TROYES (10) – 17-19 rue de Beauregard

Les fouilles menées au 17-19 rue de Beauregard à Troyes (10) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Nicolas Yildiz. Menées dans le cadre d’un projet de lotissement de Troyes Aube Habitat, les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une petite aire d’ensilage de la fin du Premier âge du Fer et des vestiges contemporains témoignant d’activités agricoles et industrielles sur le site.

Fig. 1 : Vue aérienne du site. Crédit : Éveha, 2022.

Le Premier âge du Fer (Hallstatt)

L’aire d’ensilage est composée de trois silos localisés en bordure septentrionale de l’emprise, en limite d’un espace caractérisé comme un vallon anthropisé au plus tôt à partir de l’époque moderne. Cette découverte est inédite dans la plaine alluviale de Troyes dans la mesure où les vestiges hallstattiens ont surtout été observé dans les zones humides du nord de la ville. L’occupation se poursuivait certainement à l’ouest et au nord, en dehors de la prescription de fouille. Aucune autre structure enregistrée sur le site ne peut être associée aux silos.
Ils se présentent sous la forme d’un plan circulaire d’un diamètre de 1 m à 1,60 m d’ouverture et d’un profil tronconique à fond plat (Fig. 2). Ils sont bien conservés sur 1,30 m à 1,70 m de profondeur malgré leur dégradation par des vestiges contemporains tels que des murs de clôture ou des fondations en béton. Le remplissage des silos correspond à leur fonction secondaire de dépotoir. On ne retrouve aucune trace de chemisage ou d’assainissement. Aucun mobilier ne permet de préciser la chronologie. L’attribution au Hallstatt D (-600 à -400 av. notre ère) repose sur une datation par radiocarbone réalisée sur un charbon de bois retrouvé dans le comblement initial d’un silo.

Fig. 2 : Vue en coupe d’un silo. Crédit : Éveha, 2022.
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Les différentes études et analyses en cours permettront de préciser la chronologie et le rôle de cette batterie de silos dans l’économie agricole du site à la Protohistoire. Elles compléteront aussi nos connaissances de l’histoire du site de Troyes aux âges des métaux en s’insérant dans le maillage plus large des occupations déjà mises au jour dans l’agglomération (PCR de la Plaine de Troyes).

L’époque contemporaine

Après un hiatus de plusieurs siècles, le site est à nouveau occupé à partir de l’époque contemporaine. Les installations domestiques cohabitent avec les activités industrielles qui se développent à partir du XIXe siècle. Elles se poursuivront jusqu’au début des années 2000.

Les fosses d’extraction de matière première, les fosses de plantation qui laissent penser à des traces de marcottages (culture de la vigne ?) et la mise en culture du vallon localisé à l’est de l’emprise montrent que le site a continué d’être exploité comme terres agricoles jusque dans les années 1970 (Fig. 3). Une citerne et un puits rappellent la présence d’une habitation et d’un jardin avant l’existence des hangars de l’usine Celatose construits en juin 1977 (Fig. 4).

Fig. 3 : Vue en coupe du vallon (US. 1004 et US. 1007). Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 4 : Vue en coupe de la citerne F01. Crédit : Éveha, 2022.

Témoins du passé industriel de la ville, les fondations en béton et les réseaux souterrains viennent s’installer directement sur le substrat, au même niveau que les vestiges de l’âge du Fer. L’intervention archéologique révèle ainsi un secteur peu perturbé ou réinvesti par les occupations humaines et permet d’envisager une bonne conservation des occupations anciennes dans ce secteur de la ville.