LA VILLENEUVE-AU-CHÂTELOT (10) – Les Prés Bidault, Les Montilliers, zone sud

L’opération archéologique de La Villeneuve-au-Châtelot, « Les Prés Bidault, Les Montilliers » zone sud a été menée entre juillet et octobre 2022 par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Mathilde Petit sur une surface totale de plus de 3 ha. Les recherches ont permis de mettre au jour plusieurs occupations allant de la Protohistoire à l’Antiquité.

Fig. 1 : Vue générale du site après décapage (cliché drone). Crédit : Éveha, 2022.

L’opération a été rendue nécessaire par l’extension, par la société Eqiom, d’une gravière sur la commune de La Villeneuve-au-Châtelot, dans un secteur faisant l’objet de nombreuses explorations archéologiques. Cette commune se situe au cœur de la formation géologique du Bassin Parisien, au sein du plateau crayeux champenois composé de formations du Crétacé supérieur. Les parcelles concernées sont localisées au sud du bourg de la Villeneuve-au-Châtelot, connue comme ancienne agglomération secondaire antique.

Mise à jour de plusieurs occupations

Cette opération a permis de mettre au jour plusieurs occupations. Ainsi, une série de fosses anciennes au comblement induré ont été découvertes (Fig.2). Certaines d’entre elles ont été retrouvées sous des fosses d’extraction plus récentes. Les profils sont variés tout comme les comblements et leurs dimensions. Aucun mobilier n’ayant été mis au jour, une série de prélèvements a été réalisé. On soulignera également qu’aucune répartition particulière ne se dégage de ces fosses, bien qu’elles soient essentiellement concentrées en bordure sud de l’emprise.

Fig. 2 : Cliché de la coupe sud-nord de la fosse 925. Crédit : Éveha, 2022.

Une occupation protohistorique

Des traces d’occupation datant de la Protohistoire ont été identifiées. On retrouve ainsi une nappe de mobilier observée dès le décapage dans la partie nord-est du site de 20 à 30 cm d’épaisseur qui contenait de nombreux restes, essentiellement du mobilier céramique, de la faune ainsi que quelques objets métalliques dont une pointe de flèche et une pointe de lance en bronze (Fig.3). Quelques structures sont installées sur et sous ce niveau anthropisé.

Fig. 3 : Vue d’ensemble de la nappe de mobilier (cliché drone). Crédit : Éveha, 2022.

Des bâtiments sur poteaux

Une vingtaine de bâtiments sur poteaux ont été mis au jour allant de quatre à douze poteaux se répartissant sur l’ensemble du site (Fig.4). De nombreuses fosses (silos et puisards) ont également été identifiées essentiellement au sommet de la montille sableuse.

Fig. 4 : Vue zénithale d’un bâtiment sur quatre poteaux (cliché drone). Crédit : Éveha, 2022.

Une occupation antique

Une occupation antique est attestée sous la forme d’un vaste ensemble de fosses d’extraction installées sur toute la partie ouest de l’emprise. Ces fosses ont des formes et des profondeurs variées. Leur fouille a livré du mobilier dont de la céramique, de la tuile ainsi que des restes de faune (essentiellement des restes d’équidés). Déposée au fond de l’une d’elles (St 331), une céramique contenant les ossements d’un nourrisson a été retrouvée (Fig.5).

Fig. 5 : Vue en plan de la céramique contenant les restes d’un nourrisson. Crédit : Éveha, 2022.

Un ensemble de cinq fossés suivant la même orientation nord-est – sud-ouest a été identifié dans la partie nord-ouest de l’emprise. Ils pourraient correspondre à la continuité du chemin repéré lors du diagnostic dans la parcelle au nord de celle fouillée cette année. Toutefois, dans le cas présent les fossés présentaient des largeurs et des profils très variés (Fig.6). Ils ont livré du mobilier antique et de périodes plus récentes (médiévale/moderne), invitant à penser que ce secteur a été anthropisé sur une longue période. 

Fig. 6 : Vue d’ensemble des fossés au nord-ouest de l’emprise et des fosses d’extraction (cliché drone). Crédit : Éveha, 2022.

Des noues contenant du mobilier de l’âge du Fer

Enfin, deux noues ont été repérées, l’une en bordure nord et l’autre dans l’angle sud-est de l’emprise. Plusieurs sondages mécaniques ont été réalisés, permettant de mettre en évidence la présence de niveaux d’argiles organiques et de tourbes d’épaisseur significative. Une série de prélèvements a été réalisée en rails, à la sonde russe et à l’aide d’une carotteuse à percussion. Un niveau de sables, graviers et limons argileux sous le niveau de tourbe de la noue a livré du mobilier, céramique et faune principalement, daté à priori de l’Âge du Fer en grande quantité. Une planche en bois a également été retrouvée dans le niveau tourbeux.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.