NIVILLAC (56) – Le Champ Roncy

Les fouilles menées sur le site du Champ Roncy à Nivillac (56) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Sébastien Toron. Elles interviennent dans le cadre d’un projet d’aménagement de lotissement conduit par la SAS Ifi Aménagement. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour 450 structures archéologiques, correspondant à une occupation rurale du début du second âge du Fer. Le cœur de l’occupation gauloise couvre une zone d’environ 5 000 m² et se poursuit hors de l’emprise au nord du site, aujourd’hui en partie détruit par l’aménagement d’une route départementale (D34E). La fouille a permis la mise au jour complète d’un secteur bâti comprenant plusieurs unités architecturales cohérentes.

Vue du site à l’issue du décapage. Crédit : Éveha, 2021

L’’organisation spatiale du site s’articule apparemment sur l’orientation de la crête granitique affleurante d’est en ouest. Les vestiges de bâti ont ainsi été implantés principalement dans un sol plus meuble composé de sable grossier provenant de la décomposition de l’arène granitique. Des limites physiques (palissades et fossés) marquent l’angle sud et ouest de cette occupation dont l’extension ver le nord ne fait aucun doute. De nombreux îlots d’affleurements granitiques ont compliqué le dégagement des vestiges archéologiques. Cependant le redécapage partiel dans ces affleurements a permis de confirmer la présence de structures en creux plus profondes.

Vue en drone du Secteur gaulois en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2021

Les éléments structurants le cœur de l’occupation gauloise se présentent sous la forme d’un bâtiment de plan ovalaire disposant de tranchées de fondation, d’une partition interne et de trous de poteau ayant livré du mobilier archéologique riche tel que : de la céramique, des éléments lithiques, des fusaïoles et un fragment de bracelet en lignite. Le bâtiment d’orientation nord-est à sud-ouest mesure environ 12 m de long pour 7 m de large. Plusieurs trous de poteau bien conservés et particulièrement ancrés dans le substrat granitique témoignent d’un module porteur solide ayant servi d’assise à une importante charpente. De plus, un système d’entrée au sud indique potentiellement la présence d’une palissade.

Vue zénithale de l’entrée sud de l’ensemble bâti. Crédit : Éveha, 2021.

Parallèle au flan est de cet édifice, un secteur de type artisanal couvre une surface longue d’environ 15 m et large de 5 m. La fouille fine par quarts opposés de cet ensemble a permis d’en déterminer les différentes composantes. Plusieurs dépressions et structures en creux sont recouvertes d’un comblement chargé en indices anthropiques (céramiques, scories, objets lithiques, terre rubéfié, charbons de bois,…) et en rejet de nombreux blocs de granit.

Vue zénithale de la zone artisanale en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2021

Ce secteur a aussi livré deux structures de combustion, dont l’une se présente sous la forme d’un four en « 8 » composé d’une fosse cendrier, d’un alandier et d’une chambre de cuisson ayant livré d’importants fragments d’architecture de voûte et de sole perforée. Cet ensemble apparaît protégé des vents dominants par l’installation d’une tranchée palissadée enfermant l’espace artisanal sur son côté est.

Un second secteur bâti à l’ouest est organisé à l’intérieur d’un système de deux tranchées rectilignes en forme d’agrafe aboutissant à une fosse profonde de type puisard. À l’intérieur de cet espace d’environ 160 m², de nombreux trous de poteau confirment la présence de plusieurs unités architecturales qui se poursuivent hors de l’emprise de fouille vers le nord-ouest. La limite sud de cette occupation est marquée par une double rangée de trous de poteau formant une palissade irrégulière tandis que plus au sud et à l’ouest, sur la crête granitique, des fossés peu profonds pourraient marquer l’extension maximale de l’établissement.

Vue de la fosse (puisard) oblongue et des tranchées (drainage ?). Crédit : Éveha, 2021

Ainsi, le secteur de bâti se développe peu vers le sud et l’est comme l’indique la présence de rares bâtiments sur quatre poteaux pouvant être identifiés comme des greniers de stockage et d’un fossé rectiligne à nouveau implanté dans le substrat de sable grossier.

Vue des greniers sur poteaux. Crédit : Éveha, 2021

L’attribution chronologique de ces vestiges reste toutefois à établir afin de confirmer leur contemporanéité. Les premiers indices chronologiques issus des observations de terrain suggèrent une occupation centrée sur le début du second âge du Fer (500-200 avant notre ère). Ces données seront affinées lors de l’étude en post-fouille. L’ensemble sera également mis en perspective avec les réflexions menées actuellement dans la région sur les occupations protohistoriques encloses ou non. En effet, à ces périodes se côtoient sur le territoire breton plusieurs formes d’habitats : enclos fossoyés, palissadés, petites unités domestiques ouvertes ou encore véritables habitats groupés. L’étude du site du Champ Roncy s’insère donc dans ces problématiques liées à l’évolution des formes d’habitat de l’âge du Fer en Bretagne.