CRIQUETOT-SUR-OUVILLE (76) – Rue de Mantot

Les fouilles menées sur le site de Criquetot-sur-Ouville, rue de Mantot, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Bruno Lepeuple. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement d’un lotissement par la mairie de Criquetot-sur-Ouville. Les investigations archéologiques ont porté sur deux zones distinctes de 4340 m² et 580 m² distantes de 150 m. Elles permettent d’aborder deux phases d’occupation, datées du second âge du Fer (La Tène finale, 150 à 27 av. J.-C.) et du haut Moyen Âge (476-1000 ap. J.-C.) prennant place sur un plateau limoneux encadrés de deux talwegs entre le village de Criquetot-sur-Ouville et le hameau de Mantot.

Les vestiges du second âge du Fer

Un enclos quadrangulaire de 115 m et 125 m de côté, dont seuls deux angles ont été identifiés, est restituable à partir des données du diagnostic et se développe sur une surface d’environ 1,5 ha (fig. 1). Il est caractérisé par un étagement de trois fossés dont le médian, plus puissant, atteint une ouverture de 2 m pour 1,3 m de profondeur (fig. 2). Un système d’accès a été perçu au sud-ouest. Quelques concentrations de mobilier céramique permettent d’attribuer cette occupation à La Tène C/D (260 à 30 av. J.-C.), à l’image de quelques sites locaux mis au jour lors des fouilles proches de l’A29 et l’A150. En dehors de cet espace fossoyé, les vestiges ne sont que très ponctuels. Parmi ceux-ci un four a été identifié (fig. 3). Cette phase a été très peu explorée, conformément aux orientations définies en accord avec le service régional de l’Archéologie pour se concentrer sur les occupations postérieures.

Fig. 1: plan des vestiges et premières interprétations. Crédit Éveha, 2020
Fig. 2 : fossé médian. Crédit Éveha, 2020
Fig. 3 : le four laténien. Crédit Éveha, 2020.

Les vestiges du haut Moyen Âge

Une phase altomédiévale est perceptible dans les deux secteurs. Vraisemblablement confinée à l’intérieur de l’enclos au nord, cette occupation ne trouve aucune concordance avec la protohistoire dans la zone méridionale. Plusieurs réseaux de fossés permettent de cerner trois phases qui témoignent d’une reprise des orientations de certains linéaires mais avec des profils et des profondeurs d’encaissement différents (fig. 4). Ces fossés ont une évidente fonction de drainage, mais peuvent également avoir servi de piégeage de l’eau avec des pendages concentrés vers des points en cuvette (fig. 5). Le mobilier céramique, relativement indigent, représente un ensemble d’au minimum 13 pots suggérant une occupation placée entre le milieu du VIIe et le VIIIe siècle.

Fig. 4 : les deux phases d’un fossé du haut Moyen Âge. Crédit Éveha, 2020.
Fig. 5 : point bas d’un des fossés du haut Moyen-Âge. Crédit Éveha, 2020.

Deux bâtiments sur poteaux ont pu être identifiés. En plusieurs points les éléments porteurs sont repris, avec une pièce verticale collée contre la première, mais avec des comblements différenciés (fig. 6), la seconde phase étant nettement plus marquée par les rejets charbonneux. Ils se situent à proximité d’une grappe de silos au sein de laquelle se distinguent trois phases dont la seconde témoigne aussi d’une forte activité liée au feu (fig. 7). Cette succession de comblements différenciés se remarque également sur l’autre pendant des bâtiments, avec une succession de fosses (fig. 8) dont la caractéristique commune est d’avoir un fond très induré. Une activité métallurgique pourrait être en lien avec l’horizon davantage marqué par les rejets charbonneux, quelques scories étant disséminées au sein de la deuxième phase de fossés.

Fig. 6 : succession de poteaux du haut Moyen Âge. Crédit Éveha, 2020.
Fig. 7 : deux silos du haut Moyen Âge successifs. Crédit Éveha, 2020.
Fig. 8 : ensemble de fosses du haut Moyen Âge. Crédit Éveha, 2020.

Ces vestiges, logés dans l’angle sud-est de la prescription, ne pourraient être que la marge d’une occupation qui se développerait sur l’autre rive de la rue de Mantot, qui présente par ailleurs le point le plus haut du secteur avec une véritable plateforme dominant d’un mètre la zone fouillée. Néanmoins la zone abordée témoigne d’activités spécialisées qu’il reste à définir précisément dans l’espace et le temps.

Conclusion

Les études en cours viennent essentiellement apporter à la connaissance du haut Moyen Âge dans ce secteur de la Normandie orientale, encore mal documenté.