Les fouilles archéologiques, menées sur le site de Monferran-Savès (32) – Au Moulin, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Marie-Caroline Di Palma, dans le cadre du projet d’aménagement porté par le ministère de la Transition écologique et solidaire – DREAL Occitanie. Ces investigations ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité.
Problématiques scientifiques
Les fouilles archéologiques visaient à mieux comprendre l’organisation spatiale et chronologique du site identifié comme une occupation rurale au diagnostic, et par là même contribuer à éclairer la fonction et l’évolution des établissements antiques ruraux, peu documentés localement.
Zone 2 : les vestiges d’un espace funéraire antique
Les fouilles archéologiques réalisées à la suite du diagnostic ont révélé la présence d’une occupation antique sur les deux zones prescrites. Dans la zone 2, en partie haute, les investigations ont permis dans un premier temps de mettre au jour les fondations d’une structure maçonnée quadrangulaire associée à des niveaux de démolition. Il pourrait s’agir des vestiges d’une pile funéraire au regard du contexte topographique et archéologique.
À l’extrémité sud-est de la parcelle, les fouilles ont également révélé la présence de cinq sépultures. Sur ces cinq sépultures, quatre sont en position primaire, trois sont des individus immatures, le dernier est un individu adulte. La cinquième sépulture est un dépôt secondaire d’un individu adulte. Ces sépultures étaient accompagnées soit de dépôts monétaires, soit de vases essentiellement fragmentés. Les squelettes sont dans un état de conservation très moyen (Fig. 1).
Quelques dépôts de mobilier ont également été mis au jour dans ce secteur sans que l’on puisse les associer à une structure particulière. Il s’agit de deux vases écrasés sur place ainsi que le fond d’un vase accompagné d’un dépôt monétaire.
Cinq inhumations de caprinés ont également été découvertes dans la partie orientale de l’emprise de fouille, ainsi qu’une fosse indéterminée ne contenant aucun mobilier.
À quelques mètres plus à l’ouest, toujours sur cette même zone, les fouilles ont révélé la présence d’un petit bûcher funéraire de plan quadrangulaire (Fig. 2).
Zone 1 : les vestiges d’un fanum antique
Sur la zone 1, les vestiges découverts sont plus conséquents. Un fanum gallo-romain occupe toute la zone centrale de l’emprise de fouille (Fig. 3). Il est constitué d’une cella de plan carré mesurant 5,40 m de côté – appelée bâtiment 2 –, entourée par une première enceinte de plan carré également (bâtiment 3) et d’une seconde enceinte (bâtiment 4) de même plan, mais présentant une orientation légèrement décalée. Les fondations de cette dernière enceinte, bien conservées au sud et à l’est, sont particulièrement massives et peuvent atteindre plus de 0,70 m de hauteur (Fig. 4 et 5).
Au centre de la cella, les fouilles ont révélé la présence d’une structure rectangulaire dont il ne subsiste que les fondations faites de fragments de marne. Il pourrait s’agir d’une base de piédestal qui aurait pu permettre de soutenir la statue d’une divinité. Les vestiges d’un sol en terrazzo ont également été retrouvés le long des murs MR 130 et MR 107 de la cella. Les fondations des murs des différents bâtiments sont dans l’ensemble particulièrement bien conservés (Fig. 6). Une partie de l’élévation du mur nord-est et du mur est du bâtiment 3 semble encore en place et présente une maçonnerie en opus mixtum (Fig. 7).
Le temple semble avoir fait l’objet de plusieurs phases de constructions, révélées notamment par l’étude du bâti et par la découverte de vestiges de murs entre les bâtiments 2 et 3 et contre les fondations de certains murs. Une structure de plan circulaire vient également couper l’angle formé par quatre murs (Fig. 8).
À l’est, entre les murs du bâtiment 3 et du bâtiment 4, les fouilles ont permis de découvrir un radier composé de fragments de calcaire, de fragments de mortier et de fragments de tuiles/briques (Fig. 9). Sa fonction demeure pour le moment indéterminée. Il était recouvert par une couche de démolition présentant des fragments d’enduits peints et de mortier.
Quatre foyers ont été découverts dans les espaces de circulation entre les bâtiments 3 et 4. Ces structures de chauffe n’étaient malheureusement conservées que sur quelques centimètres d’épaisseur. Sur les fondations du mur est du bâtiment 4, les fouilles ont également révélé la présence d’un petit amas de clous.
Diverses couches de démolition recouvraient en partie les vestiges du temple, notamment à l’ouest et au nord.
Au sud-est est du sanctuaire, on trouve un mur orienté est-sud. Seule une assise de briques disposées à plat est conservée. L’angle d’un petit bâtiment formé par deux murs construits en briques a également été découvert dans ce secteur (bâtiment 5) ainsi qu’une couche de mortier qui pourrait être le témoin d’un sol maçonné à cet endroit (Fig. 10).
À l’est de la parcelle, les fondations d’un bâtiment de plan quadrangulaire ont été mises au jour (bâtiment 1) (Fig. 11). Seule la première assise de fondation, faite de blocs de molasse non équarris, est conservée. Différentes couches de démolition ou d’effondrement peuvent être associées à cet édifice.
Dans la partie est de l’emprise de fouille, onze fosses présentant des rejets de crémation ou un comblement très charbonneux ont été découvertes. Les premières investigations ont révélé la présence essentiellement d’esquilles d’os de faune brûlées.
Trois tronçons de fossés ont été mis au jour sur l’ensemble de la parcelle. Ils présentent des orientations variables.
Quatorze structures en creux de type trous de poteau ont également été répertoriées. La majorité de ces structures a été mis au jour dans les différents espaces du fanum dont quatre au centre de la cella, sous les fondations de la structure (Fig. 12). Un trou de poteau a également été découvert au centre du bâtiment 1.
Enfin, les investigations ont révélé la présence de plusieurs structures indéterminées situées en majorité dans la zone centrale et dans la zone sud-est de l’emprise de fouille. Il s’agit essentiellement de fosses peu profondes ne présentant aucun mobilier.
Le mobilier archéologique
La quantité de mobilier céramique retrouvé sur le site est assez restreinte, ce qui n’est pas rare dans ce type de contexte cultuel. Mais les fouilles ont permis de récolter un nombre important de monnaies romaines (221) dont 21 demi monnaies découvertes dans la partie nord-ouest de l’emprise de fouille de la zone 1.
Perspectives de la recherche
Les recherches se poursuivent désormais en laboratoire où l’analyse des données de terrain et les études de mobilier permettront d’affiner notre compréhension du site.