Les fouilles archéologiques menées sur le site de Frouzins (31) – Rue du Midi ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Cindy Lavail, dans le cadre d’un projet d’aménagement porté par ALTEAL SA. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Néolithique jusqu’à l’époque contemporaine.
Problématiques scientifiques du cahier des charges
Au regard des résultats obtenus lors du diagnostic archéologique, les objectifs de la pa fouille visaient à caractériser la nature des vestiges conservés et les formes d’occupation au cours des périodes représentées et à replacer ces occupations dans leur contexte local en les confrontant aux données issues de sites contemporains, en particulier celui de La Vache.

Les vestiges protohistoriques
La découverte majeure du site est une enceinte fossoyée ceinturant l’angle est de l’emprise. Elle se compose de deux fossés concentriques dont les ouvertures alignées sont orientées vers l’ouest. Le fossé extérieur est visible sur environ 177 m, avec une ouverture de 10,5 m. Il peut atteindre presque 5 m de largeur, pour une profondeur maximale de 1,80 m. Le fossé intérieur, d’une largeur maximale d’environ 4 m et d’une profondeur de 1,20 m, est visible sur 109 m linéaires, avec une interruption de 8 m. Ces fossés, peu visibles en plan, n’ont livré que peu de mobilier ; toutefois, un crâne humain a été retrouvé dans le comblement proche de l’ouverture du fossé extérieur. Cette découverte se situe à seulement 1 km de l’ensemble d’enceintes chasséennes de Villeneuve-Tolosane/Cugnaux (Gandelin 2011) et présente des similitudes géographiques : sur une hauteur, dominant la plaine de la Garonne et à proximité d’un ruisseau, ici le Roussimort. À ce stade, il n’est pas encore possible de déterminer si ces structures ont fonctionné simultanément ou s’il s’agit d’un déplacement ultérieur.

Le site a également livré plus de 70 foyers à galets, majoritairement de petites dimensions et de forme circulaire, contrairement à ceux découverts sur la commune limitrophe de Villeneuve-Tolosane (Simonnet 1980). Sur certains foyers, des traces de rubéfaction ont été observées ainsi que des bûchettes conservées sous les galets.
Une sépulture d’adulte en position fœtale pourrait être associée à cette occupation. L’individu a été découvert dans une fosse ovale avec quelques fragments de céramique.
Un four domestique, probablement destiné à la torréfaction de graines, semble dater de la fin de l’âge du Fer. Plusieurs fosses et fossés, ainsi que trois puits circulaires d’environ 1,40 m de diamètre, creusés dans la grave, sont également associés à cette occupation.


Les vestiges antiques
L’occupation gallo-romaine du site est représentée par un petit bâtiment carré d’une superficie d’environ 17 m², reposant sur 8 poteaux avec calages en TCA. Au sud-est de ce bâtiment, une aire de circulation est discernable, la partie la mieux conservée comportant des fragments de tuiles et briques à plat, ainsi que de gros galets laissant deviner des traces d’ornières. Cette structure a livré un grand nombre d’os animaux, principalement de cheval et de vache.
Des indices suggérant la proximité d’une villa ont été mis au jour, tels que deux fragments de colonnes en marbre, une tesselle, des fragments de suspensura et du béton de tuileau.

Les vestiges médiévaux
L’occupation médiévale du site est en grande partie composée de silos. Ces structures sont principalement piriformes et parfois conservées sur plus de 1,30 m. Elles n’ont, pour la plupart, livré que très peu de mobilier, leur datation sera donc à affiner lors de la post-fouille.

Trois sépultures semblent être associées à cette occupation, dont deux en très mauvais état de conservation et une en relativement bon état. Cependant, aucun mobilier n’est associé à ces sépultures.

Un four, dont la typologie s’apparente à celle des fours domestiques médiévaux, a livré un dôme quasi entier au niveau de la chambre de chauffe ainsi qu’une très grande fosse de travail.

Plusieurs « fosses multiples » ont été découvertes sur le site, dont une ayant livré du mobilier daté du haut Moyen Âge, mais leur fonction demeure inconnue à ce jour.
Enfin, deux structures semblent correspondre à des « fonds de cabanes » : la première est une fosse rectangulaire peu profonde d’environ 8 m², dont trois angles ont livré des trous de poteau, tandis que la seconde présente des limites moins nettes, mais a livré six trous de poteau formant un espace d’environ 8 m² également.
Les vestiges contemporains
L’époque contemporaine est représentée par les restes du ballast de l’ancienne ligne de chemin de fer secondaire reliant la gare de Toulouse-Roguet à celle de Sabarat en Ariège. Cette ligne, ouverte en 1905, a été fermée en 1938 puis démantelée.

Problématiques scientifiques de la post-fouille
Plusieurs axes devront être explorés lors de la phase de post-fouille. Pour les périodes anciennes, il s’agira de préciser la chronologie de l’enceinte afin de déterminer si elle coïncide avec les enceintes chasséennes connues sur le territoire, que sont Villeneuve-Tolosane/Cugnaux, Saint-Michel-du-Touch (Toulouse) et Château-Percin (Seilh), ou si elle correspond à un aménagement de l’âge du Bronze. Il sera également important d’étudier si cette enceinte fonctionne de manière synchrone avec les foyers à galets présents sur le site. Ces derniers feront l’objet d’une étude approfondie, notamment en se basant sur les travaux de P. Hart (Hart 2022).
Pour la période médiévale, l’étude des silos, qui comprendra l’observation de leurs profils, l’analyse de leurs dynamiques de comblement, l’étude du mobilier et le traitement des prélèvements, ainsi que leur répartition spatiale, permettra de déterminer s’il s’agit d’une seule aire d’ensilage ou de plusieurs, et si celles-ci sont successives ou contemporaines. Une attention particulière sera également portée à leur contenu et à l’identification des autres structures du site utilisées à la même période. Enfin, l’étude carpologique constituera une étape cruciale de la post-fouille, tant pour la compréhension des silos que pour celle des fours.


