Les fouilles menées à Choisy-au-Bac, rue du Général Leclerc (60) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Audrey Jezuita et d’Anissa Mouaddib. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement d’un lotissement à l’initiative de la société Clésence. La prescription archéologique avait été motivée par la découverte d’une nécropole mérovingienne à l’occasion d’un diagnostic réalisé en 2021 par l’Inrap. À cette problématique initiale de recherche, les fouilles ont permis d’ajouter les découvertes de vestiges fossoyés, d’une voirie et de structures excavées gallo-romaines ainsi que de nombreuses structures modernes et contemporaines.
Un contexte archéologique riche
Choisy-au-Bac a fait l’objet d’une surveillance archéologique constante en raison de sa position particulière à la confluence de l’Aisne et de l’Oise. Cette position stratégique a notamment permis de livrer de nombreux sites s’échelonnant du Mésolithique à l’époque gallo-romaine. Malgré tout, avant les fouilles menées rue du Général Leclerc, le cœur de la commune restait nettement moins documenté, malgré une richesse historique indéniable. Démarrée en juin 2023, la fouille a donc permis de sonder 2 020 m² au sein desquels sont apparus les vestiges d’une nécropole mérovingienne densément occupée, mais dont les limites n’ont pu être totalement perçues. L’opération archéologique a donc permis d’explorer plusieurs axes de recherches autour de cet espace funéraire : organisation de la nécropole, comptabilisation des sépultures, détermination de la typo-chronologie des tombes et du mobilier, caractérisation du type de population inhumée, etc.
La nécropole mérovingienne
La fouille a ainsi permis de mettre au jour un vaste espace funéraire composé de près de 500 structures (336 sépultures, 116 sarcophages et 36 réductions) organisées en rangées plus ou moins régulières selon un axe nord-ouest / sud-est. Malgré tout, quelques variations dans les orientations des sépultures ont été mises en évidences, avec l’existence d’espaces vides et la présence de plusieurs concentrations de tombes (Fig.1). Une des caractéristiques de la nécropole de Choisy-au-Bac est la présence d’un grand nombre de sarcophages alignés ou regroupés en petits noyaux de 3 à 4 sarcophages.
Des fosses sépulcrales de formes quadrangulaire ou oblongue ont également été découvertes (Fig. 2). Les individus étaient placés dans des cercueils dont certains étaient cloués ainsi que dans des coffrages en bois calés majoritairement par des blocs en calcaire. La forme et le type de sarcophages étaient également très diversifiés. Rectangulaires, trapézoïdals, en monobloc, bipartites ou tripartites, ceux-ci se présentaient tous sans finitions apparentes avec un simple lissage externes. Ainsi sur les 116 sarcophages découverts, seul un graffito (inscription) et un décor géométrique ont pu être observés (Fig. 3).
Les individus inhumés se présentaient en décubitus dorsal (sur le dos) avec une majorité présentant les bras allongés le long du corps (Fig.4). Les observations taphonomiques (l’observation des processus naturels ou anthropiques influençant la préservation ou la modification des restes biologiques) ont permis de révéler la présence de vêtements dans la plupart des tombes et plus rarement la présence de chaussures, de voiles et de linceuls. Les indices ostéologiques (traces, marques ou caractéristiques particulières observées sur les ossements) ne montrent aucune sélection dans la population inhumée. On y retrouve ainsi des hommes, des femmes et des enfants sans distinction. Aucun regroupement par âge et par sexe n’a été observé.
Le mobilier archéologique
Les artéfacts découverts lors de la fouille ont été récupéré aussi bien dans les sépultures que dans les sarcophages. Ils étaient composés à la fois d’éléments vestimentaires, de parures, de tabletterie mais également de contenants en céramique (Fig. 5). Les premières observations typologiques orientent donc vers une datation globalement située entre la fin du Ve siècle et le milieu du VIIIe siècle. Des datations au radiocarbone sur les ossements viendront affiner la chronologie de la nécropole afin de pallier le manque d’éléments datants notamment dû au pillage de nombreuses tombes. En effet, des traces de ces pillages ont pu être observées aussi bien dans les sarcophages (Fig.6) que dans les sépultures. Elles se manifestaient à la fois par des déplacements ou des perforations du couvercle et des perturbations des individus .
L’apport de la post-fouille
Une étude des archives locales pourrait étayer les hypothèses actuellement proposer concernant le choix de l’implantation de cette nécropole. Existait-il un palais royal mérovingien à proximité (palatium regio) ou une église primitive antérieure à la fondation de l’Abbaye Saint-Étienne, localisée à 50 m à l’est de la parcelle fouillée ? Les études du mobilier et l’analyse des données acquises sur le terrain se poursuivent actuellement. Elles permettront certainement d’apporter des réponses et d’affiner nos connaissances de cette nécropole datée du haut Moyen Âge.