MACOURIA (973) – Nouveau Pont du Larivot

Les fouilles menées sur la commune de Macouria, en rive gauche de la rivière de Cayenne, au niveau du pont du Larivot ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Guillaume Seguin. Réalisées dans le cadre du projet d’aménagement du Nouveau Pont du Larivot par la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM), les investigations ont permis de mettre au jour deux occupations archéologiques principales datées des 10e-14e siècles et du 18e siècle.

Le site fouillé, en bordure de rivière, se positionne sur une une légère hauteur ceinturée de mangrove et jadis de savane inondée. La fouille a porté sur une superficie avoisinant 12 000 m² (Fig. 1).

Fig. 1 : Vue aérienne du site du Nouveau Pont du Larivot. Crédit : Éveha, 2022.

Un site funéraire amérindien ….

Dans un premier temps, sur cet emplacement privilégié par sa topographie, un site funéraire amérindien a été implanté. Il se caractérise par trois zones de concentrations de fosses sépulcrales. Chacune de ces zones se développe sur une superficie de 20 à 30 m² et regroupe un petit nombre de tombes, généralement entre trois et six (Fig. 2). En l’absence de conservation des restes osseux, le caractère funéraire de ces structures reste incertain mais constitue la principale hypothèse de travail. En effet, ces fosses sont principalement oblongues et permettent l’inhumation d’un corps en position allongée. Leur comblement livre de grandes quantités de mobilier céramique (plus de 140 kg exhumés au cours de l’opération). Ce mobilier céramique n’a pas été jeté pelle-mêle dans les fosses mais a été déposé de manière organisée. Ces dépôts agencés témoignent de gestes maîtrisés et répétitifs relevant de la dimension rituelle (Fig. 3 et 4). L’étude du mobilier céramique, engagé directement à la sortie de la fouille, a permis de rattacher ce mobilier au complexe chrono-culturel Thémire. Ce dernier, initialement défini sur l’Île de Cayenne, se rapporterait principalement aux 10e – 14e siècles. Une série de datations radiocarbones devrait permettre de préciser cette attribution chronologique.

Fig. 2 : Espace funéraire amérindien en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 3 : Fosse funéraire amérindienne en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 4 : Fosse funéraire amérindienne en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

Un corral à bestiaux ?

La seconde occupation du site se matérialise par l’implantation de plusieurs bâtiments (au moins 6), vraisemblablement dans le courant du 18e siècle. Ces derniers sont de plan rectangulaire et comportent chacun plusieurs dizaines de trous de poteau (Fig. 5). En périphérie de ces bâtiments plusieurs fosses dépotoirs et des latrines ont été localisées et fouillées. Outre du mobilier céramique colonial, elles ont livré des fragments de briques, des bouteilles en verre, des perles en verre, quelques objets métalliques (hache, clous,…), des pierres à fusil en silex, une balle de mousquet, des fragments de pipes en céramique… (Fig. 6). Dans la partie centrale du site, la présence d’un grand enclos palissadé a été mise en évidence. La nature des aménagements associés à cet enclos s’accordent avec l’hypothèse d’un corral (endroit où l’on parque les animaux) à bestiaux.

Fig. 5 : Bâtiment colonial monté sur poteaux. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 6 : Mobilier colonial. Crédit : Éveha, 2022.

Enfin, cette opération a occasionné la réalisation d’une étude géomorphologique sous la forme de sondages géologiques profonds. En effet, en raison de son emplacement, la partie basse du site a connu une évolution complexe au cours des âges : accroissement et régression de la mangrove, développement d’un cordon dunaire et d’une paléoplage (« ancienne plage »), retour de la mangrove… Cette étude géomorphologique devrait permettre de mieux cerner l’évolution de l’environnement dans lequel ces différentes occupations humaines ont pris place.

Les études du mobilier ainsi que celles des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.