LA VILLENEUVE-AU-CHATELOT (10) – Les Prés Bidault, Les Montilliers, zone nord

L’opération archéologique de La Villeneuve-au-Châtelot, « Les Prés Bidault, Les Montilliers » zone nord a été menée en 2023 par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Mathilde Petit. Cette intervention fait suite à celle menée en 2022 sur la zone sud, portant la fenêtre de fouille totale à 10 hectares. L’opération a été rendue nécessaire par l’extension d’une gravière dans la vallée de la Seine par la société Eqiom. Cette opération a permis de mettre au jour sur une zone de fouille de près de 7 hectares, 1700 structures archéologiques, datées entre le Mésolithique et le Moyen Âge.

Vue générale du site après décapage. Crédit : Éveha 2023.

Une présence humaine attestée dès le Mésolithique

L’occupation la plus ancienne découverte sur le site consiste en une série de fosses dites « mésolithiques » au comblement induré. Les profils sont variés, tout comme les comblements et leurs dimensions. Aucune répartition particulière ne se dégage de ces fosses, bien qu’elles soient essentiellement concentrées en bordure est de l’emprise.

Fosse mésolithique. Crédit : Éveha 2023.

Une installation principalement protohistorique

La majeure partie des vestiges mis au jour illustrent principalement une occupation protohistorique dont la chronologie reste large puisqu’elle court de l’âge du Bronze jusqu’à l’âge du Fer (La Tène).

L’âge du bronze

Une série de fosses implantées dans la dépression située au centre de l’emprise ont livré de la céramique attribuée à l’âge du Bronze.

Céramique entière datée de l’âge du bronze. Crédit : Éveha 2023.
L’âge du fer

Plusieurs structures d’extraction ont été mises au jour. De plan complexe, elles sont formées de creusements multiples et successifs et sont généralement considérées comme des espaces d’extraction de matériaux bruts (limon) en lien avec l’architecture en bois pour la réalisation des parois ou encore des sols. Les rejets détritiques mis au jour dans ces structures témoignent de leur réutilisation comme fosse-dépotoir dans un second temps. L’une d’elle a livré un dévidoir entier en terre cuite. Ce type d’objet se retrouve principalement dans des contextes datés de la fin du premier âge du Fer et il permet de renseigner sur la pratique de l’artisanat textile sur le site.
On retrouve d’autre part, tout particulièrement dans la moitié sud et est du site, de nombreux bâtiments sur poteaux de type grenier (de quatre à six poteaux). Les creusements ont livré très peu de mobilier datant dans leur comblement.
On notera la présence d’un bâtiment à pans coupés au centre de l’emprise. Son module principal de forme rectangulaire repose sur sept poteaux et les absides sur trois poteaux. On retrouve également deux poteaux centraux. Ce type de bâtiment est généralement rattaché au deuxième âge du Fer (La Tène).

Vue zénithale du bâtiment en abside de l’âge du Fer. Crédit : Éveha 2023.
Une nécropole datée de la Tène

L’occupation de l’âge du Fer est également marquée par la présence d’une nécropole située au nord-ouest de l’emprise. Elle se compose de quatre enclos fossoyés quadrangulaires implantés sur une montille sableuse ainsi que de onze inhumations et d’une crémation. Les enclos sont de dimensions très variables, mais le mobilier mis au jour tend à dater l’ensemble de La Tène.

Un enclos circulaire de 16 m de diamètre a en outre été mis au jour dans la partie est de l’emprise. Il n’est associé a aucun vestige funéraire.

Vue aérienne des enclos funéraires laténiens. Crédit : Éveha 2023.
Sépulture laténienne. Crédit : Éveha 2023.

Des occupations plus récentes, de l’Antiquité au Moyen Âge

La période antique est largement attestée par la présence de voies de circulation. Un axe principal a été identifié : il est formé de deux fossés parallèles distants d’environ 12,5 m, parfois doublés à certains endroits, et orientés selon un axe nord-est/sud-ouest. Deux autres chemins constitués de fossés bordiers distants en moyenne de 3,5 m, apparaissent perpendiculaires à la voie principale. Quelques bâtiments sur poteaux peuvent être rattachés à cette période au regard de la céramique découverte dans les comblements des creusements. Ces trous de poteau ont pour particularité de disposer systématiquement d’un système de calage en terres cuites architecturales et/ou en grès. Un puits, découvert au centre de l’emprise, au comblement constitué de blocs de grès, est vraisemblablement associé à cette période.

Enfin, plusieurs fossés dans la moitié ouest de l’emprise semblent renvoyer à une occupation médiévale. Ils complètent les données issues de la fouille réalisée en bordure de berme ouest, à l’emplacement du tracé du Gazoduc arc de Dierrey (Stark 2014) qui a mis en évidence la présence d’une ferme fossoyée médiévale (XIIe-XIVe siècles).

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site. Les découvertes sont également à mettre en perspective avec l’ensemble des fouilles réalisées dans le secteur.