LE PALLET (44) – Rue de la Sèvre

Les fouilles menées rue de la Sèvre sur la commune du Pallet (Loire-Atlantique) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Marine Gourmelon entre février et août 2020. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement d’un lotissement par la SAS Les Terrasses de Sèvres. L’emprise investiguée se situe au sud de l’actuel bourg du Pallet, limitée dans sa partie nord par la voie de chemin de fer et dans sa partie sud par un front de carrière. L’ensemble prend place sur un plateau dominant au sud le cours de la Sèvre Nantaise. L’opération archéologique a permis la mise au jour d’une portion d’enceinte du Néolithique ainsi qu’un enclos trapézoïdal du second âge du Fer.

L’occupation néolithique (env. 5e-4e millénaire avant notre ère)

L’occupation néolithique se compose d’un fossé curviligne mis au jour sur 300 mètres de long et interrompu par quatre entrées (nord, nord-est, est, sud-est). Ce fossé est associé à un système d’enceinte connu pour l’époque du Néolithique. La surface décapée à l’intérieur de l’espace ainsi défini est de 1,4 ha. Ce fossé mesure entre 1 m et 1,8 m de profondeur pour un peu plus de 3 m de large, et son profil général montre des parois obliques associées à un large fond plat. Une tranchée parallèle au fossé permet de restituer une largeur de talus d’environ 4 m. Les systèmes d’entrées disposent d’aménagements sous forme de tranchées perpendiculaires joignant les extrémités du fossé d’enceinte à celles des tranchées. Des poteaux d’environ 0,5 m de profondeur marquent l’extrémité des tranchées au niveau de chaque entrée. Le mobilier recueilli au sein du fossé d’enceinte appartient majoritairement au Néolithique moyen (4800-3500 avant notre ère, fig. 1). Deux petits ensembles de trous de poteau sont présents dans l’espace interne de l’enceinte. Ces structures sont assez mal conservées et seul un bâtiment sur six poteaux dans la zone sud de l’opération a pu être identifié clairement (fig. 2). Quelques structures de combustion (foyer à pierres chauffées) ont également été observées et étudiées (fig. 3).

L’étude de la topographie alentour suggère une forme globalement ovalaire de cette enceinte orientée nord-est/sud-ouest. Sa superficie totale pourrait ainsi atteindre au maximum 4,5 ha.

Fig. 1 . Détail d’une céramique néolithique en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2020.
Fig. 2. Bâtiment sur six poteaux. Crédit : Éveha, 2020.
Fig. 3. Structure de combustion néolithique en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2020.

L’occupation de l’âge du Fer (IIe-Ie s. avant notre ère)

Le site laténien se matérialise quant à lui par un enclos complet de forme légèrement trapézoïdale qui vient s’installer contre le fossé d’enceinte néolithique dans sa partie nord : le fossé sud de l’enclos gaulois recoupe légèrement à cet endroit le fossé d’enceinte néolithique.

Cet enclos mesure à sa base 65 m de long au niveau de sa façade sud-ouest et 48 m de long au niveau de sa façade nord-est, au milieu de laquelle se trouve l’unique entrée large de 4,50 m. Les deux autres façades mesurent, quant à elles, 44 m (nord-ouest) et 51 m (sud-est). La superficie interne s’élève à 2650 m². Les façades nord-est et sud-est sont doublées par un second fossé à l’intérieur de l’enclos. L’étude de la stratigraphie des coupes de fossés suggère la présence d’un talus interne. Cette hypothèse est confortée par l’absence de vestige sur une bande interne d’environ 4 m le long des fossés d’enclos. Une entrée unique a été identifiée (fig. 5). Large de 4,50 m, elle se situe au centre de la façade nord-est de l’ensemble. De nombreux impacts de trous de poteau et fosses se localisent à l’intérieur de l’espace ainsi défini. Des bâtiments sur poteaux (fig. 6), ainsi que des systèmes de palissades partitionnant l’espace ont ainsi pu être identifiés. Le mobilier archéologique, notamment céramique, recueilli dans les structures associées à cette occupation est homogène et témoigne d’une occupation humaine prenant place au cours du IIe siècle avant notre ère. Le vaisselier est caractéristique des sites d’habitat de la région et suggère ici un niveau de vie assez modeste. Cet habitat ne semble pas perdurer au-delà de la Tène D1 (150-70 av. J.-C).

Le site du Pallet constitue un exemple rare de site d’habitat reconnu dans la région pour le Néolithique moyen. Il vient ainsi compléter le corpus des sites comparables illustrés par les enceintes d’Auzay (85), Distré (49), Guérande-Saudun (44) et Donges (44). L’occupation du second âge du Fer s’inscrit dans un territoire où les connaissances archéologiques se sont particulièrement renouvelées ces dernières années grâce aux opérations d’archéologie préventive récentes, notamment sur les communes voisines d’Aigrefeuille-sur-Maine (44) et de Vallet (44).

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de ses occupations.

Fig. 4 . Système d’entrée de l’enclos gaulois. Crédit : Éveha, 2020.
Fig. 5. Ensemble bâti gaulois. Crédit : Éveha, 2020.