SAINT-MESMIN (10) – Voie de Savières

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Saint-Mesmin (10) – Voie de Savières ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Jean-Baptiste Sinquin, dans le cadre du projet d’aménagement porté par SNCF Réseau. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Néolithique, de la Protohistoire, de l’Antiquité/période gallo-romaine.

Problématiques scientifiques de la fouille

Suite à la mise au jour d’une nécropole antique lors du diagnostic ainsi que de structures protohistoriques, la fouille devait caractériser les vestiges de ces deux périodes. Elle devait aussi permettre la compréhension des liens entre les possibles enclos protohistoriques et l’ensemble funéraire du Bas-Empire (193 à 476 ap. J.-C.). À cela, se rajoute une tentative de détermination d’espaces funéraires dédiés (à l’intérieur ou l’extérieur des enclos, jeunes, adultes, etc.).

Cette fouille doit également replacer cette nécropole antique dans un contexte funéraire global de la région de Troyes et permettre de mieux appréhender la relation avec l’ancienne voie antique (aujourd’hui route départementale 20) se trouvant à côté du site.

Un autre objectif visait aussi à appréhender les structures pouvant se rattacher à un habitat de l’âge du Bronze et à en comprendre l’organisation. La chronologie des différents vestiges devait être affinée lors de la fouille afin de comprendre une éventuelle organisation des espaces funéraires, d’habitat et de stockage.

Des vestiges néolithiques et protohistoriques

Une fosse de chasse a pu être détectée sur l’emprise de fouille. Ce type de fosse est généralement daté du Néolithique à l’âge du Fer. La particularité de cette dernière est de présenter un aménagement suggérant l’empreinte d’un pieu ou d’un poteau au fond de son creusement. Un squelette en connexion de renard a été découvert dans le fond de la structure.

La Protohistoire se caractérise par la présence d’une série de fosses dites d’extractions. Leurs grandes dimensions très irrégulières laissent penser à des zones dans lesquelles les individus creusaient pour en extraire du matériau.

Une douzaine de silos ont été découverts. Ils n’ont livré que peu de mobilier, seules les relations stratigraphiques permettent, pour l’heure, de suggérer une datation. Ils seraient antérieurs aux enclos fossoyés à partir desquels se développe la nécropole.

Bien que ses dimensions permettent de le comparer à bon nombre de monuments funéraires de l’âge du Fer, un petit enclos carré reste non daté pour le moment. Dans son espace interne, une tombe a été découverte.

Fig. 1 : Vue en coupe d’un silo. Crédit : Éveha, 2024.

L’occupation antique

Plus de cent-cinquante tombes du Bas-Empire (193 à 476 ap. J.-C.) ont pu être découvertes sur le chantier. Une continuité a été observée avec la période précédente du Haut-Empire (27 av. J.-C. À 192 ap. J.-C.), car certaines tombes recoupent les fossés d’enclos.

Toutes les tombes étaient creusées très profondément dans le sol, ce qui n’a pas empêché de nombreux animaux de créer des galeries traversant ces dernières.

Malgré les perturbations, il est possible d’observer que les défunts font l’objet d’une inhumation dans un coffrage cloué. Du mobilier est régulièrement déposé dans la tombe : vases, paire de chaussure, pièce de viande, etc.).

Enfin, des nourrissons, morts aux alentours de la naissance, ont fait l’objet d’inhumation à l’intérieur de vases.

D’après la chronologie relative, les quelques tombes orientées nord-sud semblent les plus anciennes tandis que la majorité sont orientées ouest-est.

Fig. 2 : Vue aérienne des enclos funéraires. Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 3 : Vue générale d’une sépulture. Crédit : Éveha, 2024.

Les recherches à venir

Suite à la fouille, la nécropole sera étudiée en détail, ce qui permettra d’affiner les chronologies du mobilier découvert, définissant ainsi une période d’utilisation précise de la nécropole, voire une évolution interne de celle-ci. Cette étude détaillée sera également l’occasion de tenter une approche quantitative des individus inhumés.

À terme, la nécropole découverte sur le chantier permettra d’approfondir les synthèses entamées sur d’autres nécropoles proches.

Pour les périodes protohistoriques, les informations collectées permettront d’appréhender une éventuelle organisation des vestiges du Bronze final (1400 à 800 av. J.-C.), mais aussi de réaliser une étude de l’économie agricole au travers de l’archéozoologie et de la carpologie.