Zoom sur la Conservation-Restauration

Au sein d’Éveha, le pôle de Conservation-Restauration se consacre à la conservation et à la restauration des objets archéologiques (métal, verre, céramique, restes organiques, etc.) à travers plusieurs aspects.

La Conservation en archéologie préventive : qu’est-ce que c’est ?

La Conservation-Restauration relève de trois grandes dimensions qui ont toutes pour objectif la préservation de l’intégrité matérielle de l’objet.

La CONSERVATION PRÉVENTIVE consiste à prendre une série de mesures adaptées (salle à atmosphère contrôlée, matériaux tampons, etc….) aux différents matériaux sensibles (métal, céramique, verre, etc.) permettant de contrôler l’environnement du lieu de stockage, en évitant les frottements, chocs et vibrations durant la manipulation des objets.

La CONSERVATION CURATIVE est destinée à traiter une altération déjà apparue afin de préserver l’objet (consolidation, comblement de maintien physique, lyophilisation, dessalement, stabilisation).

La RESTAURATION permet de restituer la lisibilité de l’objet en suivant des principes déontologiques. L’intervention doit privilégier avant tout la conservation de l’objet tout en intervenant au minimum (nettoyage, remontage, collage, comblement de lacunes, traitement coloré).

Plus de précisions sur ce lien : https://c2rmf.fr/vademecum-de-conservation-preventive

La mise en état pour étude

Cette opération a des conséquences irréversibles sur l’objet ou sur les fragments qui le constituent, c’est pourquoi il doit être réalisé par un restaurateur en accord avec le Service Régional d’Archéologie (SRA). La mise en état pour étude est une étape de la restauration du mobilier (particulièrement les objets instables ou très altérés) qui peut aller du simple nettoyage pour enlever le sédiment au dégagement de surface, à la consolidation et au collage réversible de plusieurs éléments.

Statuette en alliage cuivreux en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2021.

La structure de l’objet est vérifiée et les produits de corrosion sont observés afin de déterminer s’il y a des restes de fibres ou de matériaux minéralisés à la surface de l’objet. Le but de cette opération est d’avoir accès à l’information conservée dans la limite de la surface d’origine. Cette information est de plusieurs ordres : profil de l’objet, décors, traces de fabrication ou d’utilisation, etc.

Statuette en alliage cuivreux après nettoyage. Crédit : Éveha, 2021.

L’identification est l’objectif principal du nettoyage pour étude. Il est néanmoins vrai que ce dernier est irrémédiable, tout comme le dégagement de vestiges archéologiques. Le nettoyage peut être chimique ou mécanique et c’est souvent l’association des deux méthodes qui est nécessaire.

Ici, notre restauratrice a retiré les produits de corrosion sur une des statuettes en alliage cuivreux retrouvées lors de la fouille Éveha « Place Museux » menée par Élodie WERMUTH à Reims en 2019. La surface ainsi dégagée grâce au nettoyage mécanique à la sableuse et à la binoculaire a permis de révéler un magnifique décor d’instruments de musique.

La stabilisation

Après l’étape de nettoyage, le métal mis à nu se corrodera plus rapidement. La stabilisation, essentiellement liée au traitement des métaux archéologiques, permet donc l’extraction des chlorures actifs afin de préserver l’intégrité des couches de corrosion supportant la surface originelle.

Le fer est l’un des métaux dont les dégradations sont particulièrement rapides et dévastatrices. Un objet peut devenir illisible en l’espace de quelques jours car la corrosion le fait éclater en plusieurs fragments, voire devenir poussière. La technique d’extraction des chlorures est faite par immersion en bains successifs d’une solution à base d’eau déminéralisée, de soude et de sulfite de sodium. Un suivi régulier de la concentration de chlorures extraits permet de savoir quand changer le bain lorsque la solution arrive à saturation. Le nettoyage préalable des objets est nécessaire à la pénétration de la solution au cœur du métal.

La stabilisation des produits de corrosion des objets en alliage cuivreux s’effectue à cœur par immersion dans un bain de Benzotriazole à 3% dans l’éthanol mais peut également être ponctuelle par l’application d’oxydes d’argent sur les points de corrosion active.

Une protection de surface est ensuite appliquée sur les objets dont le nettoyage est considéré comme terminé. Nos restauratrices utilisent une résine à séchage rapide en solution dans les solvants, barrière physique qui s’oppose aux échanges avec le milieu environnant. Elle est appliquée en douceur au moyen d’un pinceau sur la surface de l’objet sous hotte aspirante.

Vernissage d’un objet au pinceau. Crédit : Éveha, 2021.

Consolidation et remontage

Consolidation et remontage

L’équipe du laboratoire a aussi les compétences pour traiter les objets en verre. L’un des plus beaux exemples concerne trois objets qui proviennent d’une tombe à crémation du IIIe siècle provenant du site « BA 103 site 1 » d’Epinoy, fouille Éveha menée par Antoine Delauney en 2018.

Le taux de fragmentation important est causé d’une part par les particularités du milieu d’enfouissement et d’autre part par l’ajout de certains composants dans le verre qui n’ont pas résisté au temps. À la suite de cycles répétés d’hydratation et de séchage, la structure du verre se modifie et se fragilise.

Verrerie d’une tombe à crémation du IIIe siècle. Crédit : Éveha, 2021.

La consolidation est une intervention qui redonne une cohésion suffisante à un matériau en faisant pénétrer à cœur une résine pour supporter les contraintes mécaniques inévitables : supporter son propre poids sans effondrement, éviter les déformations ou subir un nettoyage par exemple. Cela permet également les manipulations par le spécialiste qui va prendre les mesures et restituer le profil du récipient afin d’identifier sa forme.

Verrerie d’une tombe à crémation du IIIe siècle. Crédit : Éveha, 2021.