ISLE (87) – Le Génétie

La fouille préventive, menée à Isle (87) – Le Génétie du 1er août au 26 octobre 2022 sous la responsabilité de Nicolas Peyne, a été réalisée sur une surface de 7,2 hectares suite au projet d’aménagement d’une centrale photovoltaïque par la société Ibvogt. Elle a permis de mettre au jour plusieurs occupations datées de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer.

Des vestiges de l’âge du Bronze

Les plus anciennes traces archéologiques concernent une occupation éclatée de l’âge du Bronze comprenant des foyers à pierres chauffées, des bâtiments sur poteaux plantés et des fosses dont une série de 12 fosses profondes (2,20 m en moyenne) à la fonction énigmatique.

Les foyers à pierres chauffées sont principalement représentés par deux alignements, avec un ensemble de 4 foyers et un autre de 12 foyers. Des pierres locales, constituées de granites et roches métamorphiques, étaient installées sur des braises chaudes. Ces dernières ont été prélevées. Les analyses auront pour but de tenter de comprendre la fonction de ces foyers à pierres chauffées, tandis que des datations radiocarbones devraient permettre de les dater plus précisément.

Vue d’un foyer à pierres chauffées en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

Quatre plans simples de bâtiments ont été identifiés dans la même zone. Là encore, des datations radiocarbones permettront de situer précisément dans le temps ces bâtiments, leurs mobiliers étant quasi absents. Seule une série de fosses de l’âge du Bronze contenait de la céramique. Notons enfin la présence d’un bracelet en lignite à décor en triangles hachurés venant s’ajouter à un autre exemplaire (sans décor) découvert lors du diagnostic.

Profil d’une fosse profonde à profil en V. Crédit : Éveha, 2022.

La datation précise de ces structures (foyers, bâtiments, fosses) et l’étude de la répartition spatiale devrait permettre de faire avancer les connaissances sur la période de l’âge du Bronze en Limousin.

Des vestiges de la fin de l’âge du Fer (env. 200 av. J.-C.)

Un enclos rectangulaire de 84 m de longueur pour 75 m de largeur avait été reconnu au diagnostic dans la partie nord de la prescription. Le fossé en « V » mesure en moyenne 1,40 m de profondeur. Le bord intérieur du fossé montre une bande dépourvue d’aménagement, laissant penser à la présence d’un talus. Aux endroits les plus propices à l’observation, la dynamique de comblement du fossé tend à conforter cette hypothèse. Le fossé est interrompu à l’est, laissant ainsi un accès. Cet accès est pourvu de quatre grands trous de poteau (portique). Une palissade a été ajoutée sur la façade est de l’enclos. L’espace interne comprend dix bâtiments sur poteaux plantés dont une partie est à module porteur et parois rejetées. Le côté ouest de l’enclos est occupé par une série de fosses d’activité. Sans pouvoir (en l’état des recherches) préciser de quelle fonction il s’agit, notons que ces fosses ont reçu des vidanges de foyers (charbons, cendres et terres rubéfiées) et qu’on y trouve des blocs de quartz (non brûlés) issus d’un tri anthropique.

Vue aérienne de l’enclos. Crédit : Éveha, 2022.

Un puits a été fouillé dans la partie nord-ouest de l’enclos. Profond de 5 m, il présentait des traces d’architecture en matériaux périssables (poteaux et planches) dont seules des traces sédimentaires subsistaient. Ce puits était dépourvu de niveau d’occupation (curage ?), mais a fourni un lot conséquent de torchis avec des traces de clayonnage. L’étude de ces éléments illustrera les méthodes de construction des bâtiments pour la période gauloise.

Fouille du puits laténien par l’équipe de fouille en milieu confiné d’Éveha. Crédit : Éveha, 2022.

L’essentiel du mobilier de ce secteur a été découvert dans le comblement du fossé d’enclos. Il permet de situer cette occupation (à ce stade des études) de 200 avant notre ère jusqu’à la conquête césarienne. Les éléments découverts sont en position détritique : vaisselle du quotidien, quelques fragments d’amphores, des pierres à affûter, une meule rotative, plusieurs meules dormantes avec leurs molettes et un fragment de perle en verre. Ainsi, cette occupation semble correspondre à un lieu de vie et/ou un lieu d’activité artisanale pour la fin de l’âge du Fer (La Tène finale).

Fragment d’une perle en verre découvert dans le comblement du fossé d’enclos. Crédit : Éveha, 2022.

Une exploitation d’or à l’époque gauloise ?

Sur une zone de forte déclivité, à proximité immédiate de l’enclos, se trouve un ensemble de minières. Ainsi, sur l’emprise de fouille, 22 creusements correspondent à de la prospection et trois autres sont de grandes exploitations atteignant jusqu’à 45 m de longueur. Les miroirs de failles ont été recherchés ; ce sont des contextes géologiques exploités durant la période gauloise pour l’extraction de l’or. De nombreuses mines d’or sont connues en Limousin pour la période gauloise. Des études chimiques sont en cours pour tenter de savoir quel matériau était exploité dans les minières du Génétie. Aussi, des datations radiocarbones seront réalisées pour connaître leur période de rattachement.

Les recherches se poursuivent désormais en laboratoire où les études spécialisées, les datations ainsi que la reprise des données de terrain permettront d’affiner notre compréhension de ce site et ainsi enrichir nos connaissances sur l’occupation de ce secteur du Limousin durant la Protohistoire.