Les fouilles menées sur le site de La Piletière à Mauves-sur-Loire (44) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Pierre Dumas-Lattaque assisté de Yann Dufay-Garel (fig. 1). Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement de Loire Océan Développement d’un lotissement. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une occupation du second âge du Fer et de l’Antiquité.
Les vestiges de l’âge du Fer
Pour la période du second âge du Fer, le site est structuré par une voie encavée d’axe nord-sud dont le fond est tapissé de cailloux (fig. 2). La voie est bordée de seize greniers sur poteaux à l’ouest et de trois greniers à l’est (fig. 3). Ces alignements de grenier ont également été observés plus au sud dans la tranche 1 du site de Pontereau et Piletière (fouille d’Anne-Marie Lotton, Éveha 2021). La zone de grenier est délimitée à l’ouest par un fossé au profil en V qui semble marquer la fin de l’occupation gauloise pour cette zone. Tout à l’est du site, plusieurs ensembles de poteaux ont été découverts. Deux bâtiments sur six poteaux, se rattachant à de l’habitat ou du bâtiment agricole ont été identifiés. (fig. 4) au sein de cette emprise qui pourrait correspondre au début de la zone d’habitat gaulois.
Un important dépôt métallique a été découvert dans une fosse aménagée au sommet de la voie gauloise au niveau où celle-ci est recouverte par la voie antique empierrée. Au total, c’est au moins 70 objets en fer, principalement des armes, qui ont été
découverts (fig.5). La localisation de ce dépôt, située au niveau d’une voie, est atypique : ces armes proviennent-elles d’un sanctuaire gaulois situé à proximité qui aurait été démantelé ? Y-a-t-il un lien avec le fait qu’il se trouve à la fin de l’occupation urbaine de la ville antique (et peut-être gauloise) ?
Cette occupation de l’âge du fer n’était pas attendue à l’issue du diagnostic et vient renouveler nos connaissances sur le passé gaulois de Mauves-sur-Loire.
Les vestiges de l’Antiquité
Pour la période antique, le site est caractérisé par la présence d’une voie empierrée dans la partie sud qui reprend, en léger décalé, le tracé de la voie gauloise (cf. fig.2). Pour la partie nord, elle reprend le tracé en voie encavée. La monumentalité de la voie, marquée par son empierrement (fig.6), est probablement à rapprocher de la construction du théâtre situé à environ 100 m au sud de l’emprise de la fouille. Le tracé de la voie est d’ailleurs aligné avec la façade du théâtre et avec la voie reconnue plus au sud dans la tranche 1 de la fouille de Pontereau et Piletière.
À l’est de cette voie, deux mares antiques ont été fouillées ainsi qu’un réseau de fossé. La zone semble être peu occupée. Sa situation à l’entrée de la ville et la présence des deux mares pourraient indiquer qu’il s’agit d’un lieu de parcage pour les bêtes.
À l’ouest de la voie, la fouille a permis de mettre au jour un fanum (petit temple) qui présente deux phases d’occupation (fig.7). Celui-ci est situé au milieu de l’emprise à l’ouest et se compose d’une cella (pièce dédiée à la divinité) entourée d’une galerie. Le temple est construit au centre d’une vaste cour délimitée par quatre fossés qui sont interprétés comme l’enceinte du sanctuaire. Une interruption de cette enceinte a été observée au nord-est, au centre du fossé oriental qui est parallèle à la voie. Deux autres fossés, au profil caractéristique en V avec une rigole au fond, se connectent à cette enceinte. Le premier part en perpendiculaire du fossé sud de l’enceinte pour rejoindre quasiment en face du temple un deuxième fossé qui traverse l’enceinte en passant sous la cella et qui vient se jeter dans le fossé ouest. Ces deux fossés présentent la caractéristique d’avoir été creusés puis rebouchés très rapidement comme le montre leur comblement. À cette occasion, des dépôts de vases ont été réalisés à l’emplacement de la cella et de la galerie du temple, peut-être comme dépôt de fondation. À l’intérieur de l’enceinte du sanctuaire, l’espace est quasiment vide, excepté la présence de trois puits.
Dans un deuxième temps, un bâtiment en maçonnerie est construit à l’emplacement de l’entrée d’origine sur le fossé oriental (fig.8). Ce bâtiment est interprété comme une monumentalisation de l’entrée du sanctuaire, peut-être en lien avec la création du théâtre et de la voie empierrée.
Au sud de ce sanctuaire et à l’ouest de la voie, l’occupation est complétée par la présence d’une, voire deux forges, dont l’une est abritée par un bâtiment sur poteaux.
Aucune trace d’occupation postérieure n’a été observée, exceptées les traces laissées par l’exploitation maraîchère et notamment les fosses d’implantation des serres, nettement visibles sur les clichés aériens.
Les études du mobilier ainsi que les données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner les connaissances de ce site et de son occupation.