MAURIAC (15) – Monastère Saint Pierre

Une intervention archéologique préventive s’est déroulée en collaboration avec l’association Patrimoniae entre mars et mai 2021 dans la ville de Mauriac (15).

Menée dans le cadre d’un projet de valorisation, l’étude du bâti avait pour objectif de compléter une opération précédente (2018) menée sur les galeries accessibles du cloître du monastère Saint-Pierre (Fig. 1). Les résultats obtenus témoignent d’une histoire comprise entre la fin du 11e siècle et le 19e siècle.

Fig. 1 : Cliché de l’aile nord du monastère, aujourd’hui noyé dans les habitats du XIXe siècle, au premier plan, © G. Roquefort, Éveha, 2022.

Pour la période romane, les investigations ont permis le dégagement d’une ancienne colonne du cloître (Fig. 2) (10e siècle ?). Celle-ci a été mise en œuvre à la suite des années 1108-1110, période durant laquelle le monastère et l’église prieurale font l’objet d’une (re)construction importante, comme en attestent les recherches menées par S. Bully et J. Missonnier (aile nord et est Fig. 3).

Fig. 2 : Détail de la colonne exhumée dans la galerie ouest, de l’ancien cloître roman, © G. Roquefort, Éveha,
2022.
Fig. 3 : Cliché de la salle capitulaire située dans la galerie est © G. Roquefort, Éveha, 2022.

À la suite de cette phase romane, l’ancien cloître semble partiellement détruit, comme l’atteste un niveau d’incendie correspondant peu ou prou aux destructions causées par les troupes anglaises dirigées par R. Knowles, entre 1369 et 1370. Aucun autre élément inédit du cloître roman n’a pu être observé dans les autres galeries.

Pour le 15e siècle, les recherches menées sur les ailes sud et ouest ont livré d’importants indices témoignant de la reconstruction de l’ensemble monastique à l’initiative du doyen Pierre de Balzac. Il s’agit de deux anciennes travées comprenant le mur bahut, les voûtes d’arêtes, les supports (colonnettes) et même l’écu armorié de P. de Balzac, présent au niveau de l’imposte des arcs.

Au cours de la période moderne de nouveaux changements vont s’opérer, notamment à la suite du conflit opposant catholiques et protestants (1574), et plus tard, au moment de la Révolution. Mais c’est l’installation de la congrégation de Saint-Maur (1630) qui sera à l’origine d’une transformation radicale du cloître.
Cette ultime campagne de travaux du monastère, avant qu’il ne soit parcellisé à partir de 1794, abandonne tout caractère ostentatoire, tout parallèle avec les styles précédents. Seul le plan du monastère romano-gothique continue à structurer l’espace.
À l’issue de cette première restructuration moderne, une autre s’opère entre 1794 et 1848. Mais contrairement aux précédentes, celle-ci n’a pas vocation à restituer les anciens lieux réguliers et bâtiments annexes. L’enclos perd son caractère religieux, pour des fonctions profanes (habitat) et se caractérisant par l’adoption de vastes parcelles, dont la plupart n’ont pu être explorées.

Ainsi, la longue histoire du monastère est marquée par quatre grandes campagnes de (re)construction entre le 12e et le 19e siècle. Il nous est à ce jour difficile de cerner l’organisation de ces campagnes, le travail des constructeurs ou encore, l’origine des matériaux, pour lesquels nous avons pu consacrer une journée de prospection, qui s’est
hélas avérée infructueuse.