Les fouilles menées sur le site de Grisy-sur-Seine (77) Les Six Arpents – Les Échertis (secteur F) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Laurence Le Clézio, entre août et décembre 2023 dans le cadre de l’exploitation de carrières de granulat par l’entreprise A2C. Pour ce secteur F de 3,5 ha, première partie d’une prescription de plus de 10 ha, les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour, une zone agricole et artisanale d’un habitat enclos aristocratique, occupé durant le second âge du Fer (460 – 27 avant notre ère).
Un vaste établissement aristocratique gaulois
L’occupation du site se développe dans un contexte sénon bien documenté archéologiquement au niveau local. Lié au peuple gaulois ayant laissé son nom à la ville de Sens, le territoire des sénons est localisé à cheval sur les régions actuelles d’Île-de-France, de Bourgogne et du Centre. Doté à première vue d’un plan trapézoïdal et d’un partitionnement en deux cours assez classique, cet établissement se distingue des occurrences locales et même régionales par ses dimensions hors normes, laissant présager une surface totale enclose de plus de 6 ha. Lors du diagnostic, des recoupements de fossés et un tracé irrégulier laissaient supposer qu’un premier enclos, plus petit, ait été aménagé au cours d’une première phase d’occupation des lieux. Ce premier enclos aurait été intégré, durant La Tène finale (150 – 27 avant notre ère), au sein d’un nouvel enclos plus vaste.
Suite aux données récoltées lors du diagnostic archéologique, la moitié nord de l’occupation présentait une forte densité de vestiges et de rejets issus des fossés, laissant présager d’un secteur dédié à l’habitat. En comparaison, la partie sud concernée par la présente fouille était moins dense. Elle devait être vouée aux activités agricoles et artisanales en suivant un schéma d’occupation bien connu pour ce type d’établissement. À l’est des deux secteurs précédents, se développait une imposante nécropole de 2,5 ha, constituée d’au moins une quarantaine d’enclos fossoyés. Mise en place à la fin de l’âge du Bronze (env. 800 avant notre ère), elle devait être encore en fonction au cours du second âge du Fer (460 – 27 avant notre ère).
Première fouille, première étape…
La première session de fouille du secteur F s’est concentrée au sud de l’enclos d’habitat, dans une zone a priori vouée aux activités économiques, agricoles et artisanales en lien avec la partie résidentielle de l’établissement. Les fossés d’enclos larges d’environ 3 m et profonds d’environ 1 m, représentaient sur cette emprise, 420 m linéaires cumulés, offrant également un système d’ouverture de 70 m de large en partie méridionale. Entièrement fouillés par tronçons de 2 m, ils renfermaient du mobilier archéologique en position de rejet, avec des concentrations plus ou moins représentatives des vestiges situés à proximité. Les structures positionnées à l’intérieur de cet enclos étaient essentiellement situées en bordures internes des fossés. Elles étaient regroupées en plusieurs pôles distincts, proposant des organisations assez similaires pouvant cependant refléter des temporalités ou des activités distinctes. Les structures en creux composant ses pôles étaient variées avec un ou plusieurs petits bâtiments sur poteaux plantés et des fosses aux formes et aux dimensions diverses. Pour une grande majorité, leurs comblements étaient constitués de rejets charbonneux et de mobiliers domestiques en grande quantité (fragments de céramique, restes alimentaires, petits outillages en fer et en alliages cuivreux, parures, etc.) reflétant ainsi la vie quotidienne des occupants de cet établissement au cours de La Tène finale et certainement du début de l’Antiquité.
Prochaines étapes…
La fouille de ce secteur n’est que la première étape d’une opération archéologique de grande envergure menée sur le long terme. Ainsi, le recoupement des données déjà acquises au niveau du secteur F et celles qui restent à récolter lors des prochaines campagnes de fouilles permettront certainement de livrer un panorama complet de cette vaste occupation. Il s’agira également d’étudier cet ensemble au regard du territoire de la Ferme d’Isle, déjà largement investi par l’archéologie préventive, et a minima à l’échelle de la Bassée et du territoire Sénon. Les problématiques scientifiques pourront bien évidemment être amenées à évoluer au cours de la post-fouille, par l’apport des études des spécialistes et des nouvelles problématiques rencontrées lors de leurs analyses.