MEYZIEU (69) – Villardier

Motivée par le projet d’aménagement d’un bassin de rétention et d’infiltration par la Direction de l’Eau du Grand Lyon, et à la suite d’un diagnostic réalisé par Catherine Bellon (Inrap Auvergne-Rhône-Alpes), la fouille menée par le bureau d’études Éveha sous la direction de Pierre-Alain Donzé s’est tenue sur une parcelle agricole localisée au sud-ouest de la commune de Meyzieu, au pied du versant oriental de la colline du Trillet.


Sur une emprise de 3500 m², les opérations archéologiques ont permis de reconnaître un établissement agricole du haut Moyen Âge daté des VIIe -VIIIe siècles de notre ère (période mérovingienne) d’après les données du diagnostic. Les vestiges d’une occupation plus ancienne datée de l’âge du Bronze final IIIb (900-800 avant notre ère) ont également été recensés.


En ce qui concerne le site du haut Moyen Âge, le côté oriental d’un enclos fossoyé implanté parallèlement aux courbes de niveau du relief du Trillet est inclus dans la fenêtre d’observation. Par ailleurs, plusieurs empreintes de poteaux et quelques
fondations de murs témoignent de la construction de plusieurs édifices, et peut-être d’un grand bâtiment long de 25 m et large de 10 m. Trois fours réservés à la cuisson du pain ou au traitement des céréales après récolte (séchage/grillage), plusieurs petits
foyers, un puits et les indices d’éventuels greniers à plancher surélevé construits en matériaux périssables nous renseignent sur les activités domestiques et agricoles de l’établissement. Parmi les nombreuses fosses contemporaines de l’établissement, deux
d’entre elles, de grandes dimensions, pourraient être interprétées comme des caves.

Coupe stratigraphique du puits médiéval. © P.-A. Donzé, Éveha, 2020

La chronologie relative des vestiges nous indique que plusieurs phases d’aménagement se sont succédées sur le site sans avoir pu coexister. Par exemple, l’enclos fossoyé n’a pu côtoyer certaines des constructions évoquées plus haut. Plusieurs méthodes de datation (archéomagnétisme sur les fours en collaboration avec l’Institut de Physique du Globe de Paris, étude de la typochronologie des céramiques, datations radiocarbones des charbons de bois ou des restes fauniques conservés dans les structures, etc.) nous permettront probablement de préciser la chronologie de l’établissement médiéval, et bien que ce dernier ne soit observé que partiellement dans l’emprise de fouille, de mieux comprendre son organisation.

La chambre de cuisson d’un four médiéval (vue depuis sa fosse de travail au nord-est). © M. Cossé, Éveha, 2020
Les fondations de galets d’un bâtiment du haut Moyen-Âge. Celles-ci empiètent sur l’emprise d’une large fosse appartenant à un état antérieur (au premier plan), peut-être une cave. © P.-A. Donzé, Éveha, 2020


L’établissement du haut Moyen Âge s’inscrit dans une unité stratigraphique qui livre d’assez nombreux fragments de céramique appartenant à une période plus ancienne. Cette couche observée dans presque toute l’emprise est le résultat de l’érosion d’un site daté de l’âge du Bronze final IIIb. Quelques vestiges en place ont cependant été conservés : il s’agit notamment de probables silos dévolus à la conservation de denrées. Relativement éloignées les unes des autres, ces fosses ont été utilisées dans un second temps comme dépotoirs : elles contiennent toutes les restes de foyers démantelés ainsi qu’un riche mobilier céramique. De petits objets en terre cuite (fusaïoles) ainsi qu’une petite perle de verre ont également été récoltés. Le nombre de
ces structures ainsi que la richesse de leur comblement attestent de la présence d’un habitat durable dans ce secteur de la commune au cours du Bronze final. Remarquons qu’il n’est pas impossible que certains des trous de poteau et des petits foyers mis au jour puissent être attribués à cette période. Encore une fois, les différentes méthodes de datation mentionnées plus haut nous aideront dans cette distinction.

Coupe stratigraphique d’un silo du Bronze final. © R. Nicot, Éveha, 2020


On peut enfin signaler un réseau de fosses de plantation quadrangulaires plus tardives des périodes moderne ou contemporaine qui a légèrement impacté le gisement.


Les études à venir sur les différents mobiliers récoltés (fragments de vaisselle, restes fauniques, petits objets en fer ou en bronze, etc.) et les analyses des prélèvements effectués plus particulièrement dans les vidanges de foyers (analyse des charbons de bois et d’éventuelles graines carbonisées) nous permettront certainement d’en connaître plus sur les pratiques et la vie quotidienne des deux groupes humains dont les vestiges sont parvenus jusqu’à nous.