BRIVE-LA-GAILLARDE (19) – Centre-ville

La création d’un réseau de chaleur urbain à Brive-la-Gaillarde sur près de 24 km a motivé la prescription d’un suivi de travaux sur environ 800 m du tracé. Les zones sur lesquelles portait la prescription correspondent à l’ensemble des rues situées à l’intérieur des remparts médiévaux de Brive et une portion de voirie (avenue Foch et rue Benjamin Delessert), étant tout à la fois sur le tracé possible d’une voie antique et longeant l’emplacement de l’ancien couvent des frères Prêcheurs.

Ce suivi archéologique des tranchées du réseau de chaleur urbain de Brive a été réalisé par une équipe du bureau d’étude Éveha sous la direction de Xavier Lhermite entre le le début octobre 2018 et la mi-mars 2021. Cette opération a permis de préciser bien des points de l’évolution de la ville.

Vestiges antiques et du haut Moyen Âge

Une voie suivant un axe nord-ouest – sud-est, a été découverte rue Charles Teyssier. Elle semble être une des artères principales du bourg antique de Brive. Aménagée dès le premier siècle, elle était bordée à l’est par une zone d’habitat et d’artisanat mis au jour dans les années 1980. Dans le prolongement de la rue Charles Teyssier, au sud, la rue Blaise Raynal a livré là encore différents vestiges de la période antique : fossé, murs en pierre de taille de grand appareil et un vestige de voirie correspondant probablement au prolongement de la voie mise au jour rue Charles Teyssier.

Cette voie antique semble par ailleurs marquer la limite occidentale de la nécropole du haut Moyen Âge identifiée par les fouilles anciennes à l’emplacement de l’actuelle place Saint-Pierre. En effet, aucune sépulture ne fut mise au jour au sein de la tranchée longeant cet espace.

Vestiges de la voie antique mise au jour rue Charles Teyssier. Crédit : Éveha, 2021.

Vestiges médiévaux et modernes

En partie sud de rue Charles Teyssier, les creusements ont révélé des murs correspondant sans doute à des caves d’anciens bâtiments s’élevant à cet emplacement. Leur découverte, et l’absence de ces maçonneries sur les plans anciens, témoigne d’un réalignement de la rue antérieur au milieu du 18e siècle. Le même phénomène de réalignement de rue a été bien mis en évidence au sein de la rue Blaise Raynal qui a livré plusieurs maçonneries correspondant à d’anciens murs de façade et un escalier d’accès à une cave.

La rue Massénat a été percée tardivement. Aussi, à l’ouest de son intersection avec la rue Charles Teyssier, deux maisons ont été découvertes sur son tracé. De la maison la mieux perçue, en partie nord de la rue, a été appréhendée la cave dont au moins deux états ont été clairement identifiés. En partie orientale de la même rue de très nombreuses maçonneries sont à rattacher à l’ancien couvent des Clarisses (puis de Bonnesaigne). Si peu de mobilier fut récolté, la chronologie relative et la confrontation des maçonneries avec les plans anciens a permis d’assez bien appréhender l’évolution du bâti et de percevoir le potentiel archéologique important de ce secteur. À l’extrémité est de la tranchée, un mur peut être identifié avec le mur d’enceinte de la ville.

Coupe réalisée rue Massénat et montrant de gauche à droite, une fosse, le dalot du 19e siècle, le mur du premier état d’un cave puis la voûte correspondant au second état de cette même cave. Crédit : Éveha, 2021.

Les tranchées réalisées avenue Foch ont quant à elles révélé des vestiges du couvent des Jacobins. Un grand mur doté de contreforts doit être identifié avec le mur d’enclos du couvent, quant au mur au sein duquel était aménagé une cheminée, il faut sans doute l’associer à un bâtiment annexe (maison du prieur ?, hôtellerie ? …). L’ensemble de ces vestiges pourrait être antérieur à la destruction du couvent en 1577. Différentes maçonneries et niveaux viennent se surimposer, qui appartiennent sans doute aux vestiges du couvent d’époque moderne.

Vestiges contemporains

Rue Benjamin Delessert seuls des niveaux récents ont été mis au jour. Ils correspondent sans doute à des remblais mis en place lors de l’aménagement du quartier autour de la roseraie dans la première moitié du 20e siècle.