MATIGNON (22) – 2, rue du Manoir – Lot 1

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Matignon (22) – 2, rue du Manoir – Lot 1 ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Paul Lagarrigue, dans le cadre du projet de pavillon pour des particuliers. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de la Protohistoire, du Moyen Âge et des Époques moderne et contemporaine.

La fouille du site du 2 rue du Manoir a offert l’opportunité d’étudier la distribution et l’évolution de bâtiments situés dans la basse-cour d’une motte castrale. Elle a également permis de suivre la transformation de cette dernière en ensemble manorial, alors que la chapelle devient elle-même collégiale.

Par sa position, la motte de Matignon s’inscrit dans des problématiques régionales sur les enjeux de la société féodale entre les grands barons bretons ; les rives de l’Arguenon forment ainsi une véritable ligne de front entre le comté de Rennes et celui du Penthièvre.

Lors de l’opération, l’étude s’est alors concentrée sur la vie domestique au sein d’une basse-cour seigneuriale, puis d’un manoir et de ses dépendances aux abords d’une collégiale. Un regard a aussi été porté sur les destructions et la reconversion en jardin de l’emprise, lorsqu’un hameau s’est formé autour du presbytère avec de nouveaux bâtiments domestiques au 19e siècle.

À la suite de l’intervention, les premières observations – avant étude par les spécialistes – paraissent offrir de nombreuses perspectives d’une ou plusieurs occupations sur le temps long, a minima, depuis l’âge du Bronze, caractérisées par quelques fossés, structures en creux, et du mobilier. L‘Antiquité semble se manifester à travers des fragments de tegulae, qu’il n’est pas impossible d’assigner à des périodes plus récentes.

Les installations du Moyen Âge détruisent et effacent presque totalement les vestiges des périodes sous-jacentes. L’installation d’une motte avec basse-cour, implique tout un ensemble de bâtiments, dont les maçonneries au nord-est de l’emprise peuvent en être les vestiges. Elles sont caractérisées par des murs bahut dans lesquels s’observent les emplacements des poteaux. De même, d’imposantes fosses pour poteaux plantés et des structures à vocation artisanale ou de stockage ont pu fonctionner avec ces bâtiments. La relation chronologique de cet ensemble complexe sera qualifiée en post-fouille, mais il en ressort déjà une organisation structurelle faisant écho à d’autres basses-cours fouillées dans d’autres régions, en Normandie, notamment.

Fig. 1 : Mur bahut, dans lequel se retrouve l’emplacement des poteaux d’un bâtiment qui peut fonctionner avec la motte. Crédit : Éveha, 2025.

Le Moyen Âge tardif offre le bâtiment le plus évident, qui toutefois a connu de nombreux remaniements, caractérisés par des constructions de pièces successives avec des murs de diverses factures, pour atteindre le plan représenté – et très réduit — sur le cadastre dit « Napoléonien ». Il n’est pas encore possible de déterminer s’il s’agit des vestiges des dépendances du manoir ou de l’habitat vernaculaire, comme celui connu dans la région pour les terre-neuvas.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les ruines du dernier état de bâtiment étaient encore en partie en élévation ; l’occupant les a opportunément utilisées pour installer un abri – respectant l’emplacement des maçonneries – qui devait servir d’appui à la position connue sur la motte.

Fig. 2 : Une des grandes fosses pour poteaux plantés pouvant porter une structure en charpente fonctionnant avec le bâtiment médiéval. Crédit : Éveha 2025.
Fig. 3 : Bâtiment tardo-médiéval-moderne en cours de fouille. Crédit : Éveha 2025.
Fig. 4 : Pièce du bâtiment tardo-médiéval-moderne avec cheminée, et sol en terre battue en cours de fouille. Crédit : Éveha 2025.
Fig. 5 : Cheminée réaménagée dans une ancienne cheminée. Crédit : Éveha 2025.
Fig. 6 : Mur de la dernière phase du bâtiment installé sur un fossé plus ancien. Crédit : Éveha 2025.
Fig. 7 : Abri de l’armée allemande creusé dans les ruines du dernier bâtiment lors de la Seconde Guerre mondiale. Crédit : Éveha 2025.