Les fouilles archéologiques menées sur le site de Brest (29), Le Spernot ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Marine Gourmelon, dans le cadre du projet d’aménagement porté par Brest Métropole Aménagement. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Néolithique jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.
Les objectifs de la fouille
Le diagnostic du site du Spernot à Brest avait révélé une séquence d’occupations riches allant de la Protohistoire à l’époque médiévale. Les objectifs scientifiques de la fouille étaient donc multiples. Il s’agissait tout d’abord d’étudier l’occupation de la fin du premier âge du Fer, et plus particulièrement de comprendre le lien éventuel entre les vestiges funéraires et les vestiges d’habitat perçus au diagnostic. Il s’agissait également d’étudier les structures de foyers de forge du premier Moyen Âge et les mettre en regard de ceux découverts à Messioual et au Grand Spernot. Enfin, la fouille devait permettre de phaser les différentes occupations entre la fin du premier âge du Fer et le XIVe siècle.
Plus globalement, la fouille offrait l’opportunité de documenter les occupations sur ce territoire densément occupé aux époques anciennes, et bien documenté par une série de fouilles et diagnostics récents.
L’opération archéologique a permis la mise au jour de vestiges sur une superficie totale de 3 ha. L’ensemble prend place dans un paysage légèrement vallonné, surplombant le nord d’une vallée encaissée où coule le ruisseau du Spernot.

Fig. 1 : Plan provisoire des vestiges à la sortie de la fouille. Crédit : Éveha, 2025.
Des indices d’une occupation néolithique ?
Les vestiges de cette période, bien qu’identifiés lors de fouilles archéologiques avoisinantes plus anciennes, sont particulièrement ténus sur l’emprise étudiée ici. Notons, tout de même, la découverte d’une fosse à profil en « Y », reconnue sous un fossé antique. Ce type de fosse, à profil étroit et profond, se retrouve régulièrement sur les chantiers d’archéologie préventive. Bien que leur interprétation soit encore sujette à caution, elles sont souvent mises en relation avec des infrastructures liées à la chasse au gibier au Néolithique.

Une occupation à l’âge du Fer
Les vestiges de l’âge du Fer se sont révélés assez peu nombreux sur la zone prescrite.
Au sud-est de l’emprise (secteur 3), la présence d’un cercle funéraire d’environ 7 m de diamètre, avec une fosse en son centre destinée à recueillir une inhumation, pourrait être datée du premier âge du Fer, en raison notamment de la découverte d’une perle en alliage cuivreux qui semble confirmer cette attribution chronologique. Quelques fosses à incinérations, particulièrement mal conservées, ont également été identifiées au nord de cet ensemble funéraire et sont, dans l’attente d’études plus poussées, attribuées, elles aussi, à l’âge du Fer. Il n’est toutefois pas avéré pour le moment que ces deux pratiques funéraires correspondent à la même phase d’occupation.

Suspectés au moment du diagnostic, les vestiges d’un habitat gaulois, au nord du secteur 1 de la fouille, n’ont pas été confirmés par la fouille. Plusieurs structures assimilées à des trous de poteau et conservées seulement sur quelques centimètres n’ont pas révélé de plans de bâtiments probants. Dans le même secteur, quelques structures de combustion ont aussi été mises au jour. Néanmoins, leurs datations sont encore en attente d’analyses.
La présence d’une importante occupation du premier âge du Fer, située à environ 300 m plus au nord de l’emprise étudiée, pourrait suggérer que nous nous trouvons ici en limite de cette occupation.
Un domaine antique partiellement reconnu
Les vestiges liés à l’Antiquité évoquent plusieurs phases d’occupation, localisées principalement dans le sud du secteur 3 et à l’est du secteur 2. Néanmoins, des fossés doubles attribués à du parcellaire de la même période sont visibles dans l’ensemble des secteurs.
Une phase plus ancienne se caractérise par un enclos probablement quadrangulaire, dont seul un angle est visible dans l’emprise de fouille. Il est composé d’un fossé orienté ouest-est, reconnu sur une cinquantaine de mètres, formant un angle droit en direction du sud, avant de disparaître au-delà des limites de l’emprise.
L’état le plus récent semble évoquer le bord septentrional d’un domaine antique de stature relativement importante, d’après les premières observations effectuées sur le mobilier recueilli. Il s’agit d’une occupation avec un enclos quadrangulaire, délimitée au nord par un fossé puissant, dont l’orientation est décalée par rapport à l’occupation précédente, suivant davantage un axe ouest-nord-ouest – est-sud-est. Défini par un profil en « V », la profondeur conservée de ce fossé atteint au maximum 1,50 m par rapport au niveau de décapage. Le bord oriental et le bord occidental de cet enclos sont partiellement reconnus dans l’emprise de la fouille, mais l’occupation se développe largement en direction du sud, sous les maisons récentes actuelles. Un probable passage s’organise au niveau de l’angle nord-est de l’enclos, avec un aménagement de pierres venant combler ponctuellement le fossé.

Des vestiges du Moyen Âge
Une première occupation prend place au haut Moyen Âge. Des vestiges datés de cette période et liés à la métallurgie du fer avaient été mis au jour au moment du diagnostic préalable. Dans le secteur 2, le décapage extensif effectué autour des fosses reconnues préalablement, à l’exception de deux nouvelles petites fosses, n’a pas révélé d’autres structures liées à cette période chronologique. Cette petite unité pourrait, en revanche, être rapprochée de l’occupation mise au jour à une centaine de mètres plus à l’ouest, en 2014, sous l’actuelle rue Louise Weiss, à l’emplacement de laquelle une occupation du haut Moyen Âge avait été reconnue.
La seconde occupation médiévale est plus tardive et concerne les vestiges d’une petite unité datée autour des 12e-14e siècles. Elle se caractérise par un bâtiment excavé et un probable bâtiment sur poteaux, s’organisant à l’intérieur d’un petit enclos fossoyé en agrafe. Avec la présence d’au moins deux structures de combustion, l’ensemble suggère une petite unité domestique.

La Seconde Guerre mondiale
À la fin de l’été 1944, ce secteur de Brest a fait l’objet de bombardements et de combats au sol lors de la « Bataille de Brest », opposant les Alliés (troupes américaines, FFI) aux Allemands, et dont l’objectif était de reprendre le contrôle de la ville et de ses infrastructures. Quelques éclats d’obus, ainsi que des munitions américaines, ont ainsi été retrouvés de manière dispersée sur l’ensemble du site. Un corpus d’une trentaine de
« trous d’homme » a également été observé, essentiellement dans les secteurs nord de la zone étudiée. Il s’agit de petites tranchées permettant aux soldats de se couvrir à hauteur de sol lors des combats.

Les études du mobilier, ainsi que celles des données récoltées, se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et des différentes occupations mises au jour. En corrélant ces nouvelles données avec celles récoltées lors d’autres fouilles menées dans le secteur ces dernières années, la fouille du Spernot viendra affiner notre connaissance d’un territoire sur une large fourchette chronologique.