Les fouilles menées à Toulouse (31) sur le site de la rue du Férétra et des jardins de l’immeuble au numéro 96 ont été sous la responsabilité de Nora Hounieu.
Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension du réseau de chaleur urbain de Toulouse par DALKIA. Le suivi de travaux archéologiques a permis de mettre au jour des vestiges datés du Moyen Âge à l’époque contemporaine.
Les objectifs scientifiques et le contexte archéologique
L’ouverture de 10 m linéaires de tranchées (1,10 m à 1,60 m de large et de 1,10 m à 2 m de profondeur) avait pour but de compléter nos connaissances de ce quartier de Toulouse depuis l’époque gauloise jusqu’à l’époque médiévale et de documenter les possibles vestiges funéraires liés à la présence du cimetière de Saint-Roch. En amont de la fouille, une étude documentaire approfondie devait être réalisée : inventaire des fonds bibliographiques et archivistiques, sources planimétriques, graphiques et textuelles, etc.
La fouille était donc l’occasion de croiser ces informations anciennes avec les nouvelles données de terrain et d’interpréter in fine, la nature, le statut et le développement des différentes occupations de ce secteur à travers le temps.
La nécessité d’une surveillance archéologique de ce quartier s’expliquait par la proximité de l’agglomération gauloise du secteur Saint-Roch en rive droite de la Garonne, aux pieds des coteaux de Pech David. Le linéaire concerné se situe dans la partie sud-est de son emprise (superficie évaluée à 70 ha) à environ 500 m des fouilles réalisées à la ZAC Niel (Verrier 2015). Il s’agissait de pouvoir documenter les occupations liées à cette agglomération gauloise. Par ailleurs, à l’angle de la rue du Férétra et de la rue Saint-Roch, une chapelle éponyme est attestée dès le XIIIe s. avec un cimetière attenant au sud de l’Époque moderne jusqu’au XIXe s. La mise au jour de vestiges funéraires était donc fortement suspectée pour la partie septentrionale de l’aménagement.
Perturbation des niveaux archéologiques
L’intervention d’urgence fait suite à la découverte d’ossements humains dans la partie des jardins et n’a permis de suivre qu’un peu plus de 10 m linéaires sur les 150 du tracé initial. Le suivi s’est révélé négatif dans la partie rue du Férétra et aucun vestige archéologique n’a été découvert. En effet, la présence d’une ancienne conduite en fonte d’eau potable qui longe la tranchée des travaux côté occidental explique l’absence de vestige. Seuls étaient présents les remblais liés à son installation, caractérisés par des limons argileux à sableux avec de nombreux graviers et galets décimétriques. Ces niveaux n’ont pas livré de mobilier archéologique, hormis de rares plastiques. Notons également que la conduite d’eau potable actuelle vient longer sa partie orientale jusqu’à la jonction de la rue avec les jardins. Elle est surmontée par un remblai sableux gris clair, avec de nombreux graviers, également liés à sa mise en place. En outre, de nombreux réseaux actuels perturbent l’ensemble d’est en ouest à chaque raccordement aux habitations actuelles. Les nombreux réseaux qui traversent la jonction entre la rue du Férétra et le jardin de l’immeuble ont grandement perturbé les niveaux archéologiques. La semelle filante de fondation du mur délimitant le jardin de la rue, ainsi que l’actuel trottoir, contribuent également à la perturbation de ces niveaux.
Les traces perturbées du cimetière Saint-Roch
Le raccordement entre le sondage profond (dont étaient issues les découvertes fortuites d’ossements humains) à l’est du mur de délimitation avec la rue et les tranchées orientales du jardin (déjà excavées à notre arrivée) nous a permis d’appréhender la stratigraphie de ce dernier. Le niveau supérieur est constitué de « terres de jardin » incluant de nombreux débris actuels (bouteilles en verre, canettes en aluminium, tubes en PVC de l’arrosage automatique) et de rares galets. Directement sous ce niveau apparait un remblai de limons sableux bruns avec de nombreux matériaux de construction récents tels des briques, du béton, des fiches en fer, du mortier et de nombreux blocs de galets. Ce niveau livre également du matériel osseux humain, de la céramique et du verre. Il s’agirait donc d’un remblai correspondant à l’installation des fondations de l’immeuble attenant ayant perturbé l’ancien cimetière de Saint-Roch, expliquant ainsi la présence d’ossements « en vrac ». Dans la coupe orientale du sondage profond, des ossements humains ont également été aperçus à 1,70 m de profondeur. S’agit-il des niveaux du cimetière ? Ou d’un niveau d’interface entre le niveau remanié récent et les niveaux historiques (cimetière en activité du XIIIe au XIXe s.) ? Ces questions trouveront sans doute une réponse lors de la phase de post-fouille.
La phase d’étude en laboratoire
Ce type d’intervention témoigne de l’importance des suivis de travaux dans la compréhension du développement des quartiers urbains. Les études de post-fouille et les analyses du mobilier archéologique se poursuivent actuellement en laboratoire. Ces dernières, ainsi que les données récoltées lors de la fouille permettront probablement d’apporter des éléments de réponse sur l’histoire de ce quartier de Toulouse.