TRÉZILIDÉ-MESPAUL (29) – Lann Ar Marc’h

Les fouilles menées sur le site de Lann ar Marc’h, à cheval sur les communes de Trézilidé et Mespaul dans le Finistère, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Marine Gourmelon. Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension d’une carrière exploitée par la société Carrières Lagadec. Sur le projet initial de plus de 32 ha, trois phases de fouilles étalées sur les années à venir ont été prescrites par le service régional d’archéologie de Bretagne.

Les investigations présentées ici concernent la phase n°1 sur une emprise totale d’un peu plus de 2,2 ha réparties sur 3 secteurs distincts.

Situé sur un versant nord, le premier secteur a permis de mettre au jour sur 7 600 m² plusieurs occupations anciennes : un chemin axé nord-sud le long de l’actuelle parcelle cadastrale présentant des creusement plus anciens pouvant remonter à la Protohistoire. Plusieurs fossés de faible puissance liés à un parcellaire ancien, en possible lien avec le premier chemin, ont également été identifiés. L’hypothèse d’un parcellaire laténien, en lien avec le domaine identifié sur le secteur 2, est pour le moment envisagée dans l’attente d’analyses plus poussées. Une petite zone de bâti sur poteaux, attribuée à la transition entre la fin de la période laténienne et la période antique, a également pu être identifiée.

À environ 150 m plus au sud, le secteur 2 révèle un enclos principal de forme quadrangulaire partiellement mis au jour dont la superficie est estimée a minima autour de 3000 m². Le mobilier archéologique date l’ensemble de la fin de la période laténienne, à la transition avec l’Antiquité. La présence de nombreux recoupements de fossés évoquent des remaniements successifs de l’occupation. Outre un bâti sur poteaux bien connu pour ce type d’occupation, la particularité de cette ferme est la présence de bâtiment aux fondations empierrées (Fig. 1). Ce type d’architecture est notamment connu dans la région pour les habitats côtiers de l’âge du Fer. Plusieurs zones rubéfiées indiquent également la présence d’activités artisanales.

Fig. 1. Bâtiment de la fin de la Tène. Crédit : Éveha 2022.

Situé à l’ouest de l’actuelle carrière de granite, le secteur 3 est scindé en deux zones. La zone sud est relativement peu fournie en vestiges archéologiques. Un petit enclos aux fossés de faibles puissances est partiellement visible. Sa façade nord se poursuit hors des limites de fouilles vers les futures zones prescrites de l’aménagement. Un réseau de fossés de l’âge du Fer est également perceptible. Leur position géographique, suivant la ligne sinueuse d’un talweg orienté nord-sud, associé à des comblements inférieurs très hydromorphe, suggèrent des problématiques liées à la gestion de l’eau. À noter également la présence de structures identifiées comme des charbonnières (Fig. 2) d’époque protohistorique ou antique, que l’on retrouve régulièrement sur les sites du nord Finistère. Le secteur nord de la zone 3 se démarque par la présence de vestiges datés du bas Moyen Âge. Il s’agit de bâtiments sur fondations empierrées possédant pour certains, un foyer central (Fig. 3). Des niveaux de sol indurés associés ont également été retrouvés. Sur le bâtiment principal, différents états sont visibles, témoignant de remaniements successifs. Un possible lien avec une ancienne motte féodale située à quelques centaines de mètres au nord-ouest du site peut être envisagé.

Fig.2 . Exemple d’une charbonnière découverte sur le site. Crédit : Éveha 2022.
Fig. 3. Bâtiment médiéval au niveau du secteur 3. Crédit : Éveha 2022.

Les études du mobilier et des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et ses différentes occupations chronologiques.