HANNAPES (02) – Éoliennes des lupins

Les fouilles menées sur le site d’Hannapes, au lieu-dit « Éoliennes des Lupins » ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Bénédicte Le Dret. Menées dans le cadre d’un projet de parc éolien par la société H2air sur une emprise de 3500 m², ces recherches offraient l’opportunité de documenter un secteur où le manque de donnée archéologique était significatif. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des indices d’une occupation du Néolithique ancien (entre 5300 et 4800 av. J. -C.) en contexte de plateaux, dont la détection et l’étude est inédite pour la région, mais également des phénomènes naturels assez rares pour être soulignés.

Des spécificités géomorphologiques locales

Les découvertes archéologiques se concentrent à l’est de l’emprise de fouille, entre un talweg et le point haut, ainsi qu’au sud-est de la parcelle. La majorité d’entre elles se sont avérées être de nature géologique (Fig. 1).

Fig. 1 : Photo générale de l’emprise depuis un drone. Crédit : Éveha, 2021.

– Un léger talweg (correspond à une ligne constituée par les points d’altitude les plus bas) traverse l’emprise de fouille selon un axe nord-sud. Celui-ci s’est révélé peu profond, et conservé sur 0,80 m sous la surface actuelle. Trois sondages mécaniques ont permis de caractériser les formations géologiques de ce petit vallon, révélant une séquence du Pléistocène (première époque géologique du Quaternaire, entre 2,58 millions d’année et 11 700 avant notre ère) affleurant par endroit sous la terre végétale (Fig. 2). Le comblement de colluvions le plus récent à livré du mobilier céramique hétérogène et métallique, sans datation datation précise.

Fig. 2 : Vue de la coupe E-O du talweg et des niveaux pléistocènes. Crédit : Éveha, 2021.

– Les sols polygonaux : le sol polygonal est un sol constitué par des polygones formés de matériel fin au centre, et séparés les uns des autres par des cloisons de pierres en partie redressées verticalement. 38 sections linéaires de ce type se développent majoritairement sur les deux tiers ouest de l’emprise selon un axe ouest-est à nord-ouest /sud-est, et ce dans le sens du pendage naturel de la parcelle (Fig. 3).

Fig. 3 : Vue en plan du réseau polygonal. Crédit : Éveha, 2021.

– Les cheminées de soutirage (effondrement) de dolines : les dolines sont des formes d’érosion des calcaires en contexte karstique qui se traduisent par des dépressions circulaires de quelques mètres de diamètres à plusieurs centaines de mètres. Sur le site des « Éoliennes des lupins », 19 fosses avec des diamètres supérieurs à 1,10 m et des profondeurs dépassant 5 m ont été identifiées. Quatre structures formaient un chapelet de « fosses » se développant suivant un axe nord-sud sur le bord est du talweg (Fig.4). Les sondages réalisés aux moyens d’engins mécaniques, sans que les fonds n’aient été atteints, ont révélé des profils en entonnoir. Elles présentaient des parois verticales se rétrécissant pour former des cheminées auréolées de limon argileux orangé, incisant les niveaux gris pléistocènes (Fig.5) Les comblements sont constitués de limon argileux brun clair à gris, relativement hétérogènes avec des poches de limon beige. Le mobilier présent dans ces structures se trouve en position secondaire dans les comblements supérieurs, possiblement une conséquence du ruissellement et/ou de « l’aspiration » dans les soutirages. Aucun niveau d’occupation n’a été identifié au sein de ces creux, néanmoins les prélèvements de charbons réalisés vont permettre de dater le comblement de ces cavités et d’éclairer sur cette dynamique.

Fig. 4 : Vue générale des cheminées de dolines. Crédit : Éveha, 2021.

Des indices d’occupation Néolithique et Protohistorique

Au sud-ouest du talweg, une fosse testée lors du diagnostic et interprétée comme un silo d’un diamètre de 1,30 m, possède des parois verticales et un fond en cuvette atteignant 1,22 m. Son remplissage de limon argileux brun-gris foncé assez homogène avec des mottes de limon argileux lessivé gris clair à orangé est similaire à celui présent au sommet des dolines. Il a livré une petite quantité de silex. L’essentiel du mobilier lithique et céramique recueilli dans les comblements supérieurs des dolines témoigne de la proximité d’une occupation au Néolithique. Il s’agit d’éclats non retouchés et d’une pointe de flèche issue du comblement d’une doline. Le mobilier céramique quant à lui, semble homogène avec des pâtes brunes-orangées bien cuites et la présence de gros dégraissant.

Au sud-est, deux trous de poteaux de plan ovale, possèdent des parois évasées et un fond plat de 0,15 à 0,35 m de profondeur. Leur comblement de limon argileux gris moyen, homogène et compact, n’a pas livré de mobilier. A proximité immédiate, une portion de fossé de 26 m de longueur et d’une largeur variant de 0,30 à 0,70 m possède des bords évasés et un fond plat de 0,05 à 0,40 m de profondeur. Il est comblé de limon argileux brun-gris foncé homogène et meuble ayant livré quelques tessons de céramique de la protohistoire au sens large. En surface, il recoupe en des cheminées de soutirages de dolines.

Conclusion

Les études du mobilier ainsi que celles des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.