Les fouilles menées sur le site de la ZAC Pyrénia sur la commune d’Ossun ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Guillaume Seguin dans le cadre du projet d’extension de la société TARMAC, spécialisée dans la maintenance aéronautique. Ces recherches ont ainsi permis de documenter tout un pan d’histoire contemporaine : à partir de 1940, l’usine Morane-Saulnier, y a produit des avions de chasse, puis l’aérodrome est occupé par l’armée allemande à partir de novembre 1942 et devient un site d’entraînement de la Luftwaffe. Les abords des pistes sont alors aménagés et dotés d’un imposant dispositif de mise en défense. Les troupes allemandes quittent les lieux en août 1944, non sans avoir détruit une partie de leurs installations et de nombreuses archives.
L’opération a consisté en l’ouverture de deux fenêtres d’environ 5000 m2 chacune, centrées sur des aménagements observés sur une photographie aérienne prise en 1945 et dont la présence avait été confirmée lors du diagnostic archéologique réalisé en 2021 (Fig. 1).

Une alvéole de protection des avions
L’ouverture de la fenêtre nord a permis la mise au jour complète d’une alvéole de protection pour avion(s) (splitterboxen). Ce type de dispositif apparaît en périphérie des pistes afin de disperser la flotte, éviter les regroupements de matériel et limiter les effets dévastateurs des bombardements alliés. L’alvéole se caractérise par une vaste plateforme d’environ 2500 m2 ceinte par trois fossés et bordée de talus. Le quatrième côté, ouvert vers l’est, est relié à une allée empierrée (rollstrass) filant en direction de la piste de décollage (Fig. 2). Quatre fosses, contenant chacune deux barils superposées ont été mises en évidence dans les angles de la plateforme. Ces aménagements s’apparentent à des puits perdus et devaient probablement participer au drainage de l’espace central (Fig. 3). La présence d’un plot en béton a été identifiée à proximité immédiate de chaque fosse. Ces plots devaient supporter un poteau dont la fonction exacte reste difficile à préciser.
Ces installations ont été en partie détruites par pétardage de bombes, comme l’atteste la présence de nombreux éclats métalliques et la caractérisation d’un effet « blast » ayant déformé les barils. Ces fosses ont livré des fragments et pièces aéronautiques (durite, composants électriques, fragments de cadrans, quincaillerie aluminium…) confirmant la présence d’avions allemands.
L’observation d’un câble, en place, et suivi sur une trentaine de mètres, atteste que cette plateforme disposait d’une alimentation électrique.


Un possible baraquement préfabriqué
Dans la partie nord-est, un espace quadrangulaire d’environ 25 x 15 m, ceinturé par quatre larges fossés a été identifié. Aucun aménagement intérieur n’a été observé. La fouille intégrale des fossés a livré très peu de mobilier. La présence d’une serrure de porte, de clous, de bâche bitumée et de composants électriques sont les seuls éléments permettant de discuter de la présence possible d’un petit baraquement préfabriqué, vite construit et rapidement démonté au terme du conflit.
Une antenne radio ou un feu de guidage pour avion ?
Dans la partie sud-ouest, la fouille a permis de localiser quatre plots en béton ayant servi d’encrage à des poteaux carrés de 15 cm de côté (Fig. 4). Les deux poteaux sud sont bordés par une fosse ayant livré un câble d’acier détressé, ayant très probablement fait office de paratonnerre (Fig. 5). La présence de tronçons de fils électriques suggère la présence d’une génératrice électrogène. Cet espace était ceint par un large fossé en forme de U et bordé de talus afin de mettre en protection le dispositif. Cet aménagement pourrait marquer l’emplacement d’une antenne radio ou d’un feu de guidage pour avion.
Le squelette complet d’un cheval adulte mâle a été localisé à proximité. Les pattes de l’animal ont été intentionnellement brisées à la masse afin de faire rentrer la carcasse dans la fosse (Fig. 6). La relation entre la présence de cet animal et l’occupation allemande reste incertaine à ce stade de notre étude.



Les études du mobilier ainsi que les recherches d’archives se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation au cours des années 1942-1944.