Les fouilles archéologiques menées sur le site de Châteauponsac (87) – Église Saint-Thyrse – Tranches 1, 2 et 3 – parties occidentales et orientales de l’édifice – ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Isabelle Pignot, dans le cadre du projet de restauration de l’édifice porté par la commune de Châteauponsac. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité à l’Époque moderne venant profondement transformer nos connaissances sur cette église.
Les enjeux de l’opération
L’opération archéologique s’est déroulée en trois temps entre 2016 et 2022, afin de respecter au mieux le déroulement des travaux de restauration. Les objectifs étaient de mieux appréhender les différents états de construction de l’édifice et de reconnaître la stratigraphie des occupations qui se sont succédées dès la fondation de l’église jusqu’à nos jours.
En sus de ces observations et sondages archéologiques, une étude historique a été menée en parallèle pour présenter le monument dans son contexte historique particulier. Il s’agissait de rendre compte de ses principales périodes de construction, de l’historique des destructions, des modifications apportées et des travaux de restauration ou d’entretiens réalisés.

Les principaux résultats
Le site de l’église Saint-Thyrse s’est révélé particulièrement riche, malgré les limites inhérentes à ce type de suivi de travaux ne permettant que des sondages sédimentaires limités, et des observations de bâti parfois incomplètes et morcelées en fonction des rythmes imposés par le chantier de restauration.
Cette opération a été l’occasion de faire le point sur l’historique du site, l’analyse des élévations et des éléments lapidaires* en remplois, l’étude des fonds d’archive, tandis que les sondages ont permis de dégager 64 structures funéraires et une trentaine de murs.
lapidaire : désigne les pierres taillées, sculptées ou décorées.
L’Antiquité (-27 à 476 )
L’occupation antique du site est attestée à la fois par la présence de remplois, d’un mobilier en terre cuite (pilettes* et tailloir* gallo-romains), mais également par au moins deux maçonneries surmontées de niveaux d’abandon similaires ayant pu être datés. La nature de cette occupation est toutefois délicate à cerner en l’état actuel des connaissances (rempart ? mausolée* ?).
pilette : élément en terre cuite de section carrée ou ronde, servant à former une pile de soutènement d’un sol sus-jacent dans le cadre d’un système de chauffage par hypocauste.
tailloir : désigne ici un élément architectural aux caractéristiques similaires aux pilettes mais offrant un bord à double pan, biseauté puis droit. Il pourrait avoir formé la partie supérieure d’une colonne ou, à l’inverse, avoir servi de socle.
mausolée : monument funéraire de grandes dimensions et richement paré.
Le haut Moyen Âge (476 à 1000)
Le haut Moyen Âge est représenté par quelques maçonneries, notamment sous la fondation de la façade occidentale de l’église actuelle. Une sépulture relève également de cette époque. Elle est orientée nord-sud et est recoupée par la fondation de l’église romane. S’agissait-il d’un édifice de culte avec nécropole associée ?

Le Moyen Âge central et tardif (1000-1500)
La période romane (11e – 12e s.) est bien représentée. L’église est alors édifiée sur les ruines de l’ancien édifice antique et de l’église pré-romane. Des sépultures à inhumation lui sont associées, notamment le long du bras nord du transept*, le long du mur gouttereau* nord de la nef, et au niveau du parvis, ce qui semble correspondre à l’emplacement du « Petit Cimetière » évoqué dans les archives modernes. Il était donc visiblement déjà largement usité au Moyen Âge. Ces inhumations sont majoritairement en coffrage, parfois associées à des pots en terre cuite.
Le 15e siècle voit de profonds remaniements de l’église. On reconstruit la nef* partiellement, ainsi que la façade occidentale. Par contre, nous n’avons pu identifier de sépultures de cette période.
transept : nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église et qui lui donne ainsi la forme symbolique d’une croix.
gouttereau : mur portant une gouttière ou un chéneau terminant le versant de toiture et recevant les eaux, par opposition au mur pignon.
nef : partie d’une église qui s’étend du portail jusqu’au chœur de celle-ci.

L’Époque moderne (1500 à 1790)
Quant à la période moderne, elle se caractérise par des sépultures nombreuses, particulièrement dans la nef. Elles sont plus discrètes à l’extérieur, bien qu’elles soient pourtant attestées dans les textes au niveau du « Petit cimetière » à cette période. Elles étaient peut-être situées plus en retrait de l’église, au niveau de la place Saint-Thyrse.

Conclusion
Cette richesse des résultats archéologiques montre le fort potentiel de ce site qui mérite amplement ce projet de restauration, s’il était besoin de le démontrer. De nouvelles investigations archéologiques pourraient permettre une meilleure compréhension des niveaux les plus anciens, antiques et pré-romans, encore méconnus et mal perçus dans l’emprise de sondages restreints.