MOISSAC (82) – Étude de bâti de l’abbaye

Le cloître de l’ancienne abbaye bénédictine Saint-Pierre de Moissac fait l’objet d’un vaste programme de restauration qui concerne, en particulier, la conservation de ses 76 chapiteaux romans. Le sel dont ils sont gorgés fait peu à peu disparaître l’épiderme de la pierre calcaire d’origine charentaise, altérant irrémédiablement leurs représentations sculptées. La conservation des chapiteaux nécessite leur dépose et leur immersion dans des bains de dessalement durant de nombreux mois. Une étude archéologique du cloître, dirigée par Yoan Mattalia, accompagne ce programme de restauration.

L’étude archéologique du cloître concerne essentiellement les quatre galeries et, surtout, le mur bahut et la claire-voie de chacune d’entre elles (Fig. 1 et Fig. 2). L’analyse s’étend également aux murs périphériques appartenant aux bâtiments monastiques et à l’église abbatiale qui délimitent le carré claustral.

Fig. 1 – Vue aérienne de l’abbaye de Moissac. Crédit : Éveha, 2023.
Fig. 2 – Vue du cloître de l’abbaye de Moissac. Crédit : Éveha, 2023.

La prospection géophysique

La première étape de l’opération a consisté en la réalisation d’une prospection géophysique menée par Quentin Vitale (labo Geo-Heritage, Eveha International) dans les galeries et le préau (Fig. 3). Les résultats font apparaître l’existence de structures bâties conservées à divers endroits du cloître, jusqu’à plusieurs mètres de profondeur. La nature de ces structures reste, pour l’instant, encore inconnue.

Fig. 3 – Prospection géophysique en cours dans le préau du cloître de l’abbaye de Moissac. Crédit : Éveha, 2023.

L’étude archéologique du bâti

La deuxième étape de l’opération a pris la forme d’une analyse archéologique du bâti du mur bahut et de l’arcature de chaque galerie. Elle a permis de mettre en évidence l’homogénéité de la mise en œuvre de cet ensemble qui fait la part belle au remploi d’éléments architecturaux provenant, en particulier, d’un cloître antérieur du début du XIIe siècle. L’existence de plusieurs passages, aujourd’hui bouchés, trahit l’existence d’une circulation différente entre l’intérieur et l’extérieur des galeries durant la période médiévale. Les murs périphériques du cloître sont d’une grande complexité. Leur mise en œuvre, encore mal datée, et les très nombreuses reprises de construction dont ils ont fait l’objet au cours des siècles ont nécessairement entraîné des répercussions sur l’architecture du cloître.

Les recherches à venir

La prochaine étape de l’opération consistera en une campagne de datation des matériaux de construction du cloître afin d’essayer de mieux situer dans le temps la reconstruction de cet édifice attribuée jusqu’à présent, par des analyses formelles, à l’abbé Bertrand de Montaigut ou à son prédécesseur, Guillaume de Bessens, au milieu ou dans la seconde moitié du XIIIe siècle.

Des sondages archéologiques seront ensuite réalisés dans les galeries afin de déterminer, en particulier, les niveaux de circulation des galeries du XIIIe siècle ainsi que les niveaux d’apparition de la fondation du mur bahut de chaque galerie, tout en essayant d’appréhender l’origine des problèmes hydriques dont souffre l’édifice.