AURIAC (24) – Église Saint-Étienne

Une étude archéologique du bâti a été réalisée sur l’église Saint-Étienne d’Auriac par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Xavier Lhermite. Menées dans le cadre du projet de restauration de l’église porté par la mairie, les investigations archéologiques ont permis d’appréhender un peu mieux cet édifice complexe.

Un chevet plusieurs fois repris

L’étude a permis d’identifier de nombreux états anciens de l’édifice. Une première église, du début de l’époque romane, aurait été agrandie dès le milieu du XIIe siècle par l’adjonction d’un nouveau chevet à l’est. Les dispositions de ce nouveau chevet ne sont pas connues car seuls les piliers marquant son entrée sont conservés. Il pourrait alors s’être agit d’une abside. Mais les parties orientales furent entièrement reprises peu après, dès les environs de 1200. Là encore, elles ne sont que très imparfaitement perçues, étant seulement conservées sur quelques mètres en partie nord. Ce chevet fut lui même repris sur un plan quadrangulaire au milieu du XIIIe siècle. Ce sont ainsi quatre états du chevet qui peuvent être identifiés entre 1050 et 1250.

Fig. 1 : Chevet, vue extérieure depuis le nord-est. Crédit : Éveha, 2022.

Une nef plusieurs fois transformée

La nef a également bénéficié de très nombreuses reprises au sein desquelles il est possible de distinguer des portes ou des baies bouchées. Ces multiples états s’échelonnent depuis le Moyen Âge (époque romane ?) jusqu’au XXe siècle.

Des embellissements de la fin du Moyen Âge sont perceptibles tant par la modification de la baie d’axe que par l’adjonction de deux chapelles en position de faux transept et sans doute la modification du portail occidental de l’église.

L’église a, par ailleurs, connu plusieurs campagnes de fortification. Les éléments fortifiés les plus anciens semblent être la tour élevée au-dessus de la travée de chœur (XIVe s. ?) et peut-être l’importante façade écran à l’est. La tour était desservie par un escalier en vis repris à plusieurs reprises qui est, à lui seul, un vrai problème archéologique. La chambre haute de défense, disposée sur le chevet, fut ajoutée dans un second temps. Une autre chambre de défense existait sur la nef mais la réfection totale des parties hautes des murs de cette partie de l’église empêche toute analyse sur ce point.

Fig. 3 : Vue intérieure de la tour, mur ouest. Crédit : Éveha, 2022.

Des travaux d’époque moderne, seul le pont donnant accès depuis le presbytère à la chambre haute de la nef a été conservé. Le bûchage des corniches des chapelles, peut-être dans le but d’établir des retables, pourrait également dater du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

De nombreuses modifications sont rattachables aux XIXe et XXe siècles qu’il s’agisse de l’ajout d’une sacristie contre le mur oriental du chevet, de différentes restaurations – notamment celle fantaisiste de la baie d’axe – ou d’aménagements comme le percement d’un escalier pour faire un accès à la chaire à prêcher. La plus notable reste cependant la reprise générale du couvrement de la nef avec création d’une voûte en brique et la reprise de la partie supérieure des murs de la nef correspondant à l’ancienne chambre de défense. La modification de la tour de chœur de façon à la transformer en clocher pourrait également être de cette période.

Fig. 4 : Vue intérieure de l’église depuis la tribune. Crédit : Éveha, 2022.

Perspectives

Cette étude a permis de montrer les multiples états de construction, même pour les périodes anciennes, que connut cet édifice. Ces constatations permettent de s’interroger tant sur les commanditaires de ces travaux que sur les raisons de ces très nombreuses reprises.