TOULOUSE (31) – Hôtel de Bernuy et Collège Fermat

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Toulouse (31)  –  Hôtel de Bernuy – Collège Fermat ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Teddy Loupmon dans le cadre du projet, porté par Conseil Départemental de la Haute-Garonne, de la restauration et de la mise en valeur de l’Hôtel de Bernuy, construit au début du 16e siècle et classé Monument Historique depuis 1889. Les investigations archéologiques ont ainsi permis de mettre au jour des vestiges datés du Moyen Âge et de l’Époque moderne.

Le contexte de l’intervention

L’intervention archéologique a été prescrite dans le cadre des travaux visant à améliorer la mise en valeur de la cour d’entrée de l’hôtel particulier situé en plein centre de Toulouse. Le suivi archéologique consistait ainsi en la surveillance de deux tranchées nécessaires à l’amélioration de l’assainissement de la cour d’entrée et du passage vers la cour d’honneur de cet hôtel

L’opération archéologique avait pour objectifs de documenter la mise en œuvre des murs dégagés, d’étudier les techniques de construction et la chronologie du chantier du début du 16e siècle, et de vérifier l’absence de maçonneries plus anciennes. Elle visait également à enregistrer et étudier la séquence stratigraphique des deux tranchées, en intégrant les résultats archivistiques, historiques et archéologiques disponibles.

Phase 1 : la tranchée au droit du mur ouest de l’ancienne cour d’honneur

L’opération a été divisée en plusieurs phases. La première phase opératoire correspond au suivi archéologique des travaux de la tranchée du hérisson ventilé (Fig. 1 et 2). Cependant, suite à la modification du projet initial, liée aux contraintes techniques du chantier, les dimensions de cette tranchée 1 ont été fortement réduites. Située au droit du mur ouest de l’ancienne cour d’honneur, sous le préau de l’actuelle cour principale du collège Pierre de Fermat, cette tranchée a été entièrement creusée manuellement par l’équipe de fouille. Cependant, au vu de la faible profondeur atteinte, la tranchée 1 n’a pas révélé d’importantes données stratigraphiques. En effet, le premier niveau, qui correspond au niveau de circulation actuel, est composé d’une couche de béton de ciment relativement épaisse.

Le niveau sous-jacent à cette couche de béton est essentiellement composée d’un remblai de démolition allant de 0,15 m à 0,20 m d’épaisseur. On y trouve toutefois quelques vestiges fragmentés de mobilier céramiques et de restes fauniques. Même si quelques éléments datables du Moyen Âge ont été mis au jour, la grande majorité se situe plutôt dans une fourchette chronologique allant de l’Époque moderne à l’Époque contemporaine (18e-19e s.). La composition sédimentaire de la couche suivante est sensiblement identique, à l’exception de sa compacité plus élevée et d’une quantité d’éléments de construction plus importante (Fig. 3 et Fig. 4).

Parmi eux, plusieurs fragments de sculptures architecturales, provenant sans doute d’un remaniement de la face ouest de la baie située au-dessus de la tranchée, ont été mis au jour (Fig. 5 et Fig. 6).

Aussi, on trouve dans cette couche une variété de mobilier différente, dont plusieurs éléments de « petits objets » (céramique, os, métal, monnaie). Tout comme la céramique issue de la seconde couche, la très grande majorité du petit mobilier est datable soit de l’Époque moderne, soit de l’époque contemporaine.

Phase 2 : la tranchée au droit de la façade nord de l’hôtel

La seconde phase de cette surveillance archéologique a eu lieu quelques mois plus tard et consistait au suivi du creusement de la tranchée de drain (tranchée 2), au pied de la façade nord de l’hôtel, côté jardin, dans l’actuel square situé à l’angle de la rue Gambette et de la rue Lakanal (Fig. 7).

Suite à la modification du projet initial, liée aux contraintes techniques du chantier, les dimensions de la tranchée 2 ont été quelque peu réduites (Fig. 2). Cette tranchée a été majoritairement creusée à la mini-pelle mécanique puis nettoyée par l’équipe de fouille. Cependant, cette tranchée n’a pas révélé d’importantes données stratigraphiques sédimentaires. En effet, le niveau de fond de fouille nécessaire aux travaux correspond au niveau d’implantation de réseaux (eau, gaz, électricité), plus ou moins récent, mais datant sans aucun doute de la seconde partie du 20e siècle (Fig. 8). Les niveaux de remblais excavés ne correspondent donc qu’à des niveaux de comblement de tranchée de réseaux. Aucun mobilier archéologique antérieur au 20e siècle n’a été mis au jour.

Pour autant, le dégagement de la partie basse du bâtiment laisse entrevoir plusieurs trous de poutre à environ 0,50 m de profondeur sous le niveau de circulation actuel (Fig. 9). Aussi, lorsqu’il n’a pas été retaillé pour l’implantation des réseaux récents, un léger ressaut apparaît à quelques centimètres au-dessous de ces trous de poutre (Fig. 10). Ce ressaut, qui semble à première vue correspondre à la fondation du bâtiment, est, sans doute, plutôt lié à un bâtiment antérieur à la construction de l’hôtel de Bernuy. La présence de ces trous de poutre, situés à une altimétrie relativement basse et donnant sur l’extérieur de la façade, mais aussi la présence en façade, d’arrachements et d’ouvertures bouchées, argumentent en ce sens. De plus, les modules de briques utilisés pour la construction de ce mur, actuellement en sous-sol, ont des dimensions plus modestes, en comparaison avec les éléments en élévation appartenant à l’hôtel. Il ne fait donc aucun doute qu’un bâtiment préexistait à la construction de l’hôtel de Bernuy en lieu et place de l’actuel square.
Les arrachements en façade et les bouchages d’ouvertures semblent toutefois indiquer que le mur de cet édifice, aujourd’hui disparu, a été intégré à l’hôtel, fermant ainsi la cour et ses galeries au nord.

Les recherches à venir

Au-delà de l’intervention sur le terrain, un état des lieux de la documentation disponible a été réalisé, afin d’appréhender le contexte historique du secteur concerné par nos investigations. De même, le traitement des données, la DAO et les études du mobilier ont été menés. Les résultats des recherches archivistiques, historiographiques et archéologiques vont ainsi être confrontées aux observations réalisées lors de l’ouverture des différentes tranchées.