DONNEMAIN (28) – La Bruyère Ouest

Les fouilles menées sur le site de La Buyère Ouest à Châteaudun (28) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Cyrille Ben Kaddour. Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension de la ZAC par la Communauté de Communes du Grand Châteaudun. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges d’habitat rural datant de l’Âge du Fer et de la période gallo-romaine.

Décapé sur près de 1,3 hectares, le site a livré près de 530 structures en creux apparaissant directement sous la terre végétale dans différents types de substrat (argile à silex, grave silex, limon de plateaux, marne calcaire).

Fig 1 : Plan des vestiges. Crédit : Éveha, 2023.

Les premiers indices d’occupation

Les traces d’occupation les plus anciennes remonteraient au Hallstatt ou à la Tène ancienne (env. -800 à -250 av.J.-C.). Il s’agit essentiellement de grandes fosses peu profondes, de nappes peu épaisses et d’un seul silo avéré, comportant des éléments céramique et de terre à bâtir rubéfiée (plaques foyères ?). Ces structures sont éparses, et localisées dans la moitié ouest de l’emprise de fouille.

Du mobilier céramique du premier (env. -800 à -450 av. J.-C.) ou du second âge du Fer (env. -450 à 25 av. J.C.) a également été prélevé dans des fossés matérialisant probablement un double enclos. Ce mobilier est probablement résiduel, dans la mesure où l’espace enclos contient de nombreuses structures gallo-romaines.

Les vestiges gallo-romains

L’occupation antique (villa ou simple ferme ?) se développe hors emprise, notamment vers le sud (sous la déchetterie actuelle, dont la construction n’a pas donné lieu à des investigations d’archéologie préventive). Elle est constituée de nombreux trous de poteaux (dont au moins neuf ensembles permettent de restituer des bâtiments rectangulaires) et de deux bâtiments sur fondations en pierre.

Le premier correspond à une grange dont le type est récurrent dans les campagnes de Gaule, notamment en Beauce (édifices parfois qualifiés de « bâtiments standardisés »). Il s’agit d’un grand bâtiment carré de 215 m² refendu au quart de sa longueur. La partie au sud est découpée en 3 espaces de même largeur, constituant un porche flanqué de deux pavillons. Les maçonneries, assez frustes (blocs de silex liés par un mortier de chaux) ont été presque entièrement récupérées. La présence de trous de poteaux, à l’intérieur de l’emprise de la grange (et dont certains recoupent les fondations et les tranchées de récupération), laisse suggérer plusieurs états d’occupation du bâtiment ou de son espace.

Fig 2 : Bâtiment gallo-romain type grange. Crédit : Éveha, 2023.

À une quarantaine de mètres à l’ouest, se trouve un second bâtiment sur fondation en pierre, mais selon une orientation quelque peu décalée. De même longueur mais d’une largeur moindre – ses dimensions concordant presque exactement avec la grande pièce du premier bâtiment -, il est bâti sur des tranchées de fondations dans lesquelles ont été disposés, sans soin particulier, des blocs de silex et de grès de différents calibres. On restitue une élévation en terre et bois sur ce type de fondation.

Une structure excavée d’environ 8 m², associée à cette occupation antique, correspond à un cellier. Il comporte deux états d’utilisation : le second, après comblement partiel, voit ainsi son espace réduit de moitié avec l’installation de deux murs constitués de gros blocs assisés sommairement et liés à la terre, avec un fin enduit de chaux en façade.

Quelques fosses dépotoirs, deux fosses profondes et cylindriques (de type puisard) et de rares foyers mal conservés complètent l’équipement de cet établissement antique.

Fig 3: Cellier. Crédit : Éveha, 2023.

Le mobilier associé à cette occupation antique est particulièrement indigent : céramiques peu nombreuses et généralement très fragmentées, rares restes métalliques, une seule monnaie en alliage cuivreux, une meule en pierre et quelques restes de scories, ce qui sera probablement un frein à un phasage fin des différentes structures. Par ailleurs, au moins deux fosses ont livré du mobilier alto-médiéval, signe de la fréquentation des lieux après l’Antiquité.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.