VILLIERS-LE-BÂCLE (91) – RD 36 « les Fonds d’Orsigny », «  les Graviers de Voisin-le-Cuit » et « la Mare aux Rats »

Les fouilles menées sur le site de Villiers-le-Bâcle, RD 36 « les Fonds d’Orsigny » «  les Graviers de Voisin-le-Cuit » « la Mare aux Rats » ont été réalisées sur deux secteurs distants d’1 km environ, du 12 avril au 29 octobre 2021. Chacun de ces secteurs est divisé en trois parcelles réparties de part et d’autre de la route départementale 36.

Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une installation antique, une occupation mérovingienne, une nécropole probablement carolingienne, une occupation des XIe-XIIe siècles et deux tranchées militaires appartenant au camp retranché de Paris (1914-1918). Près de 3460 structures archéologiques ont été identifiées et fouillées.

Les vestiges du secteur 1

Le premier secteur (Fig. 1) a livré la suite des vestiges de l’occupation antique déjà perçue lors d’une opération menée par Daniel Giganon (A. A. C. – C. E. A.) en 1989 et 1990. Ils consistent, sur la parcelle sud, en un bâtiment qui semble avoir connu plusieurs réfections associé à un ou plusieurs fossés de même orientation et une fosse d’extraction (Fig. 2).

Fig. 1 : Plan général du premier secteur. Crédit : Éveha 2021.
Fig. 2 : Vue du bâtiment antique zone nord. Crédit : Éveha, 2021.

Deux, voire trois, fossés longent le flan est du bâtiment et se poursuivent sur la parcelle nord du secteur. Un second bâtiment aux murs mal conservés, sur une assise tout au plus et au sein duquel se trouve une cave avec un escalier d’accès dont deux marches, constituées de blocs grossiers, sont conservées, a pu y être fouillé (Fig. 3).

Fig. 3 : Vue de la cave antique, zone nord. Crédit : Éveha, 2021.

Un pôle d’activité attribuable aux VIe-VIIe siècles de notre ère a été mis au jour sur la parcelle nord du premier secteur. On y retrouve une forte concentration de trous de poteaux ainsi que plusieurs structures de combustion, dont une série de fours en batterie (fig. 4). La présence de scories dans les comblements de certaines structures indique une activité de réduction de minerai dès la période mérovingienne.

Fig. 4 : Four 3148. Crédit : Éveha, 2021.

Une nécropole, attribuée à la période carolingienne, a livré 259 sépultures sur la parcelle sud. Leur implantation forme une longue bande composée de plusieurs lignes et rangées de tombes, s’étalant du nord-ouest au sud-est. Celle-ci pourrait se développer le long d’un ancien axe de communication ou un découpage parcellaire. Les sépultures traversent le bâtiment antique, dont des pierres ont été en partie récupérées pour le calage des coffrages en bois. Malgré quelques variations, les pratiques funéraires se révèlent homogènes et semblables à ce qui s’observe généralement à la période carolingienne : les individus sont étendus sur le dos, tête à l’ouest. Ils sont majoritairement déposés habillés dans des coffrages en bois qui sont fermés d’un couvercle (Fig 5 et 6).

Fig. 5 : Sépulture 402. Crédit : Éveha, 2021.
Fig. 6 : Sépulture 445. Crédit : Éveha, 2021.

Un enclos circulaire d’une trentaine de mètres de diamètre a été mis au jour dans la partie sud du secteur au sein duquel au moins deux bâtiments sur poteaux ont pu être identifiés. Le mobilier recueilli semble attribuable aux XIe et XIIe siècles. La fonction première de l’enclos pourrait être uniquement ostentatoire, pour une petite élite locale, ce dernier étant moins vaste que d’autres trouvés sur le plateau de Saclay (1200 m² seulement). Une grande quantité de scories rejetées dans le dernier comblement du fossé d’enclos est l’indice d’une réoccupation plus tardive de cette zone en pôle d’activité métallurgique. Des fosses comprenant des rejets de parois de fours ont été fouillées sans que les emplacements des fours n’aient pu être localisés. Un puits comblé de pierres a été mis au jour non loin de l’enclos. Sur la parcelle nord-ouest du secteur, au moins un bâtiment sur poteaux et un fond de cabane ont été perçus, ainsi que plusieurs mares et un réseau fossoyé.

Une tranchée d’infanterie d’environ 150 mètres linéaires et appartenant au camp retranché de Paris a été identifiée sur la parcelle sud. Elle perturbe une partie de l’enclos et le bâtiment antique sud. Dans sa partie occidentale, elle se caractérise par un fossé à profondeur variable (de 50 cm à 1 m de profondeur sous la surface de décapage et large d’une quarantaine de centimètres à la base) à au moins quatre segments linéaires de 20 m articulés en chicanes. Dès le franchissement de la dernière chicane, la tranchée se poursuit en direction de l’est selon un tracé quasi-rectiligne parsemé de 26 pas de tir identifiés (fig. 7).

Fig. 7 : Tranchée d’infanterie. Crédit : Éveha, 2021.

Les vestiges du secteur 2

Le second secteur (Fig. 8), également réparti sur trois parcelles, bien que très dense en vestiges, couvre une ère chronologique moins étendue. Il pourrait, en effet, comporter quelques éléments de parcellaires antiques, surtout sur la parcelle sud, mais il a majoritairement permis de mettre en évidence un second pôle d’occupation XIe-XIIe siècles. Les deux tiers de la parcelle sud sont occupés par un chemin délimitant une zone d’occupation comprenant plusieurs bâtiments sur poteaux et quelques fosses de type fosse-coffre/fond de cabane ou s’en rapprochant. Le chemin pourrait avoir perduré dans le temps comme en témoignent les nombreux fossés bordiers se recoupant de part et d’autre, ainsi que les recharges de pierres comprenant du mobilier bas Moyen Âge/Moderne. Il se prolonge ensuite dans la zone nord où un second pôle d’occupation constitué de quelques petits bâtiments sur poteaux, un fond de cabane et plusieurs fosses, a été perçu. Trois sépultures isolées ont été mises au jour dans ce secteur : une sur la parcelle nord et deux sur la parcelle sud, en bordure de la zone prescrite.

Fig. 8 : Plan général du second secteur. Crédit : Éveha 2021.

La parcelle nord-est est, quant à elle, de surface plus réduite et a livré une seconde tranchée d’infanterie appartenant également au camp retranché de Paris. Son architecture est standardisée, identique à celle observée dans le premier secteur. Elle est constituée d’un accès au nord, de huit pas de tir sur son tracé nord-sud et de cinq pas de tir sur son tracé NO-SE. La tranchée se prolonge vraisemblablement vers le sud-est.

La fouille n’a pas permis de délimiter entièrement les installations humaines aux lieux-dits « les Fonds d’Orsigny » «  les Graviers de Voisin-le-Cuit » « la Mare aux Rats » mais elle a mis en évidence au moins deux nouveaux pôles d’occupation du haut Moyen Âge et Moyen Âge central ainsi que les vestiges d’une installation rurale antique. Ces éléments contribueront à étoffer la carte archéologique du plateau de Saclay qui, en raison de son aménagement extensif depuis quelques dizaines d’années, a déjà pu faire l’objet de nombreuses prescriptions archéologiques.