GRADIGNAN (33) – 90-92 avenue de la Poterie

L’intervention menée sur le site du 90-92 avenue de la Poterie à Gradignan a été réalisée par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Guillaume Demeure dans le cadre du projet de restauration et de mise en valeur d’un four bouteille par la ville de Gradignan. Elle comportait une phase de suivi archéologique sur des tranchées de réseaux, accompagnée d’une étude architecturale des élévations touchées par le projet.

Bref historique

Sur le cadastre Napoléonien, le site de la Poterie dite « La Pointe » apparaît vierge de toute construction : ce n’est qu’en 1854 qu’un acte notarié mentionne la poterie pour la première fois. Celle-ci restera active jusqu’en 1955, date à laquelle les bâtiments sont largement laissés à l’abandon jusqu’au rachat de l’ensemble par la ville en 1982.

La poterie a compté jusqu’à trois fours bouteilles destinés à la cuisson de pots à résine, de pots à fleurs, d’objets en grès et d’ustensiles de cuisine en faïence vernissée brune ou à glaçure blanche ou bleue. Un quatrième four plus simple servait à la cuisson de tuiles.

Actuellement, il ne subsiste qu’un bâtiment abritant l’un des fours bouteille, tandis qu’un autre four bouteille se trouve à l’air libre. Les investigations ont permis l’analyse des façades nord, est et ouest du bâtiment et de l’intégralité des élévations du second four.

Le bâtiment

Le bâtiment conservé semble le plus ancien de la poterie (bâtiment A, Fig. 1). Il est construit en briques et moellons et forme un parallélépipède de 12 m de côté sur deux niveaux. Le bâtiment porte des traces d’accroches de murs et de toitures se rattachant à diverses constructions périphériques disparues. Quelques vestiges de fondations de ces dernières ont aussi été observés au sein des tranchées et des sondages suivis archéologiquement. Ce travail a également permis le recueil d’un petit ensemble de tessons de céramique pouvant correspondre aux productions du lieu. De même, quelques éléments d’enfournement ont été retrouvés. L’intégralité du mobilier provient de niveaux de remblais de démolition postérieurs à l’abandon du site.


Fig. 1  : le bâtiment A. Crédit : Éveha, 2023.

Le four bouteille

De son côté, le four bouteille extérieur est conservé sur toute son élévation même si son état sanitaire est préoccupant avec un lessivage avancé des joints et de nombreux désordres de maçonnerie occasionnés par une végétation envahissante (Fig. 2). Il s’agit d’une construction de 11 m de haut pour 5,30 m de diamètre au maximum. En partie basse, quatre alandiers permettaient l’alimentation en combustible sous une première chambre de cuisson. L’enfournement des pièces se faisait par une haute porte côté sud. Au-dessus, et après un fort rétrécissement de la structure, se trouve une seconde chambre de cuisson munie d’un accès côté ouest. Une cheminée complète la structure. Les parois intérieures des chambres sont très largement vitrifiées.


Fig.  2  : vue photogrammétrique du four-bouteille côté est. Crédit : Éveha, 2023.

L’ensemble est construit principalement en briques mais quelques éléments en molasse sont également présents. Plusieurs reprises de maçonnerie indiquent l’usure et la réfection de certaines parties du four. Les divers types et modules de briques identifiés témoignent de ces travaux. Par ailleurs, le sol de carreaux de céramique fonctionnant initialement avec le four a été repéré dans deux sondages (Fig. 3) à environ 20 cm sous le niveau de circulation actuel.


Fig.  3  : le sol fonctionnant avec le four visible au fond du sondage. Crédit : Éveha, 2023.

En conclusion…

Le complément de recherche documentaire à venir, l’analyse des relevés photogrammétriques et les études de mobilier permettront d’affiner nos connaissances sur l’histoire de cette poterie contemporaine. En outre, des comparaisons pourront être menées avec d’autres fours bouteilles connus dans la région (Limoges).