DIJON (21) – 8, rue du Docteur Maret

Les fouilles menées sur le site de Dijon, 8 rue du Dr Maret ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Florian Bonvalot. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement immobilier porté par Maret Invest pour la réalisation d’un hôtel Mama Shelter. Les investigations archéologiques ont permis de confirmer, sur une superficie de 560 m² les problématiques préétablies dès la phase du diagnostic, à savoir : une activité métallurgique et une activité agro-pastorale datées entre le Xe et le XIIe siècle, des vestiges d’époque moderne liés à un logis abbatial,  ainsi qu’à la présence d’une cour comportant sept niveaux de circulation.

Les principaux résultats archéologiques

La fouille a permis de poursuivre l’acquisition de données malgré une emprise de fouille très exiguë et de fortes contraintes techniques.

Période médiévale (Xe-XIIe s.)

Une activité métallurgique

Lors de la fouille, deux fours ont été observés. Le premier (Fig. 1) est doté d’une élévation matérialisée par un empilement de blocs calcaires sur environ 30 cm de hauteur. On note la présence d’une abondante rubéfaction dans le fond et sur l’extérieur des faces latérales, ainsi que de fortes traces de chauffe sur le sommet des blocs. La structure rectiligne et étroite se termine par deux extrémités hémisphériques. La morphologie générale pourrait correspondre à une structure liée au grillage du minerai de fer. En chauffant du minerai brut, sa concentration en métal augmente. La structure de combustion n’a pas été démontée mais curée avec soin comme en témoigne son comblement : un remblai caillouteux quasi stérile associé à une extrême rareté des découvertes métalliques (petites scories et coulures millimétriques d’alliage cuivreux).

Le second four, doté d’un alandier rectangulaire, est prolongé par une partie circulaire (Fig. 2). Entièrement démonté, seul subsiste une partie de la rubéfaction centrale et un très léger creusement allant de 2 à 15 cm. Le comblement n’est pas lié à la phase artisanale et apparaît plutôt comme un mélange de remblai stérile et d’abondants rejets de faune. On note une quasi absence de mobilier lié à la métallurgie : seuls quelque très rares scories, chûtes et gouttes d’alliage cuivreux n’excédant que très rarement l’échelle millimétrique ont été découvertes.

Fig. 1 – Vue d’ensemble du premier four. Crédit : Eveha, 2022.
Fig. 2 – Vue d’ensemble du second four. Crédit : Eveha, 2022.

Une activité artisanale

Une activité polymétallique d’une certaine ampleur a bien eu lieu sur ce site. Elle concerne une grande partie de la chaîne opératoire alliant aussi bien des opérations de traitement du minerai, de la forge que de la fonte. Néanmoins les observations ont été compliquées par le soin qui parait avoir été apporté au curage des structures à la période médiévale. À l’exception de petites fosses très riches en battitures et de rares accumulations de scories de forge, aucune fosse de rejet n’a été retrouvé. De même, aucun reste ne semble être en position taphonomique primaire. La nature des objets finis produits sur place est par conséquent très difficile à caractériser. Une dizaine de fragments de moules ont été mis au jour et certains pourraient de part leur morphologie hémisphérique correspondre, éventuellement et avec la plus grande prudence, à « des moules de cloches ». Aucun outil n’a été retrouvé ni même aucun produit semi-fini. Il en va de même pour les élévations des fours qui semblent majoritairement avoir été évacuées en dehors de la zone.

Les indices de datation portent essentiellement sur la fourchette chronologique s’échelonnant du Xe au XIIe siècle.

Période moderne et contemporaine

Une partie d’un logis moderne a pu être mise au jour. Elle se caractérise par une construction quadrangulaire enchâssée (glacière, citerne ?) dans un angle du bâtiment (Fig. 3 et 4). Le comblement composé d’un remblai homogène a livré du mobilier du XVIIe-XVIIIe siècle.

Enfin, la période contemporaine est représentée une cour pavée et d’anciennes latrines appartenant à un bâtiment démoli dans la seconde moitié du XXe siècle.

Fig. 3 – Vue d’ensemble du bâtiment du logis moderne. Crédit : Eveha, 2022.
Fig. 4 – Détail de la structure parementée. Crédit : Eveha, 2022.

Conclusion

À ce stade des investigations et compte tenu des contraintes liées à la phase de fouille, de nombreuses incertitudes planent sur la zone d’activité métallurgique, nous contraignant à rester prudent dans l’interprétation. Compte tenu du contexte de découverte et de la nature de nos vestiges, entièrement tributaire des sondages du diagnostic mené par l’Inrap, seule une mise en commun des données et du mobilier permettra de confirmer ou non nos hypothèses de terrain. 

Selon nous, compte tenu de la fourchette chronologique (à resserrer par des datations radio-carbone) et de la proximité immédiate avec l’abbaye Saint-Benigne,  la réflexion tend davantage à se porter sur une zone d’activité artisanale dense et éphémère (potentiellement délimitée par des fossés) qui pourrait être mise en relation avec les chantiers de construction de l’abbaye Saint-Benigne et de ses dépendances.

Les recherches en laboratoire sont en cours et permettront d’affiner ces réflexions.