BEAUPUY (31) – 5010 chemin de Belpech

Menée à Beaupuy (31), au « 5010 chemin de Belpech » sous la direction d’Alexis Corrochano, l’intervention archéologique visait à étudier un site occupé sur la longue durée entre le haut Moyen Âge et le XIXe siècle préalablement à la construction d’un lotissement par Kaufman & Broad. Le site est localisé aux abords de la résidence des seigneurs de Belpech, dont les archives historiques et cartographiques témoignent d’une première mention d’un château en 1412, puis de son utilisation et sa réfection au cours des XVIe et XVIIe siècles, et enfin de son abandon puis sa démolition au milieu du XVIIIe siècle. Mais le diagnostic archéologique, réalisé par le service archéologique de Toulouse Métropole, avait également révélé des indices archéologiques antérieurs à ces mentions permettant d’identifier un habitat rural, ainsi qu’une petite zone funéraire : une fouille préventive a donc été prescrite sur quatre zones par le Service régional de l’archéologie et totalisant près de 8000 m².

La zone 1 : l’espace funéraire

Dans la zone 1, une douzaine de sépultures à inhumation primaire auxquelles s’ajoutent deux réductions d’individu ont été dénombrées, ainsi qu’une douzaine de fossés rectilinéaires et de drains en briques qui semblent avoir fonctionné ensemble. Certaines structures funéraires ont été identifiées non comme des inhumations primaires mais comme des dépôts de réduction de type ossuaire. Si les tombe sont bien médiévales (de l’époque carolingienne), on ne peut assurément confirmer que les gestes de réduction le sont : il pourrait s’agir de manipulations provoquées par leur destruction vers la fin de l’époque moderne lors de l’aménagement des drains agricoles en briques. S’ils n’ont pas livré de mobilier, un silo et un trou de poteau, isolés vers le sud-est de l’emprise de la zone, sont également à noter.

Vue zénithale d’une sépulture. crédit : Éveha, 2021.

La zone 2 : un espace de stockage du Moyen âge central

Dans la zone 2 ont été découverts une quinzaine de silos médiévaux, une fosse indéterminée ainsi qu’un grand fossé rectilinéaire qui semble postérieur aux silos (il doit probablement dater de l’époque moderne). Les structures de stockage, de plan sub-circulaire, n’étaient conservées que sur de faibles profondeurs d’environ 20 à 30 cm en moyenne, à quelques exceptions près. Quelques silos semblent plus riches en charbons, écofacts et mobiliers. Une première observation des céramiques permet de proposer une première fourchette chronologique : l’identification de quelques bords, la répartition des pâtes et l’absence de traitement des faces externes permettent en effet de proposer une datation du haut Moyen Âge.

Vue en coupe du comblement d’un silo. Crédit : Éveha, 2021.
.

La zone 3 : un grand système de fossés

Dans la zone 3, la fouille et l’étude des vestiges ont permis de confirmer la présence d’un grand système fossoyé, contenant très peu de mobilier datant à l’exception de quelques rares tessons de céramique à pâte grise évoquant le bas Moyen Âge, et doté de petits fossés d’alimentation perpendiculaires.

Vue aérienne des zones 3 et 4. Crédit : Éveha, 2021.
Vue en coupe du fossé principale de la zone 3. Crédit : Éveha, 2021.

La zone 4 : une occupation plus dense

Dans la zone 4, les vestiges se sont avérés plus nombreux et densément répartis, avec plusieurs vestiges bâtis datés de la fin de l’Époque moderne qui semblent former un corps de bâtiment doté de plusieurs murs et murets ou solins dont la fonction n’est pas encore assurée (appentis, grange, mur de parcelle, etc.) ainsi que de nombreuses structures en creux datables de la fin du Moyen Âge (il s’agit de fosses variées, de silos, de trous de poteau et de fossés). Un grand fossé médiéval situé plus au sud a été identifié et repéré sur l’ensemble de l’emprise : il a livré du mobilier céramique épars assez fréquent (dont nombreux tessons à pâte grise avec polissage externe évoquant le XIIIe ou plus vraisemblablement le XIVe siècle).

Vue aérienne rapprochée du sol et du foyer du bâtiment moderne dans la zone 4. Crédit : Éveha, 2021.

Entre ce fossé médiéval et la zone plus au nord, de nombreux silos ou dépotoirs médiévaux, des fossés et des fosses d’épandage plus récentes témoignent de l’aménagement du secteur entre le bas Moyen Âge et l’époque moderne. Aucun élément mobilier découvert pour le moment ne permet en effet de remonter avant le XIIIe siècle. La fouille fine des silos semble déjà montrer des différences typochronologiques sensibles permettant de distinguer la vaisselle du XIVe s. d’autres lots plus typiques du XVe s.

En partie méridionale les vestiges sont beaucoup plus rares. Au sud-est, la base, très mal conservée, d’un moulin remontant à priori à l’époque moderne a été identifiée. Une structure de plan concentrique a également été identifiée. La fouille a permis de dégager un aménagement peu profond doté d’un entourage de briques de plan octogonal et dont les abords extérieurs sont dotés d’un lit de tuiles fragmentées à plat : il s’agit peut-être d’un bassin ou d’un abreuvoir.

Enfin, sur le fossé médiéval principal, ont été reconnus les témoins fugaces d’un probable bâtiment rectangulaire allongé, aménagé avec des fondations en briques maçonnées et avec quelques blocs calcaires : le niveau de démolition qui lui est associé paraît dater du XVe siècle d’après la céramique. Il pourrait ainsi renforcer les indices d’une occupation à cette époque, en complément des silos dépotoirs observés plus au nord.

Ainsi, si les mobiliers et plusieurs vestiges attestent bien de plusieurs phases d’occupation entre le XIIIe et le XVe siècle, les indices plus tardifs, associés au bâtiment mentionné sur le cadastre napoléonien, remontent bien aux XVIIIe-XIXe siècles, tout comme les premiers indices de datation des deux puits qui ont pu être fouillés au moins partiellement. Le moulin, mal conservé, observé au sud de l’emprise n’est pas daté. En l’état, sachant que ces deux « puits » semblent comblés vers le XVIIIe siècle, les XVIe et XVIIe siècles ne sont pas identifiables sur le site. Toutefois, l’étude archéologique devrait bénéficier d’une étude archivistique approfondie qui devrait éclairer les éléments découverts lors de la fouille. Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement dans la cadre de la rédaction du rapport de fouille et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.