CLERMONT-FERRAND (63) – Aéroport d’Aulnat

Les fouilles archéologiques menées sur le site de l’aéroport de Clermont-Aulnat ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Guillaume Maza. Elles interviennent dans le cadre d’un projet d’élargissement de la piste principale par le syndicat mixte de l’aéroport (SMACFA).

L’opération s’est déroulée en trois phases conformément au cahier des charges du service régional de l’Archéologie : d’abord une étude documentaire a été menée par Hervé Delhoofs. Elle était destinée à recoller, identifier et enregistrer (SIG) les anomalies visibles à partir des fonds de photographie aérienne, en même temps que de synthétiser les données sur le contexte archéologique général de l’agglomération celtique d’Aulnat-Gandaillat.

Puis, des prospections géophysiques ont été réalisées pour permettre la détection des différents types de vestiges et leur localisation. Elles devaient aider à mieux cibler les zones à fort potentiel pour la localisation des sondages archéologiques.

Enfin, des sondages mécaniques ont été effectués le long de la piste sur une superficie comprise entre 970 et 1455 m², soit de 2 à 3 % de l’emprise totale des travaux (Fig.1). Ces sondages ont été réalisés de nuit et avaient pour objectif de fournir des données sur les occupations supposées, en même temps que de les confronter aux informations fournies par l’étude documentaire et aux résultats des prospections géophysiques.

Fig. 1 : Plan d’implantation des sondages archéologiques. Crédit : Thomas le Flecher, Eveha, 2020.

Les investigations ont permis de mettre en évidence des tranchées de réseaux électriques (récents ou anciens) liés à l’éclairage de la piste, des remblais ainsi que des traces de parcellaire et de chemins toujours visibles en photographie aérienne. Aucun vestige du second âge du Fer n’a été découvert.

Les sondages les plus profonds ont révélé des niveaux géologiques, nonobstant de rares perturbations des niveaux supérieurs, avec une série d’évènements naturels se décomposant en une douzaine de couches, qui révèlent un environnement plus sec à l’ouest, en bordure du marais ou à l’abri sur une butte naturelle, et un milieu clairement hydromorphe à l’est.

Les principales données enregistrées renvoient à des évènements naturels déjà répertoriés et décrits par Gérard Vernet dans ce même secteur de la Limagne humide, et en particulier au sein de la séquence-type de sédimentation du site de Gravanches/Gerzat. Cette succession traduit, lorsqu’elle est complète, l’évolution des processus volcano-sédimentaires depuis le Tardiglaciaire jusqu’au Subatlantique.La topographie de cette plaine de Limagne s’est mise en place à la dernière période glaciaire (Würm) et une grande partie évolue en marais durant l’Holocène pour devenir la Limagne humide. Elle est dépourvue de reliefs marqués et est couverte de sols noirs dits « terres noires de Limagne », correspondant à des dépôts humifères positionnés entre le Boréal et les IVe/Ve s. de notre ère.

Dans ce secteur de Limagne d’Auvergne, douze évènements « catastrophiques » (Fig. 2) à valeur chronologique ont été enregistrés, dont sept téphras liés à l’activité de la Chaîne des Puys, des séismites, la trace hypothétique d’un évènement cosmique, et des dépôts de crues importantes.

Certains des plus anciens nous concernent directement. Il a ainsi été possible d’observer au sein des sondages profonds localisés à l’est, le fameux « niveau rouge » (Fig.3) associé par le même Gérard Vernet à l’impact d’une météorite durant le 6e millénaire avant notre ère (7741 ± 74 ans cal. BP). Il recouvre une couche noire charbonneuse et une épaisse couche de cendre blanche, qui doivent pouvoir être mises en relation avec l’éruption du cratère Kilian (8468 ± 147 ans cal. BP) (Fig. 4).

Les couches inférieures sont constituées d’argiles très hydromorphes avec ponctuellement de nombreux végétaux conservés (Fig.5). Ces niveaux trahissent un milieu naturel saturé d’eau et confirment une dynamique de marais.

Fig. 2 : Détail des évènements cataclysmiques en coupe. Crédit : Eveha, 2020.
Fig. 3 : Niveau rouge rubéfié lié à un évènement cosmique de type météorite. Crédit : Eveha, 2020.
Fig. 4 : Couche de cendre liée à la dernière éruption volcanique de la Chaîne des Puys. Crédit : Eveha, 2020.
Fig. 5 : Débris végétaux couchés antérieurs aux évènements cataclysmiques. Crédit : Eveha, 2020.

De nombreux prélèvements ont été réalisés sur toute la colonne sédimentaire et les analyses sont en cours d’exploitation. Les vestiges anthropiques trahissant la présence de l’Homme à période ancienne sont en revanche totalement absents, alors que l’on sait, à partir d’autres sites clermontois, que les plus récents évènements « catastrophiques » ont touché directement des occupations mésolithiques et ont profondément bouleversé les biotopes.

Guillaume Maza, octobre 2020.