MAUVES-SUR-LOIRE (44) – Chemin de la Piletière

Les fouilles menées sur le site du 192, chemin de la Piletière à Mauves-sur-Loire (44) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Morgan Grall. en préalable à l’aménagement d’une maison individuelle. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges de la période antique liés à une occupation en bord de voie.

Un diagnostic archéologique réalisé par la Direction du Patrimoine et de l’Archéologie (DPARC) avait permis de mettre en évidence le potentiel du site : un carrefour routier avait été pressenti ainsi qu’une occupation antérieure gauloise. Ces hypothèses avaient conduit à établir deux objectifs auxquels devait répondre notre intervention : d’une part l’étude d’un tronçon de voirie antique et de ses aménagements périphériques (trottoirs), associés à un potentiel carrefour ; d’autre part la caractérisation et l’étude des vestiges gaulois sous-jacents, qui devaient faire l’objet d’un décapage sur l’intégralité de l’emprise. Malheureusement, aucun carrefour et aucune structure gauloise n’ont été identifiées.

Cette opération a toutefois permis de mettre au jour les vestiges d’une occupation antique assez dense, au regard de l’emprise étudiée, réduite en raison des réseaux qui la traversent. Il semblerait que l’on se situe au bord d’une importante voie empierrée d’axe NO-SE qui se situerait dans le prolongement de celle étudiée en 2021 sur la parcelle voisine AI17 (fouille d’A.-M. Lotton, Éveha, rapport en cours). Elle n’a été que partiellement repérée en limite orientale de l’emprise sur une surface d’environ 8,30 m² (près de 4,40m x 2 m) et se développe de toute évidence sous la route actuelle. Le bord ouest de cette voie nettement perceptible n’a révélé aucun aménagement particulier (Fig. 1).

Fig. 1 : Cliché du tronçon de la voie antique découvert sur le site, Crédit : Éveha, 2022.

À quelques mètres plus à l’ouest, le niveau de pierres reconnu lors du diagnostic comme une voie est apparu trop lâche pour être interprété ainsi (Fig. 2). Les unités stratigraphiques appartenant à celui-ci pourraient constituer des niveaux de cour, bordant un bâtiment qui a été entrevu à travers les quelques maçonneries conservées dans l’emprise (Fig. 3). Bien que nous n’en ayons qu’une vue partielle, ce bâtiment a connu au moins deux états, le second étant marqué par la récupération partielle d’une des maçonneries et la construction d’un mur fermant un espace qui était alors ouvert. Des espaces semblent d’ailleurs être reconnaissables, comme une galerie large de 1,10 m dont le sol présentent quelques recharges. En outre, deux caniveaux semblent contemporains et pourraient donc être en lien avec ce bâtiment (Fig. 4). Ce réseau de traitement des eaux usées pourrait s’accompagner d’un réseau d’adduction d’eau comme le laisse penser la découverte de ce qui semble être une emboîture de canalisation.

Fig. 2 : Cliché du niveau de pierres interprété comme un tronçon de voie lors du diagnostic,
Crédit: Éveha, 2022.
Fig. 3 : Cliché du bâtiment en cours de dégagement (en haut de la photographie notons la présence de la galerie), Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 4 : Cliché d’un des deux caniveaux découvert sur le site, Crédit : Éveha, 2022.

Cet édifice succède à une ou plusieurs constructions en matériaux périssables. Cette occupation se traduit par des trous de poteau avec calage. La vision que nous en avons reste toutefois biaisée et le plan originel sera compliqué à établir.

Par ailleurs, la fouille a pu mettre en évidence que ces installations intervenaient à la suite d’un chantier de remblaiement de la zone sud-ouest de l’emprise. Celui-ci était matérialisé par des niveaux de pierres couvrant une couche charbonneuse hydromorphe riche en mobilier, comblant une dépression dans le substrat qui traversait l’emprise du nord au sud (Fig. 5). Ce niveau initial devrait être datable assez aisément étant donné le matériel récolté. Il en va de même pour les autres couches qui contenaient pour la majorité d’entre elles de la céramique, de même que les comblements des différents trous de poteau et les niveaux de circulation.

Fig. 5 : Coupe illustrant la stratigraphie générale du site depuis la couche grisâtre comblant la dépression dans le substrat jusqu’à l’abandon de l’occupation antique, Crédit : Éveha, 2022.

L’opération menée au 192, chemin de la Piletière à Mauves-sur-Loire a ainsi offert une petite fenêtre de fouille sur ce qui pourrait appartenir à un quartier de l’agglomération antique, qui s’est développé à l’ouest d’une importante voie reconnue plus au nord lors des fouilles réalisées dans les parcelles voisines en 2021. L’analyse stratigraphique reste à affiner et les études du mobilier aideront à préciser la chronologie de l’occupation du site et ainsi mieux caractériser cette dernière.