DIJON (21) – 1-3 rue Monge – Hôtel Bouchu d’Esterno

Les fouilles archéologiques, menées sur le site de Dijon (21) – 1-3 rue Monge, Hôtel Bouchu d’Esterno – Les Jardins, ont été réalisées sous la supervision de Florent Tourneau. Elles ont été conduites dans le cadre d’un suivi de travaux porté par la Société Publique Locale Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise. Ces fouilles archéologiques visaient ainsi à poursuivre l’exploration archéologique de cet espace déjà entamée lors de fouilles en 2023 (Éveha). Grâce à ces recherches, des vestiges datés des Époques moderne et contemporaine ont été mis au jour.

L’aménagement du jardin d’agrément du grand hôtel aristocratique

Les vestiges reconnus pour cette période s’échelonnent surtout autour des 17e et 18e s. Ils correspondent essentiellement à des aménagements paysagers en lien avec le jardin de l’hôtel. Ils se présentent comme d’épaisses couches d’apports de terres végétales aux caractéristiques géomorphologiques distinctes. Pour l’heure, deux phases successives se distinguent dans ces remblais de terre végétale, avec par endroit quelques particularités et aménagements localisés (fosses de plantation, chemins et allées). Relativement homogènes, ces couches sont réparties sur l’ensemble de la zone de travaux ce qui suggère un apport massif de matériau qui s’est opéré au cours d’une action de terrassement de grande ampleur, réalisée sans doute en peu de temps.

Fig. 1 : orthophotographie de l’emprise de la zone sud sur fond planimétrique. Crédit : Éveha, 2024

La plus ancienne de ces couches se situe en moyenne à 1,30 m de profondeur et se compose de limons sableux, de couleur gris clair, relativement homogène et très meuble. L’une des particularités de cet horizon est de posséder une texture très fine, friable, avec par endroit, un mélange de sable et de cendre. À plusieurs reprises, des résidus de charbons de bois ont été constatés dans les multiples sondages mécaniques.
Cette couche recèle également un grand nombre de tessons de céramique, des objets métalliques, des fragments de brique et de tuile et de nombreux fragments d’ossements (faune). Parmi le mobilier métallique, on trouve un taux d’objet de parure relativement élevé. L’hétérogénéité des inclusions suggère donc un remaniement et un brassage assez conséquent de la couche.

Le second horizon qui surmonte cette couche présente une physionomie relativement différente. Ce comblement limoneux possède une texture plus compacte et plus sombre que la couche qu’il surmonte. Elle semble davantage chargée en éléments organiques, ce qui lui confère toutes les caractéristiques d’une terre végétale de jardin de qualité.
Cet horizon contient des inclusions de brique, de nombreux tessons de céramique attribuables au 18e siècle, des objets métalliques (éléments de parures vestimentaires) ainsi que des fragments d’os de faune.

L’époque contemporaine : les réhabilitations successives et le réaménagement des jardins de l’hôtel ?

Les 19e et 20e siècles sont très largement représentés en termes de vestiges et d’artéfacts. En effet, compte-tenu là encore de la profondeur de terrassement, ces niveaux ont été rencontrés à de multiples reprises. Ces derniers s’organisent spatialement selon deux zones. La première, au nord, correspond à l’emplacement du jardin d’agrément du 17e – 18e siècle qui a perduré pendant tout le 19e– 20e siècle. À ce titre, une épaisse couche d’argile orangée a été aménagée au niveau de parterres et semble datée des années 1930, au moment où le général du 8e corps d’armée a initié l’important réaménagement du jardin. À la limite de la zone sud, des éléments maçonnés ont été mis en évidence et semblent être en relation avec une ancienne fontaine qui marquait jadis le passage entre le jardin d’agrément et l’espace de circulation de la cour. La seconde zone, au sud, coïncide avec une succession de niveaux de remblais où la terre végétale est beaucoup moins abondante. Manifestement, le jardin ne s’étendait pas dans cet espace.
À cet endroit, de nombreux murs et des aménagements maçonnés ont été repérés (ex : puits, cf Fig. 4, niveaux de circulation pavés). Ces vestiges coïncident avec les anciens bâtiments annexes de l’hôtel, aujourd’hui disparus. Une partie d’entre eux correspondent également aux aménagements de la première moitié du 19e siècle (gymnase et divers petits édicules).

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement en laboratoire. Celles-ci permettront sans aucun doute, d’affiner nos connaissances sur l’évolution de l’urbanisme au sein de la ville de Dijon.

Fig. 2 : orthophotographie des sondages 2, 3 et 4 de la zone sud. Crédit : Éveha, 2024
Fig. 3 : orthophotographie de la coupe du sondage 1. Crédit : Éveha, 2024
Fig. 4 : orthophotographie du sondages 11 au niveau de la zone sud avec les vestiges du puits maçonné. Crédit : Éveha, 2024