type de vaisselle rencontrée pourra donner des indications sur leur usage (préparation culinaire, présentation, stockage, …).

À l’exception d’une scorie et de parois de four, les autres types mobiliers sont absents du corpus. Ces deux éléments devraient donner des informations sur les étapes de la chaîne opératoire de l’activité de métallurgie, dont les restes ont été retrouvés dans la fosse polylobée.

Fig. 7 : Vue de la fenêtre d’observation pour le premier transect après nettoyage. Crédit : Éveha, 2024.

L’enregistrement paléo-écologique des paysages successifs sera en particulier abordé par la biosphère végétale. Ainsi, les restes organiques (bois, charbons et graines) seront étudiés par une carpologue. Une étude de pollens viendra compléter cette analyse environnementale. Le manque de mobilier archéologique dans les horizons du vallon devra être résolu par des datations radiocarbones.

Fig. 8 : Vue de la fin de la fouille de la partie intermédiaire entre les deux transects. Crédit : Éveha, 2024.