MAUCHAMPS (91) – Les Poiriers Rouges-Rue Saint-Éloi

Les fouilles menées au lieu-dit « Les Poiriers Rouges – Rue Saint-Éloi » à Mauchamps (Essonne) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Bénédicte Le Dret. Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension d’une plateforme commerciale par l’entreprise TERRA 1. Les investigations archéologiques, conduites à l’automne 2021 sur une surface de 11500 m², ont permis de mettre au jour une occupation du second âge du Fer, caractérisée par un ensemble de trous de poteau et de fosses de rejet, dont certaines peuvent être interprétées comme des silos. Des indices d’une occupation du Néolithique transparaissent également en marge de celle-ci.

Les vestiges néolithiques (4800 – 3500 avant notre ère)

Des zones d’épandages concentrant de grandes quantités de mobiliers lithique et céramique ont été mises en évidence sur l’ensemble de l’emprise de fouille. Ces nappes ont fait l’objet de sondages mécaniques au cours desquels le mobilier a été ramassé par passe. Au sein de la zone ouest, la majorité du matériel était en céramique et compris dans une couche de sédiment argilo-limoneux brun-gris d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Au nord-ouest, l’épaisseur sédimentaire d’une quarantaine de centimètres contenait de nombreuses pièces lithiques et macro-lithiques, et a laissé apparaître ce qui semble être une tête de fossé. De plan irrégulier, orientée nord-ouest/sud-est et ponctuée de trous de poteau aux alentours, elle marquerait la limite sud de la concentration de mobilier. Son comblement, composé de loess dans sa partie supérieure et de limon argileux brun orangé au fond, a livré du matériel céramique et lithique se rattachant au Néolithique moyen. Des ouvertures complémentaires jusqu’au loess ont été effectuées dans le prolongement et aux abords du fossé, sans que d’autres vestiges n’aient pu être décelés. Le même procédé a été employé au niveau de la première concentration afin de vérifier la présence d’une limite fossoyée, sans résultat. La quantité de mobilier récolté suppose la présence d’une occupation dense dans ce secteur à cette époque.

Plan général des structures. Crédit : Éveha, 2021.

Les vestiges du second âge du Fer (450 – 25 avant notre ère)

Leur nature indique qu’il s’agit d’une occupation rurale.

Les onze unités architecturales observées se répartissent selon un axe nord-sud et en partie centrale du site. Les bâtiments sont quadrangulaires, sur quatre à dix poteaux, de taille variable (3 x 3 m à 6 x 5 m) et probablement à vocation agricole.

Vue en plan d’un bâtiment sur quatre poteaux porteurs. Crédit : Éveha, 2021.

Une cinquantaine de fosses au plan circulaire ou ovale y sont associées, dont une vingtaine présentent un profil piriforme, permettant de proposer leur identification en tant que silos. Deux d’entre eux se distinguent particulièrement. Le premier a livré des scories et des tessons de céramique, provenant d’une couche charbonneuse et du comblement final. Le second possède un comblement principalement constitué de rejets de parois de four, témoignant de la proximité de structures de chauffe. Le mobilier issu de ce silo s’est révélé très riche en céramique de La Tène moyenne et a également livré une fusaïole et un fragment d’une seconde.

Vue en coupe d’un silo. Crédit : Éveha, 2021.
Vue de détail des fusaïoles provenant de l’un des silos. Crédit : Éveha, 2021.

Des tronçons de fossés arasés, formant les trois cotés d’un enclos de 23 m de long sur 21 m de large situé au centre de l’emprise, ont fait l’objet de sondages manuels en des points stratégiques. Les sections testées révèlent une faible profondeur de conservation, variant de 0,10 à 0,30 m. Le sédiment qui les comble est constitué de limon argileux brun-gris foncé et a livré une petite quantité de mobilier céramique.

Le diagnostic archéologique avait permis de mettre en évidence des traces d’activités sidérurgiques. À l’issue de la fouille préventive, aucune structure en lien avec l’artisanat métallurgique n’a pu être identifiée avec certitude, malgré l’ouverture extensive autour de ce pôle et la prospection magnétique réalisée par Quentin Vitale (LabCom Géo-Héritage – Archéorient / Éveha International).

Vue de la prospection magnétique en cours de réalisation. Crédit : Éveha, 2021.

Seule une aire de travail a été mise en évidence au sud du fossé d’enclos. Elle se caractérise par une concentration de fosses comportant des rejets charbonneux associés à des scories, en surface et dans les comblements. Pour l’une d’entre elles, l’hypothèse d’une fosse-atelier est privilégiée. Le traitement des autres fosses et des trous de poteaux autour de celle-ci a permis d’identifier des plans de bâtiments présentant des comblements similaires, de limon argileux brun foncé à noir mêlé de fragments de terre brûlée et de charbons de bois. Du mobilier céramique plus tardif, pouvant être rattaché à la phase finale de La Tène, a été recueilli au sein d’une fosse.

L’abondance du mobilier céramique indique ici une occupation du site depuis La Tène ancienne et jusqu’à La Tène finale.

Une carrière et un puits modernes ?

Au nord-est du site, une vaste nappe d’une surface de 1100 m² a fait l’objet de trois sondages mécaniques. Au départ interprétée comme une zone humide ou une mare, il s’est avéré que le bord sud présentait un front de taille. Le comblement homogène de limon argileux contenait des scories, du mobilier métallique et de la céramique de différentes périodes. La mention d’une tuilerie-briqueterie en exploitation jusqu’au XIXe siècle sur la commune voisine de Chamarande permet d’envisager que cette zone ait pu servir de carrière à ciel ouvert, avec pour objectif l’extraction de matières premières.

Un puits a également été sondé mécaniquement jusqu’à près de trois mètres de profondeur, avec mise en place de paliers de sécurité, sans qu’aucun élément de cuvelage n’ait pu être mis en évidence. Il n’a pas été possible d’aller plus loin dans les observations, la nature du terrain s’étant révélée trop instable pour poursuivre. Toutefois, les informations relevées, telles que la présence d’encoches dans les parois, permettront de comprendre son mode de construction. Bien qu’aucun élément de datation n’ait été mis au jour, la nature des sédiments composant le remplissage semble indiquer qu’il s’agit d’un puits d’époque moderne.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.

Vue en coupe du puits en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2021.