Sierck-les-Bains (57) – 12 rue de la Tour de l’Horloge

Les fouilles menées sur le site du 12 rue de la Tour de l’Horloge à Sierck-les-Bains (57) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Marion Foucher. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement de l’EPF de Lorraine, relatif au projet de démolition de la salle d’œuvre et des caves sous-jacentes devant le parvis de l’église de la Nativité. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour un ensemble de salles voûtées et cours intérieures datant de la fin du Moyen Âge et du début de la période moderne. Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.


Fig. 1 : Sierck-les-Bains (57), 12 rue de la Tour de l’Horloge, plan des salles (document non définitif). Crédit : F. Tourneau, M. Foucher, Éveha.

Dans l’organisation actuelle du site, les espaces sont répartis en deux réseaux de salles déconnectés, l’un à l’est comprenant 5 pièces (E1 à E5) et l’autre à l’ouest, de trois pièces (O1 à O3) (Fig. 1). Les investigations menées sur cet ensemble bâti ont compris une analyse archéologique des élévations après dégagement des enduits couvrants, une campagne d’orthophotographie et la réalisation de quatre sondages sédimentaires. À l’issue de la phase de terrain, s’esquisse un schéma d’évolution probable de ces différents espaces. Il s’agit ici de remarques préliminaires, qui seront affinées et amendées avec la synthèse des observations, les éléments de datation absolue et l’étude documentaire encore à venir.

Les premiers éléments suggèrent une organisation et une évolution différentes des deux réseaux, l’un partant de la falaise de quartzite au sud (réseau est), l’autre des parcelles bâties au nord-ouest (réseau ouest).

À l’est, les éléments primitifs seraient préservés au fond des parcelles contre la falaise, laquelle est plus ou moins retaillée pour ménager les surfaces à bâtir. Il s’agit de deux constructions parallèles, dont sont préservés dans les salles E3 et E5 les murs sud, est et ouest. A minima la salle E5 est voûtée en berceau dès cette phase de construction. Malgré la réalisation de sondages sédimentaires au droit des césures identifiées dans les parements et voûtements, aucune structure au nord n’a pu être reconnue. Ces deux salles ouvrent sur les parcelles de jardins situés à l’arrière, tels que visibles sur les plans du milieu du XVIIIe siècle, via une descente de cave ou un soupirail au sud de E3 et un soupirail à l’ouest de E5.

Un second état correspond à la mise en place de la grande cave la plus à l’est, à cheval sur les espaces actuels E1, E2 et E3. Cette grande cave prolonge les murs longitudinaux est et ouest de la construction primitive vers la rue (nord), jusqu’à un mur de façade préservé en E1 et E2. La salle est couverte par la voûte réalisée sur coffrage en berceau encore en place. Les lunettes présentes dans ce voûtement montrent un espace ouvert au sud (vers les jardins sur la terrasse en pied de falaise), au nord (vers la rue) et à l’ouest (vers une cour).

Un troisième état correspondrait à l’allongement de la cave E5 empiétant sur cette cour (E4), et comprenant une volée d’escalier appuyée contre le mur longitudinal de la grande cave orientale. La mise en place de l’escalier se devine dans la trémie de la voûte de E5, dans l’ouverture haute et la marche préservée dans la façade nord de E5, ainsi que dans le muret dégagé dans le sondage Sd.03 pouvant correspondre à la fondation du mur d’échiffre. L’espace E4 reste un espace extérieur, pavé, englobant également l’espace O1.

Les deux espaces extérieurs au nord des deux caves (E1 et E4) sont couverts et largement remaniés lors de la construction de la terrasse supérieure et de la salle d’œuvre au début du XXe siècle.

À l’ouest, à l’inverse du réseau oriental, les éléments les plus anciens se situeraient dans l’angle nord-ouest de O2. Ils seraient à mettre en relation avec les constructions présentes sur les parcelles localisées hors de l’emprise, à l’ouest et au nord.

L’élément primitif concerne l’unité de construction talutée, préservée dans le mur de fond de la cave O2. Il pourrait correspondre au soutènement de la cour extérieure présente dans la parcelle arrière, dont l’altitude est légèrement supérieure à celle de la cave O2. Ce mur sert ensuite d’appui à la construction du mur d’axe est/ouest, faisant la limite entre la cave O2 et les bâtiments développés au nord, hors de l’emprise de la prescription.

Au sud, un autre mur parait antérieur à l’installation des caves : il s’agit du mur longitudinal sud de O3. Sans correspondance avec le reste du bâtiment, il pourrait correspondre à un mur de terrasse des jardins développés à l’arrière.

La troisième phase correspondrait à la mise en place du bâtiment dont le rez-de-chaussée est occupé par la cave O2. Le chaînage d’angle préservé au sud-est témoigne des limites de ce premier bâtiment et de l’existence d’un étage. Ce bâtiment donnait à l’est sur la cour pavée O1/E4 et, au sud, vraisemblablement sur un espace vide non bâti au pied de la terrasse des jardins.

Cet espace non bâti, préservé entre O2 et le mur supposé de terrasse, ne serait loti qu’au cours de la quatrième phase. La construction de cette dernière maison parait aller de pair avec la mise en place de l’escalier partiellement muré, installé dans la cour extérieure O1.

Tardivement, la séparation entre les espaces est et ouest est consommée (mur entre O1 et E4). Et, à l’instar des cours intérieures orientales, la cour O1 est plafonnée lors de la mise en place de la terrasse supérieure et de la salle d’œuvre.

Outre ces questions d’évolution du bâti sur ces parcelles contraintes entre la rue, la falaise et le parvis de l’église paroissiale, l’opération a également permis d’observer différentes méthodes de construction de voûtes en berceau sur coffrage de planches.