VIEILLE-TOULOUSE (31) – Rue des Tuiliers – Borde Basse

Les fouilles menées sur le site de Vieille-Toulouse, Rue des Tuiliers – Borde Basse ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Anne Filippini dans le cadre du projet de construction d’une maison individuelle. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour les vestiges d’un atelier de potier ainsi que des structures fossoyées (fossés, fosses, trous de poteaux) datés de la fin du second âge du Fer (2e-1er s. av. J.-C.).

Un site de la fin de l’âge du Fer (2e-1er s. av. J.-C.)

Les investigations archéologiques prennent place dans un contexte bien connu puisque des opérations de fouilles ponctuelles notamment depuis les années 1970, puis préventives depuis les années 2000, ont permis de mettre au jour l’oppidum gaulois des Volques Tectosages. La zone concernée par notre opération se situe au sud-est du plateau, en marge de l’occupation principale de l’oppidum. Il s’agit d’une fenêtre d’un peu plus de 6000 m2 dans une zone où les diagnostics avaient montré la présence d’ateliers de potiers (fig. 1).

Les vestiges mis au jour sont des structures datant de la fin de l’âge du Fer, entre la fin du IIe siècle et la fin du Ier siècle avant J.-C.

Fig. 1 : Vue zénithale de l’emprise de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

Les puits

Le site présentait un total de douze puits. Quatre d’entre eux ont été fouillés avec la plateforme dédiée d’Éveha, le choix ayant été été guidé par leur emplacement, leur taille et leur morphologie. Les autres ont fait l’objet d’une fouille jusqu’à 1,30 mètre de profondeur. Pouvant être de plan circulaire ou carré en surface, ils présentaient toujours un plan quadrangulaire en profondeur. Certains présentaient des négatifs de poteaux aux quatre angles, d’autres non. De même, certains possédaient un petit ressaut en descendant, permettant probablement de réduire la surface du puits sur sa longueur. Plusieurs présentaient aussi des encoches positionnées ou non en quinconce, sur deux ou quatre des parois très bien conservées (fig. 2).

Fig. 2 : Exemples de puits en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

Le mobilier mis au jour est en quantité et qualité variables selon les puits. Parmi les quatre puits fouillés avec la plateforme dédiée, deux ont donné un mobilier très riche en céramiques et amphores, dont des vases entiers avec une cordelette autour du col, et contenant aussi des éléments de seau en bois, ou un vase en métal par exemple (fig. 3 et 4). Un troisième puits a livré une très grande quantité de TCA, mobilier quasiment absent des autres puits.

Fig. 3 : Vases à puiser issus d’un puits. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 4 : Douelles de seau en bois décorées d’un placage en alliage cuivreux découvertes dans un puits. Crédit : Éveha, 2022.

Les fours

Les fours constituent la problématique principale de ce site. Treize fours ont été découverts sur l’ensemble de l’emprise de fouille. Un premier regroupement de huit fours se situe dans la partie centrale du site (fig. 5). On a pu y observer des structures de tailles et de morphologies différentes, notamment en ce qui concerne la construction du pilier central, mais également la constitution du laboratoire, reposant sur des rayons d’argile, ou une sole perforée, ou peut-être l’association des deux éléments comme pourrait l’attester la découverte double dans une chambre de chauffe, même en position secondaire. La réalisation de grandes coupes ainsi que d’un carroyage sur une partie de cette zone nous a permis de mettre en avant la chronologie relative de cet ensemble, avec la réutilisation de la chambre de chauffe de certains fours comme fosse de travail pour un autre four, et cela à plusieurs reprises.

Fig. 5 : Zone de concentration de huit fours de potiers. Crédit : Éveha, 2022.

Le mobilier céramique retrouvé sur l’ensemble de cette zone est très homogène. Il est constitué en grande majorité de petites cruches à double goulot ou askoï dont la production, bien standardisée, est placée dans la dernière moitié du Ier siècle avant J.-C. Parmi les fours isolés, le four ST 7 est le plus imposant, creusé dans la marne et donc particulièrement bien visible, avec une chambre de chauffe quasiment circulaire très bien conservée et une fosse de travail quadrangulaire (fig. 6). Un autre four isolé se situe en limite d’emprise et appartient à un autre regroupement observé lors du diagnostic sur la parcelle attenante ; il présente également une fosse de travail quadrangulaire mais dans des proportions moindre que l’exemplaire précédemment décrit. Enfin, un regroupement de deux fours a été mis au jour, extrêmement bien conservés, avec leurs alandiers quasiment intacts ; ils utilisaient la même fosse de travail et ont vraisemblablement fonctionné en même temps (fig. 7).

Fig. 6 : Four isolé ST 7. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 7 : Deux fours avec leur fosse de travail commune. Crédit : Éveha, 2022.

À mettre en relation avec les fours de potiers et donc la fabrication de contenants céramique, nous avons mis en évidence un petit ensemble de structures constitué d’un fossé relativement étroit, disposé dans le sens de la pente, et sur lequel s’insèrent plusieurs fosses dont une plus grande en bas de pente (fig. 8). Ce petit ensemble pourrait bien être un fossé de lévigation, permettant de trier l’argile afin de recueillir en bas de pente les particules les plus fines, constituant donc la matière première pour la fabrication des vases à cuire par la suite dans les fours voisins.

Fig. 8 : Le possible fossé de lévigation. Crédit : Éveha, 2022.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.